Une forte délégation d'hommes d'affaires conduite par le président du patronat français, Pierre Gattaz, visitera Tanger, Rabat et Casablanca la semaine prochaine. Depuis une quinzaine d'années, la part de marché de la France dans les échanges commerciaux n'a cessé de baisser, d'où la volonté de changer la donne. Pierre Gattaz, président du Medef, conduira jeudi et vendredi prochains une délégation d'hommes d'affaires français qui se déplaceront à Tanger, Casablanca et Rabat. Une belle offensive commerciale qui dépasse les contingences politiques de la crise qui atteint aujourd'hui son paroxysme entre l'UE et le royaume. Mieux encore, cette visite est spéciale dans la mesure où elle ratisse large et exprime une ferme volonté de renforcer la présence économique de l'Hexagone au Maroc, qui n'évolue pas comme escompté. En effet, la part de marché diminue depuis 15 ans, mais point positif pour le Maroc, les importations françaises depuis le royaume ont nettement progressé ces dernières années. Bon point pour l'équilibre de la balance commerciale puisque le taux de couverture avec la France a atteint au premier trimestre 2015, l'incroyable chiffre de 97% contre 80% durant la même période de 2014. Cette tendance vers l'équilibre se constate aussi avec l'Espagne via un taux de couverture de 93%, mais il faut aussi reconnaître que le secteur de l'automobile, qui exporte mieux que les phosphates en est pour beaucoup. Justement, c'est une lame de fond qui caractérise désormais les relations économiques et commerciales entre le Maroc et les pays de l'UE. S'ajoute à cela un facteur nouveau qui consiste en la diversification par le Maroc de ses partenaires commerciaux. Un choix opportun qui arrange bien le royaume en lui ouvrant des issues de secours et des perspectives en cas d'incidents commerciaux comme c'est le cas avec l'UE. Toutefois, cette ouverture économique du pays accule aujourd'hui ses partenaires historiques dont la France à renforcer une présence qui n'est plus structurellement acquise. C'est la raison pour laquelle, la prochaine visite du MEDEF a prévu de couvrir presque tous les secteurs porteurs de potentiels au Maroc. Il s'agit du secteur du transport et de la logistique autour du Port de Tanger Med et de la Tanger Free Zone, des nouveaux métiers mondiaux du Maroc (filière automobile notamment) avec les équipes de Renault à Tanger. Un grand forum dédié à la COP 22 Le développement durable s'invite aussi fortement à la grand-messe avec un focus sur les infrastructures et les énergies renouvelables. Dans ce sillage, la COP22, que le Maroc abritera en novembre 2016 à Marrakech, sera le sujet central d'un grand forum organisé avec la CGEM à Casablanca le jeudi 10 mars. Cet intérêt écologique s'inscrit dans la continuité de la COP21 tenue à Paris et dont les recommandations seront mises à l'épreuve lors de la conférence de Marrakech. Au menu de cette visite du MEDEF figure des rencontres institutionnelles à Rabat avec le chef du gouvernement et les ministres concernés. La formation n'est pas en reste avec un échange prévu avec les étudiants et instituts de formation au Maroc. Enfin, le numérique, l'innovation et l'e-government sont également inscrits à l'agenda du patronat français. Signalons que la visite patronale française intervient à quelques semaines seulement d'une visite commerciale espagnole de haut niveau, qui s'est soldée par des B2B prometteurs. La course franco-espagnole pour la première place en matière de partenariat commercial avec le Maroc ne date pas d'hier. Aujourd'hui, elle prend un nouveau virage stratégique compte tenu du rôle joué par le Maroc en Afrique subsaharienne avec des retours sur investissements dépassant toute ambition. Programme chargé pour la délégation du MEDEF La visite de la délégation d'entreprises française prévoit plusieurs rencontres qui seront clôturées par un événement organisé conjointement avec le patronat marocain à Casablanca. Ce dernier connaîtra la participation de hauts responsable sur des thématiques diverses, articulées autour d'un thème central : «Construire ensemble durablement». Dans le détail du programme (NDLR : qui peut être soumis à modification), un état des lieux sera fait des principaux projets du royaume pour ne citer que la vision marocaine dans le domaine du développement durable et des énergies vertes, par Abdelkader Aamara, ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement ou encore les projets d'infrastructures marocains liés au secteur de l'eau et des ressources hydriques, par Abdelaziz Rabbah, ministre de l'Equipement, des transports et de la logistique. Un point sera également fait sur la construction des villes intelligentes et durables avec le concours de responsables marocains et français. Enfin, les discussions porteront sur les nouveaux enjeux de la compétitivité et l'efficacité énergétique.