Le Groupe Bouygues, déjà présent au Maroc à travers Bymaro et Colas, a officiellement lancé Bouygues Immobilier Maroc. Le Français pose pied au Maroc à travers le projet Casa Anfa, mené par l'AUDA, avec la réalisation de 435 appartements et une tour de 16.000 m2. Eric Mazoyer, Directeur général délégué de Bouygues Immobilier, nous explique les prétentions de la filiale marocaine à court terme. Finances News Hebdo : Quels sont les tenants et aboutissants de votre arrivée au Maroc, première installation en dehors de l'Europe, et dans ce contexte plus particulièrement ? Eric Mazoyer : Il faut rappeler qu'en France, nous avons une position de leader en logements et bureaux, avec 32 implantations et 1.600 collaborateurs. Nous sommes également présents en Pologne, à travers une société de droit polonais et des collaborateurs à 90% polonais, mais également en Belgique. Aussi, nous avons été présents pendant très longtemps en Espagne et au Portugal, hélas la crise économique et financière qu'ont traversée ces deux pays a dicté un désengagement de ces deux marchés. Toujours en Europe, Bouygues Immobilier est présent en Allemagne. Ce rappel fait, je dirai que si nous sommes aujourd'hui arrivés sur le marché marocain, c'est en partie en raison de l'atonie du marché européen, l'économie étant au ralenti, donc le Maroc offre une opportunité dans la mesure où ce marché connait une forte demande en logements et où les conditions d'environnement économique semblent bien orientées. F.N.H. : Le secteur a enregistré également un ralentissement au Maroc comparativement aux évolutions d'il y a quatre ou cinq ans. Le moment vous semble-t-il propice pour une implantation ? E. M. : Il est vrai qu'il y a encore quatre ans, le taux de croissance du secteur au Maroc était supérieur à 5%, mais il continue actuellement à tourner autour de 3,5%, ce qui est en soit important en comparaison avec des croissances du secteur dans les pays européens comprises entre 0 et 1%. Ces éléments, combinés à des liens historiques forts entre le Maroc et la France et au savoir-faire de Bouygues Immobilier sont autant d'ingrédients propices à une offre innovante et différenciée sur Casablanca. F.N.H. : Depuis novembre, date de votre arrivée, au lancement officiel de Bouygues Immobilier Maroc actuellement, beaucoup d'articles et d'informations ont été diffusés sur votre premier chantier à Casablanca. Quels sont les détails de ce projet ? E. M. : L'immobilier est l'un des cinq métiers historiques du groupe, dont deux que sont la construction et les travaux publics déjà présents au Maroc, notamment à travers Bymaro et Colas, puis la télévision et les télécoms. Pour l'installation de Bouygues Immobilier, nous nous servons de cette présence au Maroc via Bymaro et Colas qui ont été associés à notre premier projet de réaliser 435 apparentements et une tour de 16.000 m2 dans le cadre du grand projet Casa Anfa mené par l'Agence d'urbanisation de développement d'Anfa (AUDA), filiale du groupe CDG. Le site de ce projet de reconversion de l'aéroport d'Anfa est très bien situé et très bien desservi et cela rejoint notre positionnement sur le haut de gamme. D'où le choix de démarrer notre activité au Maroc à travers ce grand projet. F.N.H. : Le foncier demeure la clé de voûte pour tout groupe immobilier. Aujourd'hui, quelles réserves foncières détient Bouygues Immobilier Maroc ? E. M. : Nous démarrons en toute humilité. Nous nous sommes implantés en Pologne il y a quatorze ans déjà et c'est le temps qu'il nous a fallu de passer de la ville à faire un projet en province. C'est pour dire que nous sommes des industriels qui ne venons pas au Maroc pour un projet, gagner de l'argent et plier bagages. Bouygues Immobilier Maroc se veut une implantation pérenne et industrielle. Ce premier projet nous permet de tester nos trois engagements, notamment la transparence, la sécurité et l'innovation dans le produit. Et si cela marche, nous allons démultiplier notre présence sur le Maroc tout en restant attentifs à l'environnement économique dans lequel nous évoluons. F.N.H. : Vous avez choisi Casablanca pour cette première expérience et il se trouve justement que la métropole devrait profiter d'un plan d'urgence, notamment sur le plan urbanistique... E. M. : L'un des éléments marquants de la demande de logements au Maroc est l'exode rural, donc l'arrivée massive des ruraux vers les centres villes ou l'urbain. A ce titre, il me semble que le plan de relance à la fois sur le logement social ou intermédiaire, est une décision propice pour permettre à toute une clientèle marocaine d'accéder à la propriété. Et par expérience, depuis 60 ans, pour le cas du groupe Bouygues, nous savons que le secteur résidentiel est une sorte de chaîne qui a besoin de tous ses maillons, à savoir le social, l'intermédiaire, le moyen de gamme, le haut de gamme... pour satisfaire des besoins différents. Pour notre cas, nous répondons à une demande de confort plutôt moyen et haut de gamme avec des standards internationaux. F.N.H. : Quel est votre plan d'investissement pour ce projet ? E. M. : L'opération globale de Casablanca Anfa représente pour nous un chiffre global de vente d'à peu près 750 millions de DH. Mais plutôt que de parler de chiffres, ce qui nous intéresse réellement, c'est de passer rapidement à 500 logements vendus par an, grâce à une stratégie de segmentation très précise avec laquelle nous pensons apporter une valeur ajoutée certaine. F.N.H. : Qu'en est-il de vos futurs développements ? E. M. : Nous restons concentrés sur l'axe Casablanca-Rabat au moins pour les dix années à venir, comme cela a été le cas en Pologne. Nous verrons comment nous pourrons accompagner les orientations du Maroc en matière de création de pôles urbains dans d'autres régions du pays. Mais pour l'instant, on se concentre sur Casablanca qui est la capitale économique du Maroc, et c'est là où il semble que nous pourrons réaliser notre ambition et notre rêve.