Une année, à quelques semaines près, s'est écoulée depuis l'entrée en vigueur du «plan de relance» concocté par Bank Al-Maghrib pour canaliser les liquidités vers les PME. L'encours de cette catégorie d'entreprises est passé de 6 à 11 Mds de dirhams sur la période et de nouveaux ajustements sont en place, cette fois moins financiers que techniques, pour enraciner la démarche auprès des partenaires en vue de l'inscrire dans la durée. Jusqu'où ira cette logique de BAM meneur d'orchestre ? A l'époque, observateurs et organes de presse qualifiaient ce dispositif de simple et cohérent. D'apparence trop technique, il est pragmatique et les résultats le prouvent : l'encours des crédits pour cette catégorie d'entreprises a doublé depuis la mise en place du dispositif, en passant de 6 à 11 Mds de dirhams. Des établissements bancaires comme Attijariwafa bank en ont même profité pour se fixer de nouveaux objectifs et produits qui, non seulement améliorent l'image de marque, mais permettent aussi d'être en accord avec la réglementation tout en tirant des avantages conséquents en matière de financement et de refinancement. La campagne de communication du groupe sur les montants alloués aux PME ne vous a sans doute pas échappé. Il suffisait d'y penser A posteriori, l'idée de BAM paraît si simple qu'on se demande pourquoi on n'y a pas pensé plus tôt. Elle concerne ce qui est communément appelé le collatéral, cet ensemble de garanties apportées par les banques commerciales pour emprunter auprès de BAM. Normalement, ces garanties sont constituées de bons du Trésor, pour des raisons de sécurité et de liquidité. Depuis quelques temps, le collatéral a été élargi aux titres de créances négociables pour fluidifier le circuit interbancaire. Et depuis un an, les banques peuvent également apporter des créances sur les très petites et moyennes entreprises (TPME) en collatéral. Ces entreprises doivent avoir un chiffre d'affaires de 175 MDH au maximum et des demandes de crédits ne dépassant pas 50 MDH pour être éligibles au dispositif. Cette mesure rend bien plus liquide ce type de créances et donne aux banques une plus large palette de moyens de refinancement, tout en encourageant les prêts aux PME. En gros, plus les banques prêtent aux petites entreprises, plus elles disposent de ressources bon marché, ce qui compense le risque sur cette catégorie d'entreprises et qui constitue l'un des deux freins aux crédits PME. De nouvelles avancées dans le dispositif Il s'agit maintenant d'asseoir cette stratégie en la crédibilisant auprès des partenaires économiques potentiels que sont la CGEM et le GPBM. Selon le gouverneur de BAM, deux réunions ont été tenues avec la CGEM, une troisième était prévue le 19 juin. Un deal tout aussi simple pour que l'élargissement du collatéral se confirme : BAM assure le financement des PME et la CGEM le soutien technique, l'expertise et les autres formations. Selon nos informations, il s'agirait de séminaires spécifiques tenus régulièrement pour des porteurs de projets sélectionnés par le GPBM. Mais attention, rien n'a encore été arrêté. Le GPBM tient lui aussi une série de réunions avec la Banque centrale pour trouver des pistes d'amélioration à ce système, surtout pour sa partie financière. Ensuite, il s'agira pour BAM de réunir les deux organismes autour de la table pour un accord commun sur la PME. Connaissant la rigueur de BAM, cet accord devrait être tout sauf théorique. Le vrai frein se trouve au niveau de l'entreprise Et c'est bien dommage ! Abdellatif Jouahri n'a pas manqué de rappeler que toutes les banques sont prêtes à accueillir les demandes des PME, mais ce sont ces dernières qui ne suivent pas. Garanties insuffisantes, projets non viables ou mal présentés ou tout simplement la «peur» de devoir rembourser un crédit sont autant de freins qui nous remontent du terrain. Ajoutons à cela le manque d'informations chez les porteurs de projets qui ne sont généralement pas au courant des dernières nouveautés des produits bancaires et le noeud prend forme. D'ailleurs, le GPBM est fortement attendu sur ces questions, car une bonne organisation en aval n'est pas suffisante si elle n'est pas bien expliquée à l'amont. BAM, meneur d'orchestre oui, mais l'on se heurte à une culture bancaire à développer rapidement et des garanties qui doivent être constamment revues à la baisse. Changer de perception prend du temps ! L'observatoire de la PME bientôt opérationnel C'est du moins ce qu'a assuré le gouverneur de la banque centrale à l'occasion de son dernier Conseil. Cet observatoire aura pour mission principale de collecter une information la plus large, la plus profonde et la plus juste possible sur le tissu économique des PME. Il sera mis à jour régulièrement afin de faciliter le suivi de l'évolution des entreprises et de donner aux partenaires financiers une information juste permettant d'adapter leurs offres et gagner en efficacité.