De 2004, date de la première tournée royale en Afrique, à celle plus récente, le Maroc a rapidement renforcé sa présence sur les marchés africains, notamment subsahariens. Les investissements du Royaume en Afrique se chiffrent à 8,547 milliards de DH en 2011, contre 812 millions de DH seulement à fin 2003. La valeur des exportations vers l'Afrique est passée de 7,9 milliards de DH en 2008 à 17,7milliards en 2012. Mais le Maroc peut toujours mieux faire ! Lorgner vers l'Afrique ? Pas vraiment pour le Maroc qui en est une partie intégrante. Faut-il parler d'un retour aux sources ? Peut-être ! En tout cas, ce n'était pas un pari gagné au départ mais le Royaume poursuit sûrement et sereinement son développement politique, financier, économique et social vers le Sud du continent. Un pari pas très évident quand on connaît l'ambition du Maroc à intégrer économiquement l'Europe, couronnée par un Statut avancé et bientôt d'un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). Mais aussi parce que sous peu, le continent africain était, est toujours, la proie à des crises politiques qui rendent l'acte d'y investir risqué. Et pourtant, malgré tous ces facteurs et bien d'autres, dans la perspective de hisser la coopération avec les pays africains au niveau d'un partenariat stratégique agissant et solidaire, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a ouvert une voie royale depuis son accession au Trône, en multipliant les visites à de nombreux pays africains. Dès 2004, le Roi a effectué une première grande tournée officielle au Bénin, au Cameroun, au Gabon, au Niger et au Sénégal, donnant ainsi une nouvelle dynamique aux relations maroco-africaines et surtout relevant la place privilégiée de la coopération Sud-Sud dans la politique étrangère du Royaume, tant au niveau spirituel et politique qu'économique et financier. Huit mois seulement après la première tournée, la deuxième visite officielle du Souverain en Afrique a eu lieu du 21 février au 8 mars 2005 et a concerné le Burkina Faso, le Gabon, le Sénégal et la Mauritanie. Coopération, jumelage, accords de partenariats ou d'investissements... le Maroc avec ses secteurs public et privé a replacé le curseur vers l'Afrique ciblant ainsi des secteurs prioritaires. Cette orientation de la politique étrangère du Maroc vers l'Afrique a rassuré le secteur privé, notamment les télécoms et le secteur bancaire à investir dans différents pays de la région, facilitant par la même l'installation d'opérateurs marocains des industries pharmaceutiques, agroalimentaires ... Ce qui durant une décennie s'est traduit par une hausse annuelle moyenne de 44% de l'encours des investissements directs du Maroc vers les pays africains. Ces IDE se sont chiffrés à 8,547 milliards de DH en 2011, contre 812 millions de DH seulement à fin 2003. Les échanges commerciaux ne sont pas en reste. Ainsi, durant les cinq dernières années, la valeur des exportations marocaines vers le continent est passée du simple au double, soit de 7,9 milliards de DH en 2008 à 17,7 milliards de DH en 2012, et un taux de croissance moyen de 22,3% par an, durant les cinq dernières années. Une progression fulgurante quand on sait que ce taux pour l'ensemble des destinations est de 4,4% seulement. Notons que cette présence commerciale du Maroc est plus accentuée au niveau des pays subsahariens avec une valeur des exportations de l'ordre de 12,7 milliards de DH ! L'aspect de solidarité du pays avec les autres voisins du continent se veut aussi important, puisque le 20 juillet 2005, le Souverain s'est rendu au Niger où il a exprimé la solidarité du Maroc avec le peuple nigérien confronté aux conséquences de la sécheresse. A cette occasion, une aide alimentaire et médicale d'urgence a été mise à la disposition des autorités nigériennes. Un nouveau cap est à franchir Pour le Centre marocain de conjoncture, si la stratégie de pénétration déployée par le Maroc sur les marchés africains au cours des dernières années semble porter ses fruits, «la consolidation de cette tendance de fond nécessite, cependant, la conjonction de deux séries de facteurs. Au plus externe, il est fort recommandé de renforcer les investissements extérieurs du Maroc dans les pays africains partenaires, notamment subsahariens...». Le niveau d'investissement actuel est jugé en deçà des ambitions du Maroc. Ensuite, les conjoncturistes préconisent un effort d'investissement dans le secteur du transport pour accompagner cette dynamique commerciale. A noter à ce niveau là, que l'annonce du projet de liaison ferroviaire reliant les provinces du Sud et allant jusqu'à la Mauritanie se révèle des plus opportunes, se félicite le Président du CMC. Au-delà des liens historiques et naturels du Maroc avec l'Afrique, il est opportun pour le Royaume de consolider sa présence dans son continent qui est désormais pointé du doigt comme principal relais de la croissance mondiale. En effet, depuis près de deux décennies, l'Afrique a enregistré une progression soutenue. Et même si son taux de croissance est passé de 5,7% entre 2000 et 2007, à 3,8% entre 2008 et 2012, l'Afrique a vite repris du poil de la bête en 2013 avec un taux de croissance de 4,8% et un taux prévisionnel de 5,1% en 2014, selon le CMC. Avec un marché de 1 milliard d'individus, les perspectives de croissance sont bien réelles !