* Les IDE représentent une grande opportunité pour les pays émergents. * Les FMN françaises ont une expérience internationale importante, de même que les américaines, mais les FMN originaires du Golfe ont une expérience internationale assez limitée. Dans l'objectif de voir plus clair sur le risque pays, le Centre Marocain de Conjoncture a mené une enquête auprès d'un échantillon de 167 filiales de firmes multinationales implantées au Maroc. La pertinence de cette étude réside dans les changements politiques apparus dans le pays et qui peuvent grandement modifier le paysage de l'investissement étranger. Certes, le Maroc a connu une appréciation notable de sa perception de la part de grandes agences internationales, mais la perception directe des FMN reste aussi importante. Cette enquête menée par le CMC vérifie si la perception du risque varie d'un secteur d'activité à un autre et s'il existe un effet secteur. D'après les conjoncturistes, ledit échantillon comprend deux sous-groupes d'investisseurs : un proche culturellement et un autre qui l'est moins. Les résultats obtenus indiquent que les FMN américaines sont plutôt des firmes de grande taille, les FMN européennes de taille moyenne et les FMN originaires des pays arabes sont de petite taille. Les FMN françaises ont une expérience internationale importante, de même que les américaines, mais les FMN originaires du Golfe ont une expérience internationale assez limitée. L'implantation par secteur fait ressortir que les firmes françaises s'intéressent en majorité aux secteurs secondaire et tertiaire, les firmes américaines et autres européennes sont attirées par le secteur secondaire et celles arabes par le secteur tertiaire. Par ailleurs, les résultats de l'enquête mettent en exergue la variable « expansion géographique » considérée comme variable importante dans la décision d'investir au Maroc par les firmes américaines, européennes en général et, dans une moindre mesure, les firmes françaises. Les firmes arabes, par contre, ne considèrent pas ce facteur comme important. Concernant la perception risque du pays, il existe effectivement un « effet pays » dans la perception actuelle du marché puisque les firmes françaises et européennes considèrent que le marché est arrivé à saturation. Les firmes américaines et arabes ont une perception plus nuancée de l'état actuel du marché. Il existe aussi un effet pays dans la perception des conditions sociales du pays dans la mesure où les firmes françaises, européennes et américaines ont une appréciation négative de ces conditions, alors que les FMN arabes en ont une perception positive. L'élément fiscal est aussi déterminant dans l'effet pays. Les FMN américaines et européennes avaient une perception négative alors que les firmes arabes ont une appréciation positive de la fiscalité au Maroc. La perception est aussi déterminante au niveau du coût de la main-d'uvre. Les FMN arabes ont tendance à trouver ce coût égal à celui de leur pays d'origine alors que pour la majorité des autres FMN, ce coût est moins élevé. Les résultats obtenus par l'étude indiquent que les firmes opérant dans le secteur primaire, ainsi que celles opérant dans l'industrie, ont tendance à avoir une expérience internationale plus importante que celles opérant dans les services, qui, elles, ont tendance à être plus jeunes. Il existe plusieurs « effets secteur » dans la perception du risque. Le premier a trait à la situation du marché lors de la décision d'investissement dans la mesure où les FMN des secteurs secondaire et tertiaire avaient une perception positive de celles-ci, contrairement aux FMN du secteur primaire qui le jugeaient déjà saturé à l'époque. L'influence de la taille de la FMN D'après l'enquête, les FMN de petite taille ont une expérience internationale relativement limitée et celles de grande taille ont une expérience beaucoup plus importante. Les FMN de petite et moyenne tailles ont tendance à opérer dans le secteur secondaire alors que les grandes firmes opèrent dans le secteur tertiaire. De même, si l'extension géographique paraît primordiale pour les FMN de moyenne et grande tailles dans leur décision d'investir au Maroc, cela ne semble pas être le cas pour les petites firmes. Parmi les éléments perçus favorablement par les firmes étrangères, le volet politique du risque pays figure en bonne place. Pour ce qui est des faiblesses, il est à noter que le Maroc cumule un déficit en termes de performances sociales, d'infrastructures, de certains aspects des politiques publiques et des coûts de production qui ont tendance à être plus élevés. D'une manière globale, la perception du risque Maroc par les investisseurs étrangers installés montre qu'il existe un « effet taille », c'est-à-dire une différence de perception en fonction de la taille de la firme, au niveau de la perception des conditions économiques actuelles du pays et des politiques fiscales ainsi qu'au niveau des prix des matières premières. L'effet pays d'origine est aussi déterminant en ce qui concerne l'état actuel du marché, les conditions économiques et sociales du pays, les politiques fiscales au moment de l'implantation, le risque de non-respect des normes de qualité, le coût de la main-d'uvre locale et enfin le prix et l'accès aux matières premières. La différence sectorielle joue dans la perception de l'état du marché lors de la décision d'IDE, dans la perception des politiques fiscales au moment de l'IDE, du risque de copie, de la qualification de la main-d'uvre et du prix des matières premières. Il en découle que les autorités doivent être regardantes sur la manière dont les investisseurs étrangers perçoivent le risque pays.