Pour huit banques étudiées, le nombre d'agences a enregistré 80% de croissance entre 2006 et 2013, avec une décélération progressive du rythme de croissance des réseaux depuis 2009. Une étude de «Nouvelles Donnes» s'est étalée sur 66 pays auprès de 840 banques et 280.400 de leurs agences, soit 75% des agences bancaires des pays cibles. Détails. Quelle évolution du déploiement des canaux de distribution bancaire dans les pays émergents et quel est le modèle de développement futur le plus opportun qui peut intéresser les banques, notamment marocaines? Ce sont autant d'informations que l'on peut tirer de l'étude sur la dynamique des réseaux bancaires dans les pays émergents, avec un focus sur le Maroc, présentée par le cabinet international Nouvelles Donnes. Spécialisé dans les problématiques de développement, ce cabinet a opté pour une approche singulière. En effet, l'étude se distingue par sa méthodologie ainsi que par le périmètre couvert, puisqu'elle a été lancée en 2010 sur 66 pays auprès de 840 banques et 280.400 de leurs agences, soit 75% des agences bancaires des pays cibles. Ces derniers ont été répartis sur six zones : Amérique latine, Afrique du Nord et subsaharienne, Asie, Europe de l'Est (PECO), et Moyen-Orient. Quant à l'évolution, elle a couvert une période de 8 ans. L'une des premières conclusions de l'étude est que la croissance des actifs bancaires des pays émergents demeure soutenue malgré la crise. Ainsi, l'étude fait état d'une croissance totale des actifs de plus de 86% sur la période allant de 2007 à 2013, qui est la somme de croissance des six régions, tirée essentiellement par l'Asie et l'Amérique latine. Selon le cabinet, la dynamique des actifs bancaires a bénéficié d'un double levier, référence faite à la croissance des économies (+36% de croissance hors inflation et effet change de 2007 à 2013), ainsi qu'au développement de la bancarisation des économies (Actifs / PIB), avec une croissance de 40 points du taux de bancarisation. Concernant l'évolution des niveaux de rentabilité des réseaux bancaires, l'étude souligne des revenus par point de vente stables, malgré la création nette de 90.000 agences bancaires au cours des dernières années. Si en moyenne l'expansion des réseaux entre 2008 et 2013 a été de près de 50%, le revenu moyen par agence a progressé de 10%. L'étude relève d'ailleurs que les banques ont réduit leurs ambitions de conquête de nouveaux territoires. Notons également une amélioration continue des coefficients d'exploitation, hors Europe de l'Est. Pour ce qui est de la dynamique des réseaux bancaires, coeur même de l'étude, les managers de Nouvelles Donnes venus à la rencontre de la presse nationale soutiennent que dans un environnement international en berne, la dynamique des réseaux s'est stabilisée en 2013 après 5 ans de ralentissement. La dynamique de 2013 s'établit à 7,7%, sachant que 4 des 6 zones observées enregistrent leur plus mauvaise variation depuis 7 ans (à l'exception de l'Afrique et de l'Asie). En termes d'expansion bancaire, l'Europe de l'Est reste la «zone malade» et constitue la seule zone enregistrant une contraction de 3,8% de ses parcs d'agences (moyenne des 190 banques analysées). L'étude révèle aussi que près d'une banque sur 2 poursuit sa croissance, alors que près d'une banque sur 4 réduit son parc (en moyenne de 10%). Toujours est-il que les 50 banques les plus dynamiques, tirées par les BRIC de l'année ont tendance à ouvrir de plus en plus d'agences. Plus en détail, on relève qu'avec 10 banques, au sein du classement, ouvrant plus de 4.000 agences, l'Inde est un moteur majeur de l'expansion des réseaux comme pays indétrônable dans lequel les banques créent le plus d'agences. Autre élément marquant de cette étude est que les banques européennes, contrairement à 2008, sont de moins en moins présentes dans le classement des établissements les plus dynamiques. Venons-en au Maroc Le Maroc demeure un cas bien singulier par son modèle de développement des réseaux bancaires, que ce soit sur le plan national qu'international. L'étude de «Nouvelles Donnes» s'est ainsi intéressée aux 8 principaux acteurs de la place représentant un total de 4.800 agences (Le nombre d'agences est passé du simple au double en 8 ans). Sur le plan national, l'étude note que les banques marocaines ont presque doublé le nombre de leurs agences, enregistrant 80% de croissance entre 2006 et 2013, une croissance qui s'est réalisée au détriment des revenus par point de vente. Néanmoins, elle observe une décélération progressive du rythme de croissance des réseaux depuis 2009. Au-delà de nos frontières, notamment en Afrique subsaharienne, les banques marocaines via les acquisitions réalisées et les ouvertures «extensive» d'agences, ont «détrôné» leurs homologues françaises qui constituaient les acteurs historiques de cette zone, relève l'étude. Mais aussi, elles les ont rattrapées en termes de PNB. L'étude précise que les acteurs marocains ont fait le choix de sacrifier leur revenu par agence pour «acquérir» des parts de parc. On note qu'Attijariwafa bank est aujourd'hui en Afrique de l'Ouest l'acteur le plus dynamique de la zone avec plus de 13,5% de parts de parc d'agence. Quelle croissance d'ici à 2020 ? Les pays émergents continueront à constituer des réservoirs de croissance pour les années à venir. Ainsi, l'étude de «Nouvelles Donnes» tout en dressant un diagnostic instructif sur le potentiel de développement des réseaux bancaires dans les pays émergents, relève les zones qui présenteront la plus forte croissance d'ici à 2020. Ainsi, dans les cinq prochaines années, trois zones se démarqueront et concentreront l'essentiel de la croissance des réseaux avec la création de 30.000 agences. Il s'agit notamment de l'Amérique latine, l'Asie et l'Afrique subsaharienne qui est la zone où les réseaux devraient connaître la plus forte croissance avec plus de 40% de nouvelles agences. Au Maroc, l'étude de «Nouvelles Donnes» prévoit qu'à l'issue de la phase de conquête marquée par une remarquable expansion du réseaux d'agences, les banques marocaines devront passer d'une culture de «traitement» et de conquête «naturelle» à une culture de gestion commerciale qui devrait leur permettre de maximiser leurs niveaux de revenus par client.