C'est quand même un fait assez rare pour être souligné : la Confédération générale des entreprises du Maroc et le gouvernement dansent sur le même tempo. Le patronat nous avait pourtant habitués, au lendemain de la publication de chaque projet de Loi de Finances, à des attaques rondement menées envers le gouvernement qui, malgré les objurgations, faisait le dos rond en faisant valoir le principe de l'équité fiscale, voire la nécessité de préserver les équilibres macroéconomiques. Cette fois-ci, rien. Le patronat est apparemment... aux anges. A peine ne remercie-t-il pas Benkirane et son équipe. Qu'est-ce qui a alors changé pour que le patronat soit si docile ? Ben, il semblerait que le gouvernement ne fait plus obstinément cavalier seul et est davantage à l'écoute. Ce que résume amplement le communiqué publié par la CGEM au lendemain de la tenue de son Conseil d'administration. Le patronat «constate avec satisfaction que ses positions, ainsi que certaines de ses propositions pour le PLF 2015 ont été instamment prises en compte par le gouvernement». Il faut dire que le gouvernement a fait de sacrés efforts. Pour ne pas dire des concessions : entre l'exonération des charges sociales pour la création de nouveaux emplois, la non-limitation de l'imputation par les entreprises des excédents d'IS versés à l'administration, l'exonération de la TVA sur investissement pour les 3 premières années d'existence de l'entreprise ou encore la poursuite de la réforme de la TVA, la CGEM a en effet de quoi être satisfaite. Surtout que, de surcroît, le patronat a pu convaincre l'Exécutif d'inclure les entreprises publiques dans le champ d'application de la Loi sur les délais de paiement. Reste juste à introduire cette disposition dans le circuit législatif. Pour autant, même dans le plus beau pays au monde, tout n'est pas parfait. Le patronat ne cache certes pas sa «satisfaction», mais ne semble guère repu, d'autant qu'il regrette le relèvement des droits d'enregistrement sur la cession des actions et parts sociales et s'étonne que le PLF 2015 n'apporte aucun amendement à l'écotaxe, instituée en janvier 2014, et qui continue de pénaliser la production locale et d'exclure les importations de produits finis. A part ça, tout roule. Gouvernement et patronat filent... le parfait amour. Mais la lune de miel résistera-t-elle aux intérêts des uns et des autres et aux réalités économiques actuelles ? Le temps nous le dira. Parallèlement, du côté syndicats – Exécutif, les relations sont plutôt très tendues. Dans le genre... lune de fiel. La grève nationale d'une journée décrétée la semaine dernière, en protestation contre la politique du gouvernement et son impact sur la paix sociale, en est la parfaite illustration. Arriveront-ils à faire fléchir Benkirane et son équipe, particulièrement en ce qui concerne la réforme de la retraite ? Peu sûr. En tout cas, pendant qu'ils ruminent leur colère, gouvernement et patronat fument sereinement le calumet de la paix.