Un moment historique dans l'histoire politique du pays. Le schéma de 12 régions, contre 16 actuellement, enfin approuvé par le gouvernement. Outre le décret fixant ce nombre, trois nouvelles lois organiques enca-drant les collectivités territoriales (communes, provinces, régions) doivent bientôt atterrir, au Parlement. Les enjeux d'une mutation annoncée. ‘‘Gare à l'unité du Rif», «Meknès doit rester le chef-lieu de son propre territoire régional », des slogans motivés par des sensibilités historiques ou culturelles de ce type, on en a beaucoup entendu ces der-nières semaines. Mais l'Exécutif a vite tranché sans céder à la pression de quelques ONG appuyées par certaines figures de l'opposition. Ainsi, comme l'a si bien recomman-dé la Commission consulta-tive chargée de la régionalisa-tion, le Maroc de demain sera composé de douze régions au lieu de seize aujourd'hui. C'est finalement le nombre que s'est fixé le projet de décret approuvé par le gou-vernement lors de sa réunion hebdomadaire, jeudi 5 février. L'efficience, la cohérence et l'homogénéité sont les maîtres-mots de cette nou-velle architecture qui, visible-ment, fait fi des susceptibili-tés électoralistes des uns et des autres. La province d'Al Hoceima est ainsi annexée à la région Tanger-Tétouan ; Midelt se sépare de Meknès pour rejoindre la nouvelle région Drâa-Tafilalet; Khénifra s'associe à Beni Mellal pour animer leur propre territoire régional qui s'étale jusqu'à Khouribga. Mieux, Settat et El Jadida intégreront pour la première fois la région du Grand Casablanca, etc. C'est un véritable chambou-lement qui a été opéré pour donner corps à ce nouveau millefeuille territorial. Mais au-delà de ce chan-gement de forme cartogra-phique, qu'en est-il du fond et de l'esprit des réformes accompagnant cette muta-tion, notamment en matière de prérogatives confiées aux élus des futurs conseils régionaux ? L'Association des régions du Maroc (ARM), par la voix de son président USFPéiste, Saïd Chbaâtou, (qui préside aux destinées de la future défunte région Meknès-Tafilalet), s'est foca-lisée beaucoup plus sur les questions de découpage (la promotion de l'Atlas de Meknès, une région imaginée et défendue par Chbaâtou !) que sur le rôle à venir des conseillers régionaux. Dès que le décret des 12 régions a été approuvé, sépa-rant au passage Tafilalet de la capitale ismaïlienne, le président de l'ARM a choisi de faire la sourde oreille aux appels des médias dont ceux de FNH. Faut-il rappeler que son association, déjà affaiblie par la multiplicité des couleurs politiques de ses membres issus de la majorité comme de l'opposition, a eu du mal à convaincre et mieux faire accepter ses idées, même quand il s'agissait de s'oppo-ser au maintien de la tutelle des walis et des gouverneurs dans la gestion des affaires locales ? Posons-nous la question en d'autres termes : qu'est-ce qui pourrait empêcher l'Etat de donner plus de pouvoirs aux élus des régions et des collectivités de manière géné-rale ? Les élites politiques sont-elles prêtes à jouer le jeu de la régionalisation avancée? Quand on voit certains leaders politiques crier haut et fort pour que le diplôme exigé au poste de président d'un Conseil régional ne dépasse pas le Bac, ces questions perdent naturellement tout leur sens. Hélas !