C'est la quasi-totalité des réactions à un sondage récent qui plaçait le Maroc derrière l'Arabie Saoudite en matière des droits des femmes ! Le Maroc est 129ème sur 136 pays dans le Gender Gap Index, un rapport mesurant les écarts entre les sexes publié annuellement par le Forum économique mondial et ça vous choque ? Certainement que vous confondez peut-être le Maroc et l'Islande, pays arrivé en tête du classement ! C'est la seule explication que je trouve pour tous ceux choqués d'un tel classement. Car au Maroc, malgré quelques signes d'encourageants, les femmes ne sont pas mieux loties ici plus qu'ailleurs. Il faut malheureusement que de temps à autre, des faits divers aussi choquants que révulsants nous rappellent à cette triste réalité. Le cas récemment d'une jeune marrakchie qui a subi une triple injustice. Car en plus de s'être fait violer par un délinquant, voilà que sa famille et la loi tendent de la marier à son violeur, la pauvre étant mineure ! La troisième injustice survient lorsqu'elle demande le divorce de son «époux» qui vient de purger 6 mois de prison pour avoir participé à l'évasion de jeunes délinquants d'un centre dédié à la protection de mineurs, il lui taillade le visage et plusieurs parties de son corps à l'aide d'une lame de rasoir. Elle s'en sort miraculeusement vivante pour être admise en catastrophe à l'hôpital Ibn Tofail à Marrakech où il a fallu au corps soignant de réaliser 30 points de suture sur un visage balafré par l'injustice et la cruauté ! Et ô combien de femmes subissent des violences dans le silence... à cause des tabous dans une société qui privilégie les façades au bien-être de ses membres. Si aujourd'hui le Maroc a abrogé un article honteux, le fameux 475 du code pénal, depuis janvier dernier, il faudra encore rester vigilant pour que des victimes de viol ne se retrouvent pas condamner à vivre avec leurs bourreaux. Preuve en est un autre article du code de la famille qui interdit le mariage des mineurs sauf dérogation du juge et qui demeure non respecté. La dérogation est devenue malheureusement la règle puisque le nombre de ces mariages est passé de 18.000 cas en 2004 à plus de 35.000 cas en 2013. Cela signifie que la loi à elle seule ne peut être le garant des droits de tout un chacun. C'est l'un des défis qui se posent aujourd'hui vers une amélioration de la condition féminine au Maroc. Des garde-fous manquent annihilant tous les efforts fournis face à une mentalité sclérosée et archaïque, et des lois contournées avec la complicité malsaine de ceux censés les faire respecter.