Les entreprises japonaises lorgnent prioritairement l'automobile, les infrastructures énergétiques et l'alimentaire. Elles voient dans le Royaume la passerelle idéale pour s'attaquer au marché africain. Entretien avec Hiroyuki Ishige, président de l'Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro). Finances News Hebdo : Quel sera le rôle de Jetro Rabat ? Hiroyuki Ishige : L'objectif est de développer les échanges et les investissements entre le Japon et le Maroc. Et pour cela nous voulons que le monde des affaires japonais puisse bénéficier d'informations de la part de Jetro. Un premier type d'informations consiste en l'organisation de séminaires. Nous pouvons également envoyer une délégation composée de personnalités du monde des affaires au Maroc pour des missions. Pour les entreprises qui sont déjà installées au Maroc, et qui peuvent être confrontées à des problèmes, nous pouvons faire des consultations lorsqu'il y a des questions sur le droit du travail ou sur les problèmes juridiques de manière générale. Donc, nous voulons être pragmatique et réaliser des actions très concrètes sur le terrain. F.N.H. : Que représente pour vous le Maroc aujourd'hui en termes d'opportunités d'affaires ? H. I. : Il y a trois points importants à nos yeux. Tout d'abord, il y a des équipementiers japonais qui sont déjà présents sur le marché automobile. Bien sûr le développement des activités à l'avenir dépendra de la demande automobile notamment sur le marché européen. S'il y a une reprise de ce marché, je pense qu'il y a un potentiel pour développer davantage ce secteur. Deuxièmement, le Maroc se lance actuellement dans un grand programme d'investissements dans les infrastructures, comme par exemple la centrale thermique au charbon (à Safi ndlr) où le Japon est déjà présent. Un autre volet de ces investissements en infrastructures c'est le gaz naturel liquéfié (GNL). Nous pensons qu'obtenir des contrats de construction d'usines de GNL constitue une réelle occasion pour les entreprises japonaises. Troisième opportunité : le Maroc est un marché de consommation très important où le PIB par habitant dépasse les 3.000 dollars, ce qui veut dire qu'à l'avenir la consommation devrait augmenter. C'est donc une autre opportunité pour les sociétés japonaises, notamment dans le secteur alimentaire avec par exemple les aliments préparés et lyophilisés comme les «sin foods» qui préparent des nouilles. F.N.H. : Comptez-vous vous servir du Maroc comme porte d'entrée vers les pays africains ? H. I. : Bien sûr c'est une opportunité pour nous en vue de nous développer en Afrique, et plus particulièrement en Afrique francophone où nous sommes peu présents et où nous comprenons que les Marocains sont extrêmement bien implantés et disposent d'un réseau humain important. Donc, pour les entreprises japonaises c'est une occasion de rayonner sur ce continent. Les services et les produits japonais sont de qualité élevée mais cela ne suffit pas pour percer dans ce marché. Evidemment, le Maroc constitue pour nous une plateforme pour se développer de manière plus importante dans la région. F.N.H. : En quoi consiste la convention signée avec Maroc Export et l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI) ? H. I. : L'objectif de cette signature est que le personnel de ces trois organisations puisse collaborer. Par exemple, si le Maroc veut investir au Japon nous pouvons les aider, et vice-versa. Nous sommes bien entendu des organismes de promotion d'exportations, mais nous pouvons imaginer des partenariats croisés. Pareil pour l'investissement. Tout cela pourra être fait de manière plus efficace.