A travers ma participation aux différentes éditions du SIAM, j'ai senti qu'il y a un fort développement. Le point qui m'a le plus marqué, c'est l'intérêt des petits exploitants pour l'événement. Il y a un changement important dans les mentalités : les fellahs deviennent plus connaisseurs et sont à la recherche des techniques et des produits innovants, bref des bonnes affaires. Alors qu'il y a quelques années encore, le SIAM était comme une foire pour faire une promenade. Désormais, ces exploitants profitent du salon pour bénéficier des offres promotionnelles sur le matériel agricole et les autres produits. Ils rencontrent les responsables et les experts pour discuter des problématiques du secteur. Autre fait marquant, la montée en puissance de l'agriculture solidaire. Je me souviens que lors de la première édition, les organisateurs avaient trouvé beaucoup de peine à réunir une vingtaine de coopératives, alors que pour l'actuelle édition, ce sont 300 qui sont présentes. Les femmes figurent en bonne place et cela démontre que les effets du Plan Maroc Vert commencent à se faire sentir. Des visiteurs étrangers de différents pays m'ont affirmé que le Maroc s'oriente dans le bon sens dans le domaine agricole. Il y a quelques années, lors du lancement du Plan Maroc Vert, certains ont parié sur son échec, à l'instar des autres stratégies qui l'ont précédé. D'autres n'ont vu dans le PMV qu'une opération de com' sans aucun effet tangible. Mais la réalité sur le terrain montre que le programme avance avec sérénité, couronné par des résultats concrets. Le succès du PMV, comme l'explique José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, qui a participé cette année au SIAM, est dû en grande partie au fait qu'il a été créé par les Marocains pour les Marocains. Les solutions importées ou clés en main dans le domaine du développement économique ou local ont montré leurs limites. L'agriculture pour le Maroc est un moteur de développement et un levier pour lutter contre la pauvreté. Il est question de choisir les programmes les plus adaptés. Au niveau des thématiques abordées au Salon, les débats ont également changé. Les sujets sont encore plus pertinents et les discours des intervenants plus pointus et plus proches de la réalité du secteur, de ses contraintes et de ses ambitions. L'une des particularités du SIAM est que l'on opte pour d'autres outils de communication. Ainsi, le mode de promotion des produits est complètement différent du marché classique. On n'y trouve pas ces attachés commerciaux BCBG avec costume-cravate, mais plutôt des professionnels qui savent communiquer avec les fellahs en darija ou en amazigh, tout cela dans une ambiance festive.