Le gouvernement veut porter la part du marché interne à 40% en 2020 contre 28% actuellement. Mais l'offre-produit dédiée est inadéquate ou insuffisante. Les touristes marocains sont désavantagés par rapport aux offres qu'on leur accorde au niveau national comparativement à d'autres pays comme l'Egypte, la Tunisie ou la Turquie où ils peuvent bénéficier de remises allant jusqu'à 60%. Le tourisme interne connaît une croissance régulière et soutenue ces dernières années. Il occupe le deuxième rang en matière de nuitées dans les établissements d'hébergement classés avec une part de marché de plus de 28%. Lahcen Haddad, ministre du Tourisme le répète souvent : «Le tourisme national est un chantier prioritaire de la vision 2020». Il veut le porter à 40% à l'horizon 2020. Toutefois dans un délai de 6 ans, cet objectif est-il réaliste et réalisable ? Ce marché présente certes des potentialités de croissance très prometteuses mais il reste impacté par différentes contraintes. Contrairement aux marchés émetteurs étrangers qui ont été pénalisés ces dernières années par la conjoncture défavorable, le marché domestique a maintenu le cap. Il a prouvé qu'il a atteint un certain niveau de maturité et qu'il reste une alternative sérieuse pour atteindre l'équilibre avec les autres marchés. Même si les autorités de tutelle affichent leur intérêt pour la promotion de cette cible, il n'en demeure pas moins que l'offre-produit dédiée reste souvent inadéquate ou insuffisante. Le scénario de l'année dernière le confirme. A part ceux qui ont réservé à temps, plusieurs familles n'ont pas pu trouver des disponibilités au cours du mois d'août 2013, certains ont payé le plein tarif ou le prix fort pour passer leurs vacances. Le même scénario devrait se répéter cette année surtout que le ramadan coïncide avec le mois de juillet. Les touristes marocains basculent vers les offres informelles qui sont monnaie courante, notamment dans les villes d'El Jadida, Essaouira ou Agadir «Généralement, les Marocains n'ont pas encore l'habitude de programmer à l'avance leur voyage. Ils optent à la dernière minute pour leurs destinations et cela peut causer des surprises de taille. Les hôteliers et les voyagistes travaillent fréquemment avec les TO qui négocient un prix très compétitif pour les étrangers. C'est ce qui explique cette différence de tarif», indique Abderrahim Mounchid, un voyagiste à Marrakech. Reste à préciser que les touristes nationaux sont toujours désavantagés par rapport aux étrangers. Le plan Biladi annoncé en grande pompe il y a quelques années, accuse un grand retard par rapport au calendrier initial. Il n'est dans les faits concrétisé que partiellement. Parmi les 7 stations programmées, seule celle d'Ifrane est opérationnelle. Le site d'Imri Ouaddar près d'Agadir ouvrira ses portes cet été, les autres notamment de Sidi Abed près d'El Jadida, ceux de Mehdia ou Ras el Ma près de Nador, de Oued El Maleh à Benslimane, Marrakech ou Tanger n'ont pas encore vu le jour. Elles sont en cours de chantier ou bien en phase d'étude alors qu'elles devraient être en activité à partir de l'année 2012. Même avec son achèvement, le plan Kounouz Biladi ne peut pas combler la demande des voyageurs marocains. Puisque l'offre des lits disponible serait nettement inférieure aux besoins. Kounouz Biladi décrié Le concept Kounouz Biladi qui se base sur les villages de vacances plein air, l'animation et les loisirs, les sites accessibles respectant le développement durable, ne correspond pas aux différents besoins des familles marocaines. L'offre-produit des sites touristiques au Maroc qui adopte le modèle international standard ne répond pas en général aux goûts et aux préférences des nationaux. Rares sont les hôtels qui lancent des produits typiques pour les Marocains. Toujours au niveau de l'offre, le pack Kounouz Biladi n'a pas trouvé l'engouement escompté puisqu'il ne concerne qu'une partie des sites touristiques voire des destinations qui ne sont pas très prisées au niveau national. Les prestations fournies par rapport aux tarifs ne correspondent pas le plus souvent au cahier des charges arrêté par le département de tutelle. «Il y a eu des réclamations sur les offres de Kounouz Biladi de la part de certains clients, mais auxquelles les autorités concernées n'ont pas donné suite», explique Nabil Haddaji, avocat au barreau de Casablanca et membre d'une association de protection des consommateurs. «Les touristes marocains sont désavantagés par rapport aux offres qu'on leur accorde au niveau national comparativement à d'autres pays comme l'Egypte, la Tunisie ou la Turquie où ils peuvent bénéficier de remises allant jusqu'à 60%», indique-t-il. Au niveau de la distribution des produits, il y a également un effort de promotion des différentes circuits. «Il n'y a que les personnes initiées qui font appel aux agences de voyages pour un séjour interne ou achètent carrément le produit désiré via Internet. C'est une culture qui n'est pas encore ancrée dans la mentalité du touriste marocain. Généralement, ce sont les réservations directes et à la dernière minute que préfèrent les nationaux. Le prix est parfois plus cher que la moyenne de l'année. Il est donc nécessaire de développer le circuit de distribution pour les nationaux», conclut Nabil Haddaj.