Comme le 31 mars de chaque année, c'est le rush en matière de communication financière. C'est le dernier jour réglementaire choisi par certains émetteurs pour publier leurs comptes annuels. Mais l'essentiel n'est pas seulement d'être dans les temps pour éviter de s'attirer les foudres de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), mais plutôt de bien communiquer. Et sur ce registre, quand bien même la pratique a connu des évolutions notables, il reste néanmoins beaucoup de points à améliorer. C'est le sens qu'il faut d'ailleurs donner aux recommandations émises le 23 mars courant par l'AMMC. En réalité, le terme «recommandation» semble plutôt être une formule diplomatique : il cache davantage une injonction à peine voilée visant à pousser les émetteurs à communiquer non pas pour se conformer aux dispositions légales et réglementaires, mais pour véritablement informer les actionnaires et l'opinion publique. Décryptons alors quelques recommandations du gendarme du marché ! 1/ Publier les états financiers dans des journaux d'annonces légales en dehors des week-ends et jours fériés, en veillant à la clarté et à la lisibilité de leur contenu et en précisant les coordonnées du responsable de la communication financière. Certains peuvent s'étonner d'une telle recommandation; et pourtant, elle est très bien fondée. Car il n'est pas rare que certaines sociétés cotées présentant des résultats en berne publient leurs comptes le week-end. Et souvent dans un journal arabophone très peu lu. C'est légal certes, mais c'est aussi se moquer des actionnaires. 2/ Publier des commentaires détaillés sur les résultats réalisés. On peut d'ores et déjà faire un renvoi sur une étude réalisée par le gendarme du marché en 2014 et qui présente, entre autres, les conclusions de l'analyse des commentaires de résultats selon la valeur ajoutée apportée à l'utilisateur de l'information. Il en ressort ainsi que 14% des commentaires sont d'un grand intérêt, 70% présentent un intérêt que l'on peut qualifier de moyen et 16% des commentaires ne présentent aucun intérêt, car ils ne contiennent aucune information complémentaire, se limitant à une simple reprise de chiffres à partir des états de synthèse, sans préciser les variations et sans les expliquer. 3/ Tenir des réunions d'information avec les analystes financiers et la presse spécialisée. A cet exercice, les champions sont connus : à quelques rares exceptions près, ce sont toujours les mêmes émetteurs qui s'inscrivent dans cette démarche, qu'ils réalisent de bonnes performances ou non. Pour les autres, c'est «circulez, il n'y à rien à dire» ! D'ailleurs, l'étude en question montre qu'en 2013, 43% des sociétés de la cote ont tenu ce type de réunion contre 50% en 2012. 4/ Diffuser les états financiers sur les sites Internet après publication préalable dans un journal d'annonces légales. Entre les émetteurs qui n'en ont pas, ceux qui en disposent mais dont le contenu se signale par la pauvreté des informations disponibles et ceux qui ne mettent pas à jour leur site, il y a beaucoup de boulot à faire dans ce domaine. Bref, il faut se féliciter que certaines sociétés cotées adoptent les meilleures pratiques en matière de communication financière : elles ne la conçoivent guère comme une contrainte, mais davantage comme un devoir vis-à-vis de tous les actionnaires qui leur ont fait confiance. Pour les autres, il faudrait peut-être, après des années de sensibilisation, que l'AMMC soit moins diplomate en faisant de ses recommandations des obligations légales.