Pour l'heure, les exportations nationales en produits bio ont atteint plus de 12.500 tonnes, accusant globalement une progression constante, hormis certains produits (tomates, poivrons). La filière s'appuie sur un contrat-programme audacieux qui ambitionne de générer plus de 800 MDH de devises à l'exportation. Certes, le Maroc recèle de plusieurs avantages comparatifs révélés, mais tenus en bride par des lacunes auxquelles il est impératif de remédier. A la lecture du Contrat-programme de la filière biologique (Bio), on s'aperçoit que cette dernière pourrait contribuer à booster balance commerciale alimentaire du pays nettement déficitaire. Vu l'ambition de ce Contrat-programme qui table à l'horizon 2020 sur 800 MDH de devises générés à l'export par la filière Bio, il est naturellement concevable que cette dernière puisse contribuer un tant soit peu à rééquilibrer les comptes extérieurs. Au-delà de cet aspect purement macroéconomique, il y a lieu de rappeler que la demande mondiale en produits bio est en constante augmentation, ce qui révèle le potentiel de croissance des exportations nationales en la matière. D'après les chiffres du ministère de tutelle, les exportations marocaines en produits bio sont passées de 6.500 tonnes en 2005/2006 à plus de 12.500 tonnes actuellement. Ce qui montre la bonne tenue de la filière concernant les ventes à l'étranger. Toutefois, Allal Chibane, responsable des produits bio au ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime, contacté par nos soins, estime que ces deux dernières années ont été marquées par une contraction des exportations de tomates et de poivrons bio dans le bastion européen. Les principales raisons évoquées ont trait à la croissance timorée que connaît l'UE. Cela étant rappelé, l'avantage du segment bio sous l'angle des exportations est que les produits sont très prisés sur les marchés internationaux (en raison de leurs vertus sanitaires), ce qui accroît naturellement leur valeur marchande. Cela a sans doute conduit les pouvoirs publics à soutenir davantage cette filière de l'agriculture nationale dont la production dépasse aujourd'hui les 50.000 tonnes. Ainsi, dans le cadre du Contrat-programme, l'Etat s'engage à apporter un concours financier de 286 MDH à la filière, à l'horizon 2020. Une réelle montée en puissance Selon Allal Chibane, les produits bio transformés générant plus de valeur ajoutée ont particulièrement le vent en poupe à l'exportation. Pour cause, la demande mondiale connaît une forte progression. Le Maroc a quelque part tiré profit de ce dynamisme puisqu'il a vu ses exportations de produits bio transformés passer de 1.500 tonnes en 2009/2010 à 4.600 tonnes en 2011/2012. Ce qui équivaut à une progression de 67%. Pour rappel, les produits transformés concernent principalement les jus d'orange, les conserves d'haricots verts, de fraises, etc. Les principaux clients du Maroc restent les partenaires traditionnels que sont les pays de l'UE (Allemagne, France, Espagne, etc.). Cette physionomie des exportations remet en selle le débat sur les efforts de diversification des marchés à déployer afin d'accroître les exportations de la filière. D'autant plus que les pays d'Amérique du Nord (USA, Canada) comme ceux de l'Asie sont particulièrement friands de produits bio. Cette nécessité de conquérir de nouveaux marchés est aussi justifiée par le fait que le Maroc a des avantages comparatifs révélés en ce qui concerne les produits frais, d'après le responsable de la filière bio au ministère de tutelle. Par ailleurs, la montée en puissance du secteur est corroborée par le fait que d'après l'Association marocaine de la filière des produits biologiques (Amabio), les superficies cultivées en ces produits sont passées de 3.500 à 5.000 ha en l'espace de 4 ans (entre 2008 et 2012). Au demeurant, le Contrat-programme fixe un objectif ambitieux pour la filière, celui d'atteindre 60.000 tonnes de produits à l'export (à l'horizon 2020). Ce qui s'avère être un réel défi surtout si l'on sait que la contrainte majeure qui pèse sur les exportations des produits transformés reste la problématique du packaging (emballages appropriés aux produits bio). A ce titre, Allal Chibane déplore que l'huile d'olive bio marocaine soit en grande partie exportée en vrac, ce qui la prive de plus de valeur ajoutée. Au-delà des questions inhérentes à l'exportation des produits bio, le volet de la consommation locale reste non négligeable en raison d'une prise de conscience au niveau national des bienfaits des produits bio sur la santé. Ce qui est un argument de taille pour booster la demande domestique. Pour autant, nombreux sont les professionnels qui pointent du doigt l'absence de normes réglementaires spécifiques pour le marché local de produits bio. Car ce dernier continue d'être régi par les normes internationales, notamment celles de l'UE.