La 21ème Conférence des parties relative à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques a démarré officiellement à Paris le 30 novembre avec une mesure de taille, qui consiste en la suppression des marches de protestation dans la ville, prévues le 29 novembre et le 12 décembre. Cela n'a pas été d'ailleurs du goût de la société civile, qui comptait saisir l'occasion pour manifester son mécontentement et interpeller les décideurs politiques. On peut cependant accorder à ces derniers le bénéfice de deux mesures importantes: d'une part, le renforcement des services de sécurité et d'assistance aux participants, et d'autre part, la facilitation de leurs déplacements pour accéder au lieu de la rencontre. Il en résulte une forte participation en termes d'effectifs de pays et de délégués, avec une grande diversité des profils de ces derniers : administrations, collectivités territoriales, experts, secteurs privés et représentants de la société civile. Ces deux dernières catégories ont d'ailleurs bénéficié d'espaces spécifiques : la «Galerie» pour les professionnels et «l'Espace génération climat» pour la société civile. Ces deux espaces complètent «la zone bleue» où se tiennent les activités des délégations officielles. Cette forte participation et cette diversité des profils n'est pas fortuite : la France mise sur la mobilisation générale de tous les acteurs du développement dans le monde pour faire de la COP21 l'occasion d'élaborer un accord permettant de relever efficacement le défi planétaire du changement climatique, qui menace fortement l'avenir de l'humanité. Le succès espéré viendrait balancer l'échec du précédent accord de Kyoto. Cet accord, initié en 1995, ne s'est traduit que par de faibles activités exécutées à partir de 2008, c'est-à-dire après 13 ans de tergiversations. Il n'aura finalement duré que 5 ans puisqu'il est arrivé à échéance en 2012. En parlant de succès espéré, il faut nuancer, car personne, à la date de la rédaction du présent article, le 1er décembre, ne peut être affirmatif. Certains sont assez optimistes pour au moins trois raisons. Il y a tout d'abord le bénéfice des enseignements de Kyoto, ensuite la préparation du présent projet depuis au moins 4 ans, et enfin les déclarations des chefs d'Etat et de gouvernement, quoique assez nuancées, laissant apparaître une certaine prise de conscience de la gravité des menaces et une certaine volonté d'engagement pour réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre. Les pessimistes, qui se disent réalistes, avancent, pour leur part, les principales contraintes suivantes : la situation actuelle des ressources naturelles est déjà assez dégradée dans plusieurs régions du monde; les engagements exprimés jusqu'à présent ne conduisent pas à la limitation du réchauffement au seuil limite de 2 degrés défini par les experts; plusieurs pays n'approuvent pas le principe d'avoir un accord juridiquement contraignant; enfin, des doutes très forts planent sur la possibilité de mobiliser les 100 milliards de dollars annuellement pour permettre aux pays en voie de développement de réaliser les actions requises en matière d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques. Tout en espérant que les positions des optimistes l'emporteront sur celles des pessimistes, nous reviendrons dans un prochain article sur l'ensemble de ces questions et sur la présence du Maroc à la COP21. Cependant, je ne peux pas conclure sans souligner la bonne impression qu'a laissée le discours de SM le Roi, particulièrement auprès des pays africains.
Bio express Abdelhadi Bennis, ancien ingénieur général supervisant les structures locales d'encadrement des agriculteurs au sein du ministère de l'Agriculture, membre de l'Association Ribat Al Fath pour le Développement Durable à Rabat et Président du Club Environnement.