Le Centre d'études diplomatiques et stratégiques (CEDS-Dakar) et l'Observatoire d'études géopolitiques de Paris (OEG) viennent d'organiser, récemment à Dakar, une rencontre sur le thème «Contre-terrorisme, droits de l'Homme et sécurité : analyse de la crise dans la bande sahélo-saharienne de Tindouf au Nord-Mali». Un forum qui tombe à point nommé, à un moment où tous les regards sont fixés, non sans gravité, sur cette région qui reste soumise à une effervescence plutôt inquiétante. Charles Saint-Prot, directeur de l'OEG, Babacar Diallo, Directeur général du CEDS-Dakar et le chercheur sénégalais Abdou Latif Aidara, ont assuré la prestance de passer au scalpel le terrorisme. A l'issue de la rencontre, les participants ont adopté le texte de l'appel de Dakar pour un règlement du conflit du Sahara marocain. Le terrorisme dans le Sahel est sans doute le phénomène sur lequel les regards des experts commencent à se poser avec acuité. Il est devenu d'autant plus préoccupant que les gouvernements occidentaux, notamment américain et européens, en prennent la réelle mesure, suite aux tragiques événements qui ont déstabilisé le Mali il y a deux ans. Or, il ne peut y avoir de règlement de la question du terrorisme si le conflit du Sahara marocain n'est pas abordé avec une volonté de le mettre à plat. Le polisario, qui détient dans les camps de Tindouf des familles entières d'origine marocaine, constitue à coup sûr un élément déstabilisateur dans cette partie de poker que livre l'Algérie. La déclaration de Dakar du 17 avril, publiée par le CEDS et l'OEG, indique avec pertinence que «parmi les terroristes et extrémistes qui avaient pris le contrôle du septentrion malien en 2012 figurent des éléments du polisario recrutés dans les camps de Tindouf par les groupes terroristes sévissant dans la région, dont Aqmi, le Mujao et Ansar Dine». Elle met le doigt sur la plaie, à savoir qu'il existe de nos jours un «processus de radicalisation des jeunes séquestrés des camps de Tindouf», désespérés et sous la férule militaire algérienne. Cette dernière les conduit dans les bras des terroristes, «bombes à retardement» qui s'apprêtent à jouer les desperados. Le gouvernement algérien a inventé l'ambiguïté du mot «réfugiés de Tindouf», pour décrire ces Marocains ramenés de force, dans les fourgons militaires au lendemain de la Marche verte en novembre 1975. Il ne s'agit pas de réfugiés que l'Algérie accueille, mais bel et bien de séquestrés, forcés à survivre derrière les miradors de Tindouf et Lahmada. La preuve, c'est qu'elle s'est toujours opposée à la visite des responsables du HCR ( Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies) pour authentifier qui est ou non «Sahraoui» à Tindouf. Le problème se pose aujourd'hui dans sa totalité politique, humaine et stratégique. Pour lutter contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne, les Etats riverains, à commencer par l'Algérie, dont la frontière Sud demeure poreuse et livrée aux mouvements des groupes radicaux, il est nécessaire d'avoir un cadre minima d'entente, et celui-ci passe par le règlement du conflit du Sahara marocain et l'abandon impérieux par Alger de ses prétentions hégémoniques. Et comme l'ont souligné les participants au Forum de Dakar, le blocage à la paix et à la reconstruction de la région provient de l'Algérie !