En période d'euphorie financière et de réalisation de plus-values, les compagnies d'assurances baissent leurs tarifs. La crise du marché financier de l'année 2013 a incité les compagnies à revoir leur business model en matière de tarification. Rendre obligatoire des assurances telles que prévu dans le contrat-programme 2011-2015 (qui a pris beaucoup de retard) permettrait certainement de booster le chiffre d'affaires du secteur. Et les différents acteurs adopteront une tarification adéquate et adaptée à la réalité du marché. Le secteur des assurances se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. La profitabilité est de moins en moins assurée par les résultats financiers, ce qui laisse prédire qu'un changement du business model se dessine. La dégradation des placements financiers et celle des plus values latentes a poussé les compagnies de la place à revoir leurs stratégies et faire du résultat technique la principale priorité. A l'occasion de la publication des résultats financiers à fin 2012, et suite à une réduction comme peau de chagrin des plus-values latentes, certains responsables de compagnies d'assurance avaient fait part de la nécessité de se recentrer sur le métier de base à savoir l'assurance et de générer des résultats à partir des primes engendrées. Un fait qui ne manquera pas d'avoir un effet de levier sur la discipline des différents acteurs aculés à adopter une tarification adéquate et adaptée à la réalité du marché. La reprise constatée en 2014 ne devrait pas pour autant les dissuader à poursuivre cette lancée. Interrogés à cet égard sur le lien existant entre la tarification des produits d'assurance et la rentabilité des placements des compagnies d'assurances sur le marché financier, un responsable d'une compagnie défend l'idée que l'aspect technique intervient en premier dans la maîtrise des coûts des sinistres ainsi que celle des coûts de gestion. Et que l'aspect financier doit être considéré comme complémentaire, même en période d'euphorie financière. «Toute baisse éventuelle des tarifs doit trouver sa justification dans les composantes techniques de l'activité et tout particulièrement dans les analyses du rapport sinistres à primes». Ce n'est pas le même son de cloche chez un professionnel : «Il est clair que lorsque les marchés financiers sont porteurs, la concurrence entre acteurs est plus rude puisqu'ils sont en mesure d'aller chercher un complément de marge à travers leurs produits financiers». Et d'ajouter : «Lorsque les produits financiers ne sont pas au rendez-vous, le résultat technique prend tout son sens et la concurrence se fait moins sur les prix que sur la qualité de l'offre et du service». Libéralisation vs réglementation En effet, depuis la libéralisation des tarifs de par la loi sur les prix et la concurrence, on soupçonne parfois même des ententes entre compagnies d'assurances. Et la question qui se pose d'emblée est la suivante : de quel droit de regard dispose la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS) dans ce cas de figure ? «Effectivement, les tarifs d'assurances sont libres depuis quelques années. Mais les compagnies d'assurance sont obligées de respecter le calcul et la constitution réglementaire des provisions techniques d'une part, et de la marge de solvabilité d'autre part. Le contrôle dont vous parlez passe entre autres, à travers ces deux postes comptables», explique un actuaire. La tarification adoptée par une compagnie dépend du résultat technique de la branche : plus il est excédentaire, plus la marge est importante ; des fonds propres ; de la marge de solvabilité et du volume escompté d'augmentation des ventes de contrats d'assurance. En ce qui concerne les éléments déterminants de calcul d'une prime d'assurance, on peut citer la prime de risque ou prime pure qui est fonction de la fréquence du coût des sinistres, des frais de gestion, de la commission de l'intermédiaire et de la taxe sur l'assurance. Rendre obligatoire des assurances telles que prévu dans le contrat-programme (2011-2015) permettrait certainement de booster le chiffre d'affaires du secteur et, d'assurer une compétition saine entre les différentes compagnies. A noter que ledit contrat-programme a pris beaucoup de retard. Hormis la tous risques chantier et la RC décennale, les autres sont toujours au stade de projet. Et pour cause : «Plusieurs ministères sont impliqués dans chaque dossier et la coordination des visions de chaque partie prenante est un processus qui prend nécessairement du temps», explique un professionnel. Ce qu'il faut savoir La prime d'assurance est le prix que le preneur d'assurance doit payer pour pouvoir bénéficier de la couverture d'assurance en cas de sinistre. La prime se compose de trois parties: la partie risque, la partie frais et la partie bénéfice. La prime est en principe due pour une période d'assurance entière (12 mois), même si d'autres modalités de paiement, (paiement mensuel, prime unique) sont possibles. La partie risque constitue le coût probable de sinistre que représente le risque à assurer. Concrètement, l'assureur va modéliser le risque que représente l'objet à assurer, en comparant son profil avec l'historique qu'il possède sur d'autres profils similaires. L'évaluation du risque est donc liée à la connaissance historique de risques similaires (ou à la capacité de modélisation). C'est la raison pour laquelle, les assureurs proposent des primes d'assurance différentes, puisqu'ils n'ont pas le même historique, la même expérience, la même base de clientèle. Ils évaluent donc différemment les risques. À cette prime de risque, on rajoute tous les frais de gestion, c'est-à-dire les frais qui permettent (en les répartissant sur tous les clients) de couvrir les charges opérationnelles de l'assureur (salaires, loyers, ...). Page réalisée par Soubha Es-siari & Wadie El Mouden