Le Groupe Banque Centrale Populaire ajoute une corde à son arc avec sa mutuelle d'assurance vie et va renforcer son ancrage en Afrique en montant dans le capital d'ABI. Le plan de développement Cap 2020 va permettre de consolider le positionnement du Groupe tant au Maroc qu'à l'international. Quand on prend l'habitude d'aligner les performances, cela a tendance à tomber dans la normalité, au point de devenir presque banal. C'est ce qui semble arriver au Groupe Banque Centrale Populaire. Du moins, c'est l'impression que donne Mohamed Benchaâboun, PDG du Groupe, qui, lors de la présentation des résultats semestriels mardi dernier, a étalé les bonnes performances de l'établissement bancaire avec modestie et sans triomphalisme aucun. Dans un environnement bancaire particulièrement très concurrentiel, il y a pourtant de quoi faire le dos rond. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: une assise financière solide (fonds propres consolidés de 33,1 Mds de DH), un produit net bancaire en hausse de 15% (7,5 Mds de DH), un résultat net part du Groupe qui progresse de 13% (1,1 Md de DH), une agressivité commerciale payante avec 221,4 Mds de DH de dépôts clientèle (+5,4%) et une part de marché Maroc de 26,7%, 114 nouvelles agences ouvertes entre juin 2013 et juin 2014, une efficacité opérationnelle avérée avec un coefficient d'exploitation de 44,6%... Mieux, entre 2007 et 2013, le produit net bancaire affiche une croissance moyenne supérieure à 10%, tandis que celle du RNPG se chiffre à 18% sur la même période. Bref, les chiffres du Groupe BCP ont de quoi faire pâlir (voir détail des résultats sur www.financenews.press.ma). Mais l'appétit vient en mangeant. En cela, la banque n'a pas l'intention de dormir sur ses lauriers. Bien au contraire, elle nourrit encore des ambitions de développement soutenues sur divers segments d'activité, tant au niveau local qu'à l'international. C'est dans ce cadre que s'inscrit son «incursion» trop longtemps attendue dans le domaine des assurances : la banque a eu l'avis favorable de la Direction des assurances et de la prévoyance sociale pour la transformation du groupement «Attamine Chaabi» en une mutuelle d'assurance vie. En cela, l'approche choisie sera graduelle, d'autant que c'est l'activité Vie qui est ciblée en priorité, l'ambition étant, selon Benchaâboun, d'être «un acteur de référence dans ce domaine à fort potentiel». Pour cela, précise-t-il, «il faudra développer des synergies fortes entre la banque et la mutuelle d'assurance vie». Dans la même veine, le Groupe BCP compte jouer un rôle de premier plan dans la banque participative à travers notamment la création d'une filiale dédiée. «Cela se fera certes avec un partenaire, mais ce dernier sera minoritaire», fait remarquer Benchaâboun. A l'international, précisément en Afrique, le Groupe va poursuivre son ancrage et accroître son influence. Ainsi, il va monter dans le capital d'Atlantic Business International (ABI) à hauteur de 65% et élargir ses pays de présence. Un choix logique, d'autant plus que le Groupe ABI est dans une dynamique de croissance, avec une progression des dépôts de la clientèle de 37% (20 Mds de DH) et des crédits de 61% (18,5 Mds de DH). Pour sa part, le PNB fait un bond de 25% à 903,4 MDH et le coefficient d'exploitation, principal handicap du Groupe, s'améliore de 605 points de base pour se situer à 64,1%. Autre créneau sur lequel la banque a de fortes ambitions: la microfinance. C'est sous cet angle qu'il faut apprécier la création de la holding Atlantic microfinance for Africa (Amifa), avec l'objectif d'avoir une présence notamment en Côte d'Ivoire, au Gabon, au Mali et en Guinée. Aujourd'hui, il ne reste que l'accord formel de Bank Al-Maghrib, mais aussi les autorisations de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest. «Toutes ces structures devraient être opérationnelles dans les six prochains mois», souligne Benchaâboun. Par ailleurs, la banque, qui dispose d'une expertise éprouvée en la matière à travers sa fondation Attawfiq Microfinance, a déjà reçu des demandes d'autres pays pour les accompagner. Une manne qu'elle compte bien saisir, d'autant que l'activité de microfinance dans ces pays ouvre droit à la collecte de dépôts. Nouvelle dimension C'est un truisme de dire que le Groupe Banque Centrale Populaire a acquis une nouvelle dimension. Financièrement solide, doté désormais d'un modèle coopératif plus performant en phase avec les standards internationaux et jouissant d'une renommée internationale, le Groupe est parti pour occuper un positionnement autrement plus important dans le microcosme bancaire africain. Et il se donne les moyens de ses ambitions, comme en atteste le prêt syndiqué qu'il a obtenu le 17 septembre courant : un prêt non garanti en double tranche en euro et en dollar US, d'un montant de 227 millions USD, consenti par un groupe de banques internationales de premier plan, au taux Libor/Euribor + 1% et pour une durée d'un an renouvelable jusqu'à 3 ans. Toutes ces performances et cette bonne signature à l'international, le Groupe compte bien les consolider. Et cela se fera à travers le plan de développement Cap 2020 dont les détails vont bientôt être dévoilés par le management de la banque. Un plan qui devrait donner plus de visibilité aussi bien aux actionnaires qu'au marché. Un plan qui, surtout, actera définitivement le passage de l'établissement d'un groupe bancaire à un groupe financier international multimétier et performant.