S'il fallait sommairement dresser le bilan économique de l'exercice 2015, on pourrait le résumer à une lecture linéaire de trois grandeurs macroéconomiques : le déficit de la balance commerciale s'est atténué de 19,7% en glissement annuel à fin novembre, le déficit budgétaire ressortirait en ligne avec l'objectif de 4,3% du PIB, grâce notamment à une forte compression de la charge de compensation de 59,1% à 12,8 Mds de DH, tandis que le taux de croissance s'établirait à 4,5%. Le gouvernement pourrait certes se glorifier de ce tableau presque idyllique, mais ce serait omettre que sur certains fronts, les difficultés sont nombreuses. C'est le cas, par exemple, au niveau de la Bourse de Casablanca, plombée par une morosité ambiante. On ne fera pas l'économie de dire que des avancées ont été enregistrées dans le cadre de la réforme préconisée, avec, entre autres, le projet d'ouverture du capital de la société gestionnaire, mais cela reste bien insuffisant, au regard de tous les instruments qu'il va falloir mettre en place pour lui insuffler un nouvel élan. Dès lors, il n'est point surprenant de constater que l'on s'achemine vers une nouvelle année de perte : l'indice général affichait une contre-performance de 8,01% à la clôture de la séance du 22 décembre. Sur le front social, le bras de fer continue entre le gouvernement et les syndicats, à cause du dossier brûlant de la retraite. Le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, est formel : la réforme sera adoptée lors des mois prochains. Cette posture intransigeante est dictée par le tableau noir qu'il a dressé, mardi, au Parlement : le déficit des pensions civiles se creuse, les réserves de la Caisse marocaine des retraites, de 84 Mds de DH en 2014, vont s'épuiser en 2022. Pis encore, si rien n'est fait, le seuil minimal des réserves financières requises par la loi sera épuisé et les réserves financières disponibles ne sauront couvrir plus de 2 ans des droits des retraités : ce sont 400.000 fonctionnaires qui sont concernés. Benkirane va-t-il faire du forcing quand on sait que les syndicats font de la résistance, souhaitant que le dossier de la retraite soit négocié dans le cadre de discussions (dialogue social) plus globales ? Il semble bien que oui. Ce qui promet une année 2016 bien mouvementée, dans un contexte économique beaucoup moins favorable où le taux de croissance devrait se situer entre 2 et 2,5%.