La nouvelle configuration du MSCI Frontier Markets, occasionnée par la sortie du Qatar et des EAU, va profiter au Maroc. Celui-ci voit sa pondération dans l'indice des marchés frontières se hisser aux alentours de 6,5%, et par la même occasion il devient plus visible sur les écrans des investisseurs étrangers. Les réformes structurelles entreprises pour redynamiser la Bourse de Casablanca et pour la moderniser arrivent à point pour accompagner cette nouvelle configuration. D'autant que les marchés frontières semblent attirer de plus en plus de fonds d'investissement en raison des rendements élevés qu'ils enregistrent. La récente sortie du Qatar et des Emirats arabes unis (EAU) de l'indice MSCI Frontier Markets (MSCI FM) et leur reclassification dans le MSCI Emerging Market (MSCI EM) est une aubaine pour le marché boursier marocain. En effet, les deux pays du Golfe représentaient, à eux seuls, un poids de 36,3% de l'indice, tandis que celui du Maroc se situait aux alentours de 4,5%. Suite à cette reconfiguration qui sera effective à partir du 2 juin 2014, le poids du Maroc dans l'indice MSCI FM qui compte 32 pays passe à près de 6,5%, le situant ainsi à la cinquième place, derrière le Koweït (30%), le Nigéria (20%), le Pakistan (6,8%) et l'Argentine (6,2%). Ce poids pourrait être amené à grossir davantage si, comme le laissent présager certains analystes, le Koweït et le Nigéria venaient à leur tour intégrer le MSCI EM. Outre ce rebalancing de l'indice MSCI FM qui confère au Maroc plus de visibilité et une meilleure représentativité auprès des fonds d'investissement, une nouvelle valeur marocaine a fait son entrée dans l'indice. Il s'agit de CGI qui, en intégrant cet indice, porte à neuf le nombre de valeurs qui y sont représentées : Maroc Telecom, Attijariwafa bank, Addoha, BMCE Bank, Managem, BCP, Wafa Assurance, Lafarge Ciments, et la CGI. Grâce à cette nouvelle composition, le Maroc devrait pouvoir bénéficier d'un regain d'intérêt de la part des investisseurs étrangers, ce qui pourrait augmenter les volumes traités sur la place de Casablanca. C'est en tout cas le souhait de Karim Hajji, Directeur général de la Bourse de Casablanca qui, dans une précédente déclaration, affirmait qu'avec la sortie du Qatar et des EAU du Frontier Market «un gestionnaire ne peut pas ne pas investir dans la Bourse de Casablanca», et que cette sortie «occasionnera un regain d'intérêt des fonds étrangers pour la place casablancaise». La sortie du Maroc de l'indice MSCI EM à la fin de l'année 2013, et son reclassement en marché frontière a, semble-t-il, déjà eu un effet bénéfique sur l'attractivité de la Bourse de Casablanca. Ainsi, la dernière note du CDVM relative à la ventilation des volumes de transactions sur le marché principal par catégories d'investisseurs, fait ressortir «une très forte hausse (+177%) des transactions réalisées par les personnes physiques étrangères» au premier trimestre 2014. De là à y voir un lien de cause à effet, il est encore trop tôt pour répondre. Toujours est-il que depuis le 1er Janvier 2014, l'indice MSCI Morocco a connu une hausse de 5,78%, passant de 266,6 à 276,24 points au 26 mai 2014, malgré une stagnation à partir de mars 2014. Nul doute que la nouvelle pondération du Maroc va être de nature à redynamiser le marché boursier marocain à compter des prochains mois. Même si pour l'instant, depuis l'annonce de l'entrée de la CGI dans l'indice MSCI FM, aucun mouvement significatif n'a été observé sur cette valeur. Aucun impact n'est à signaler ni en termes de volume ni en termes de variation de cours. Les marchés frontières séduisent de plus en plus Cette redynamisation pourrait être amplifiée par les réformes structurelles relatives à la modernisation du marché boursier entreprises cette année. Ainsi, la World Federation of Exchanges (Fédération internationale des Bourses des valeurs), dans une note sur le Maroc, souligne qu'un «certain nombre de mesures visant à stimuler le marché boursier a été introduite afin de permettre à la Bourse de Casablanca de réaliser son ambition de devenir un centre financier régional d'importance». La même note ajoute : «le statut du Maroc en tant que marché frontière peut générer de nouvelles opportunités pour attirer les investisseurs. D'autant que ces opportunités ne pourraient qu'être renforcées par la réussite du processus de réforme déjà en cours grâce à la motivation et l'implication des autorités et de toutes les parties prenantes». Voilà qui est encourageant et devrait inciter les pouvoirs publics à accélérer l'implémentation des réformes. Une autre opportunité importante pour la place financière casablancaise réside dans l'intérêt croissant des fonds indiciels pour les marchés frontières, par rapport aux marchés développés et aux marchés émergents. Les raisons sont multiples. Tout d'abord, la plupart des valeurs dans les pays développés sont devenues chères, ce qui conduit les investisseurs à retirer leur mise de ces marchés et à les placer dans des marchés moins coûteux (l'indice MSCI Frontier Markets se négociait à un PER de 13,6, soit bien moins que les 17,4 de l'indice MSCI World). Mais ce sont surtout les rendements proposés par les marchés frontières qui, aujourd'hui, poussent les investisseurs à se diriger vers ce marché qui, il y a encore peu, était considéré comme risqué. Ainsi, l'iShares MSCI Frontier 100, l'un des principaux fonds qui duplique les actions des marchés frontières, a enregistré au 20 mai 2014 une hausse de près de 14% depuis le 1er janvier. Une hausse sans commune mesure sur la même période avec celle de 2,7% pour l'iShare MSCI EM, principal fonds pour les marchés émergents. Cet écart de rendement significatif s'explique par le fait que les économies des marchés frontières connaissent des taux de croissance très forts en comparaison avec les économies développées ou émergentes. Globalement, de plus en plus d'investisseurs s'intéressent aux marchés frontières parce qu'ils ont tendance à être plus exposés à leurs propres économies qui se développent souvent rapidement, qu'à l'économie mondiale dont la croissance ralentit. Néanmoins, il n'en demeure pas moins vrai que certains aspects peuvent encore rebuter les investisseurs les plus prudents. C'est le cas notamment de la liquidité, de la taille relativement petite du marché, ainsi que de la volatilité.