2016 est une année charnière pour la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) tant sur le plan de son statut juridique que celui de sa stratégie de placement. Après un solide exercice 2015 qui a confirmé la pérennité du régime, l'heure est aux grandes manoeuvres du côté de la caisse présidée par Khalid Cheddadi. L'un des changements majeurs qui affecte directement la caisse complémentaire du secteur privé découle directement de la loi portant création de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). La loi 64-12 prévoit en effet la modification du statut de la CIMR, qui passe d'une association à but non lucratif à une Société mutuelle de retraite (SMR) soumise au contrôle de la nouvelle Autorité. Interrogé sur l'impact de ce changement sur son activité, le PDG de la CIMR assure que, «cela ne va pas changer grand-chose», que ce soit sur le plan de la gouvernance, du fonctionnement, ou du Conseil d'administration. «En revanche, poursuit-il, il y aura un changement important que nous attendions, qui est celui du contrôle du régime de la CIMR par l'Etat». Auparavant, il y avait un contrôle qui était relativement léger, mais qui n'était pas adossé à une loi précise. Ce contrôle «léger» consistait simplement en une demande d'informations que la CIMR transmettait à la défunte DAPS. Des textes d'application très précis sur ce contrôle doivent encore sortir, précisant les informations à fournir, les contrôles sur place, etc. En attendant, la CIMR dispose de deux ans pour se conformer à ce nouveau statut. Délai qui court depuis la mise en place de l'ACAPS et la désignation de ces instances de gouvernance en avril dernier. «Peu d'intérêt pour la Bourse en 2016» Voilà pour les changements d'ordre institutionnel. Côté stratégie, et plus précisément celle qui concerne la gestion du portefeuille d'actifs, la CIMR opère également un virage important. Il a en effet été décidé une nouvelle répartition cible du portefeuille de la Caisse. Celle-ci va s'alléger sur le marché actions et privilégier davantage les placements en obligations, en infrastructures et en immobiliers (nouveaux projets immobiliers et investissements locatifs principalement). «Nous révisons chaque 3 ans notre allocation stratégique d'actifs en nous basant notamment sur les hypothèses de rendement et de risques de chacun de nos segments d'actifs», précise K. Cheddadi. L'étude réalisée fin 2015 a abouti à une répartition à hauteur de 50% en actions, 40% en obligations, et 10% pour l'immobilier et les infrastructures, sachant que le portefeuille est aujourd'hui composé de 55% en actions et d'un peu moins de 2,5% pour l'immobilier et encore moins pour les investissements en infrastructure (1%). Comment la CIMR compte-t-elle s'y prendre ? En se débarrassant des actions superflues sur le marché ? Non, répond Cheddadi. Selon lui, «si nous nous mettons à vendre des actions, nous allons faire tomber le marché», argumente-t-il. La réallocation se fera progressivement : «Nous allons dorénavant faire converger petit à petit la répartition de notre portefeuille vers l'allocation cible», précise-t-il. C'est ce qui explique que la CIMR, réputée très active sur le marché actions en comparaison avec d'autres investisseurs institutionnel «montrera peu d'intérêt pour la Bourse en 2016». Durant cette année, la Caisse se contentera d'une gestion passive de son portefeuille actions. Plus-values latentes : un «trésor» de 5 Mds de DH Estimées à 5 milliards de DH en valeur marchande, les plus-values latentes sur valeurs mobilières constituent le «trésor de famille» de la CIMR pour reprendre l'expression de son PDG. Mais la réalisation de ces plus-values demeure «quelque chose de sensible» et obéit à une politique définie par le Conseil d'administration de la Caisse. Cette politique vise à réduire au maximum la tentation de réaliser ces plus-values, comme l'explique Cheddadi : «Il faut en prendre soin et ne pas les consommer trop vite. Certaines sociétés peuvent être tentées d'y puiser chaque fois que le résultat d'exploitation laisse à désirer. Nous avons établi une règle stricte pour limiter la marge de manoeuvre de réalisation de ces plus-values». Dans la pratique, la Caisse réalise au maximum 10% de la plus-value latente chaque année, apprend-on auprès de la CIMR. 9,3 années de prestations Au 31 décembre 2015, la CIMR a enregistré un excédent d'exploitation totalisant 4,04 milliards de DH (3,9 milliards de DH en 2014), réparti quasi-équitablement entre excédent technique et résultat financier. Cette somme a entièrement été affectée à la réserve de prévoyance qui passe ainsi de 35,96 milliards de DH à plus de 40 milliards de DH (hausse de 11,2% sur un an). Selon le management, cette réserve représente 9,3 années de prestations (contre 8,7 années au 31 décembre 2014). En termes de recrutement, après une année 2014 marquée par un nombre élevé de radiations, la CIMR a enregistré l'adhésion de 706 nouvelles entreprises au profit de 6.106 affiliés. «Les adhésions sont un peu en retrait ces dernières années du fait de la crise économique qui touche les entreprises», souligne Cheddadi. Le nombre d'actifs cotisants a tout de même progressé de 1,5% par rapport à 2014, dépassant l'hypothèse retenue pour l'élaboration du bilan actuariel annuel, qui fixe l'évolution minimale annuelle du nombre d'actifs à 0,5% pour assurer le maintien de l'équilibre du régime. Au 31 décembre 2015, le nombre de salariés affiliés à la CIMR a progressé de 2,6% environ, atteignant un effectif global de 595.091 personnes.