A Paris, la communauté internationale s'est engagée à agir en écolo. A la ville ocre, Marrakech, elle compte concrétiser ces engagements pour une meilleure adaptation aux changements climatiques. L'enjeu est de produire moins de ressources tout en étant compétitif. Un vrai dilemme ! La récente visite de Pierre Gattaz, président du Medef, a été justement une occasion pour les entreprises marocaines et françaises de nouer des partenariats et développer de nouvelles solutions au service du développement durable. Cette thématique a été au coeur de la rencontre Maroc-France, initiée récemment par la CGEM à l'occasion de la visite au Maroc de Pierre Gattaz, président du Mouvement des entreprises de France (Medef). Le but étant de mieux positionner le Maroc en mettant en avant ses atouts dans le domaine des énergies vertes et, par ricochet, attirer les investissements nécessaires pour aider les entreprises marocaines à intégrer les chaînes de valeur de ces métiers. Cette 6ème édition intervient à un moment crucial des relations entre les deux pays (visite de travail du Souverain à Paris) et dénote de leur volonté à améliorer en continu, leurs relations de coopération. Une délégation du Medef, comportant une centaine d'entreprises, dont 80% sont des petites et moyennes entreprises, était présente à cette grand-messe. Des sociétés qui opèrent dans les secteurs de la construction, la logistique, le transport, l'environnement, l'énergie, l'industrie et l'innovation... en plus des entreprises du CAC 40 (36 au total) qui sont déjà implantées au Maroc, étaient présentes pour parler business dans le domaine du développement durable. «Ces dernières, en nouant des partenariats avec les PME marocaines, pourraient créer des écosystèmes d'affaires qui favoriseront à leur tour davantage d'investissements», annonce Pierre Gattaz. 120 rendez-vous B to B étaient d'ailleurs programmés. Des rendez-vous qui ont été couronnés par la conclusion d'une convention entre le président de la Commission énergie, climat et économie verte de la CGEM et le président de la task-force, ville durable de Medef international, et ayant pour objectif de mener une réflexion croisée sur la valorisation de la filière villes durables franco-marocaines et de mener des actions communes en vue de la COP22. Dans le même sillage, P. Gattaz souligne que la COP21 a été certes une étape-clé dans la mobilisation des Etats pour répondre aux défis climatiques avec la conclusion de l'Accord de Paris, mais c'est aussi une opportunité pour les entreprises de se mobiliser et de mettre le défi climatique au centre de leurs stratégies en innovant davantage et en proposant sur le marché des solutions durables. Le Medef a contribué à la réussite de l'Accord de Paris à travers un dialogue constructif et indispensable avec les pays européens, l'administration, la société civile, les ONG, les syndicats... Ce qui a permis au patronat français de faire entendre sa voix sur la conciliation entre l'enjeu climatique et la compétitivité. «Sensibiliser les petites et moyennes entreprises relevant de différents secteurs et territoires (souvent éloignées du développement durable) de prendre conscience de l'enjeu climatique, a été pour nous une priorité», lance P. Gattaz. Pour accompagner cette ambition, des réunions sont programmées trois fois par an pour étudier ensemble les opportunités à saisir et les défis à relever. Les acquis du Maroc En matière de stratégie de développement durable, le Royaume en a fait sienne depuis longue date. Il suffit de recenser les projets y afférents et les moyens aussi bien humains que financiers mobilisés à cet effet pour mieux évaluer sa position dans le secteur de l'énergie. «2015-2016 est une année où les deux pays amis sont au coeur de l'actualité mondiale : COP21 à Paris et COP 22 à Marrakech», annonce à l'occasion, le ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Abdelkader Amara. Que ce soit dans le domaine de l'énergie, de l'eau ou de l'environnement, le Maroc n'a pas lésiné sur les moyens en s'engageant dans de vastes programmes de développement de ces trois secteurs. Ces derniers représentent de réelles opportunités d'investissement, particulièrement pour les entreprises privées nationales et internationales, évaluées pour les 15 années à venir à plus de 40 milliards de dollars pour le secteur de l'énergie, dont les 3⁄4 pour les énergies renouvelables et 30 milliards de dollars pour le secteur de l'eau et des infrastructures hydriques. Cette rencontre a été également une occasion aussi bien pour le ministre de l'Energie, A. Amara, que pour la patronne des patrons, Miriem Bensalah, de rappeler à l'auditoire que le Maroc s'est inscrit depuis fort longtemps dans le développement durable avec la politique des barrages, initiée par Feu Hassan II depuis plus d'un demi-siècle. Porter la part des énergies renouvelables de 42% prévue en 2020 à 52% à l'horizon 2030, comme souligné par le Souverain durant la rencontre sur le climat à Paris, est un message clair que le Maroc avance et avancera à grands pas dans sa transition énergétique. Sans vouloir s'étaler sur les réalisations du Maroc dans le domaine de l'énergie, il est cependant avéré que la conciliation entre la croissance et la protection de l'environnement est aujourd'hui au centre des préoccupations de toutes les sphères de décision. A ce sujet, le Wali de Casablanca, Khalil Safir, rappelle sans ambages qu'un ambitieux plan est en cours pour faire de la capitale économique, une ville intelligente. Un plan qui mobilise toutes les forces vives de la nation et met le citoyen au centre de toutes les décisions. La ville Mohammed VI : Et si on parlait écolo ! L'OCP s'est engagé (depuis février 2011) dans l'édification de la ville verte, prévue à Benguerir, qui sera un pôle urbain obéissant aux exigences du développement durable et sera à l'avant-garde en matière environnementale. La ville verte, modèle en matière de respect des normes écologiques, sera réalisée sur une superficie de 688 ha. Elle comprendra des infrastructures et des équipements socioéconomiques de taille, conformément aux critères techniques, scientifiques et environnementaux les plus répandus à l'échelle internationale. Premier projet de cette nature sur le continent africain, ce futur pôle urbain se construit autour d'une coulée verte s'intégrant au tissu urbain de la ville de Benguerir. Il comprendra en outre une cité sportive, un complexe hospitalier, des ensembles résidentiels, des équipements publics et abritera diverses activités novatrices et créatrices d'emplois donnant à la région une vocation dans les métiers de services et de logistique. Le projet sera réalisé selon un schéma institutionnel garantissant sa pérennité à la faveur de partenariats public-privé, faisant intervenir les collectivités locales, la Fondation Rhamna pour le développement durable, l'OCP et d'autres investisseurs publics et privés. Soubha Es-Siari & Imane Bouhrara