Dans le sillage du nouveau projet de loi portant sur la modification de la loi 12-96 relative à la réforme du Crédit Populaire du Maroc, Hassan El Basri, Directeur général à la Banque Centrale Populaire (BCP), revient sur les principaux enjeux de la réforme de l'établissement bancaire. Il estime à ce titre que le renforcement des Banques Populaires Régionales (BPR) dans le capital de la BCP (à hauteur de 51%) et le fait que la BCP détienne majoritairement le capital des BPR constituent un grand pas pour la solidité financière du Groupe et la consolidation de la cohésion du Crédit Populaire du Maroc. Finances News Hebdo : Le nouveau projet de loi prévoit que le capital de la BCP soit détenu à 51% par les BPR et que celui des BPR soit détenu majoritairement par la BCP. Quelles peuvent être les principales retombées de cela en termes d'assise financière, d'amélioration des fonds propres et de concours à l'économie pour la banque ? Hassan El Basri : Je dois préciser, tout d'abord, que les BPR détiennent déjà plus de 50% du capital de la BCP, et ce suite à la dernière acquisition, par celles-ci, de la part que l'Etat détenait dans le capital de la BCP. Le projet de loi ne vise donc, qu'à consacrer définitivement cette situation. La nouveauté, par contre, concerne la participation majoritaire de la BCP dans le capital des BPR. Il s'agit, à mon avis, d'un pas décisif dans la consolidation de la cohésion du Crédit Populaire du Maroc en tant que modèle de banque mutualiste et coopérative. Il s'agit également d'un pas important compte tenu de l'impact prévisible qu'il aura sur le renforcement de la solidité financière et des fondamentaux du Groupe d'autant plus que la participation de la BCP dans le capital des BPR se fera par augmentation de capital de manière à éviter tout impact négatif sur les fonds propres du Groupe. F.N.H. : Selon vous, comment le désengagement de l'Etat du capital de la BCP contribue-t-il au raffermissement de la cohésion du Groupe ? H. E. B. : Nous avons été inspirés, dans notre démarche, par le succès des modèles coopératifs les plus performants au niveau mondial où l'entité centrale - la BCP pour ce qui nous concerne - est détenue en totalité ou tout au moins majoritairement par les banques régionales. Cette configuration a pour finalité de circonscrire les choix stratégiques du Groupe dans l'intérêt de l'ensemble de ses composantes en faisant converger les orientations stratégiques régionales et locales avec la stratégie nationale. Cela va permettre ainsi d'éviter tout conflit d'intérêt entre les entités régionales et l'entité centrale. De plus, cette approche revêt, aujourd'hui, une dimension toute particulière au regard des perspectives de la régionalisation avancée que notre pays s'apprête à mettre en place. F.N.H. : Quel est l'objectif recherché à travers ce projet de loi en instaurant une symétrie des droits entre la BCP et les BPR ? H. E. B. : Il s'agit essentiellement d'instaurer une symétrie, comme vous dites, dans les relations entre la BCP et les BPR. En effet, dans la situation actuelle, les BPR bénéficient d'un flux plus important en provenance de la BCP puisqu'elles en détiennent la majorité du capital. Parallèlement, la BCP n'assure pas de remontées des BPR qui ne contribuent pas actuellement à la formation des résultats de la BCP. C'est pour cette raison que le projet de loi tend vers le rééquilibrage de ces relations tout en permettant le cantonnement des flux financiers à l'intérieur du Groupe de manière à continuer à assurer sa solidité financière qui lui permet d'être plus actif en matière de soutien à l'économie régionale et nationale. F.N.H. : Ce projet de loi accorde visiblement beaucoup d'importance à la gouvernance du Crédit Populaire du Maroc, notamment en renforçant le rôle du Comité directeur. Qu'est-ce qui a présidé à ce choix ? H. E. B. : La gouvernance constitue aujourd'hui une préoccupation centrale pour l'ensemble des établissements bancaires. Elle l'est encore plus pour notre Groupe compte tenu de sa structure et de son organisation, d'autant plus que les mécanismes liés à la présence de l'Etat dans notre capital, telle l'institution du commissaire du gouvernement, auront disparu à la suite de l'adoption de cette loi. C'est dans ce sens que le rôle du Comité directeur, en tant qu'instance suprême du Crédit Populaire du Maroc, devient primordial dans le schéma de gouvernance du Groupe. En effet, de par sa composition paritaire entre les représentants de la BCP et ceux des BPR, le Comité directeur aura, de par ses attributions, à assurer la parfaite homogénéité entre les choix des entités régionales et de l'entité centrale, à mettre en place les règles de bonne gouvernance, à contrôler leur application et, surtout, à fixer les choix stratégiques du Groupe dans l'intérêt de l'ensemble de ses composantes de manière à sauvegarder et à renforcer sa cohésion et sa pérennité. F.N.H. : En définitive, estimez-vous que ce nouveau dispositif juridique sera à même de contribuer substantiellement à l'essor de la BCP ? H. E. B. : C'est l'objectif que nous avons recherché à travers cette nouvelle réforme du Crédit Populaire du Maroc qui, à l'instar de celle induite par la loi 12/96, permettra au Groupe, en général, et à la BCP, en particulier, de consolider sa position d'acteur de référence au sein du paysage bancaire marocain tout en continuant également à rayonner au niveau international.