Le Conseil de Bank Al-Maghrib a rendu son verdict : au regard de la situation économique du pays, du contexte international, et de la balance des risques, le taux directeur reste inchangé à 3%. Le taux d'inflation observé pour l'année 2014 devrait se situer, quant à lui, aux alentours de 1,8%. En revanche, le taux de la réserve monétaire passe de 4% à 2% afin de soulager la trésorerie des banques. La première réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) pour l'année 2014 était très attendue par les observateurs, puisqu'elle allait nous donner les grandes orientations de la politique monétaire pour l'année en cours. Séance d'analyse et d'explication avec Abdellatif Jouahri en chef d'orchestre. Pas de pression sur l'inflation Au niveau des facteurs externes, le Conseil a établi que ces facteurs n'exerçaient pas de pressions sur les prix au Maroc. En effet, d'après A. Jouahri, «la reprise de la croissance dans les pays avancés, la demande extérieure des pays européens auxquels notre activité est corrélée, le niveau de l'inflation dans ces pays, ainsi que le comportement des marchés financiers donnent des éléments qui n'indiquent pas de pression sur l'inflation au Maroc». Le Conseil a également passé en revue les perspectives des prix des matières premières et de l'énergie, en se basant sur les données des organisations internationales. Il en ressort que les prix de ces matières et de l'énergie suivent une tendance à la baisse (pour 2014 un brent à 103 dollars et peut-être même un baril en dessous de 100 dollars en 2015). Ces prévisions confortent donc l'affirmation de BAM sur l'absence de pressions externes sur le niveau des prix dans le Royaume. Sur le plan interne, le constat est identique, et l'inflation semble bien maitrisée. La croissance pour l'année 2014 devrait tourner autour de 3%, avec une baisse du PIB agricole de l'ordre de 3%, partiellement compensée par une reprise du non agricole dont la progression est prévue autour de 4%. Sur le plan des finances publiques, le déficit du Trésor serait limité à 4,9% conformément aux éléments contenus dans la Loi de Finances. Toujours selon A. Jouahri, «ces éléments se confirment pour le mois de février», grâce notamment au système d'indexation mis en place en début d'année. Il ajoute que «la compensation devrait se limiter aux 32 milliards prévus par la LF». Sur le plan des comptes extérieurs, les données à fin février 2014 montrent une augmentation des importations de 3,8%, et une hausse des exportations hors phosphates de l'ordre de 7,6% (succès de l'industrie automobile). Les exportations de phosphates ont, pour leur part, accusé une baisse significative de 18%, et le déficit commercial s'est creusé de 4,7% par rapport à la même période en 2013. Dans ces conditions, et toujours selon BAM, l'encours des réserves internationales s'établit à fin février à 151 milliards de DH, soit 4 mois et 10 jours d'importations. Un niveau qui devrait se maintenir d'ici la fin de l'année. Le déficit du compte courant devrait lui se stabiliser à 7,5%. Concernant la sphère monétaire, le crédit bancaire est resté à son niveau moyen observé en 2013, c'est-à-dire une croissance de 3% et devrait connaitre une croissance de 4% à fin 2014. A. Jouahri n'a pas manqué, par ailleurs, de faire une allusion aux créances en souffrance qui atteignent en février 6,2% du total crédit (contre 6% à fin 2013). Il ne s'en alarme pas pour autant et «pense que sur l'année, cela ne va pas progresser de manière significative», tout en «exigeant que le provisionnement suive». Baisse de la réserve monétaire De manière générale, et compte tenu de tous ces éléments, BAM prévoit pour l'année 2014 un taux d'inflation de 1,8%, et un taux de 2,2% au terme de l'horizon de prévision, c'est-à-dire le deuxième trimestre 2015. Le Gouverneur conclut en affirmant «que nous restons dans l'objectif que s'assigne la Banque Centrale». Le Conseil de BAM a en outre décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 3%, compte tenu du fait que la balance des risques, bien qu'équilibrée, souffre encore de certaines incertitudes liées principalement à la situation géopolitique dans le monde qui peuvent peser sur les cours du pétrole (Ukraine, Libye, Moyen-Orient, etc.) L'autre raison qui explique ce maintien du taux directeur réside dans la fragilité de certaines composantes du régime de change, notamment le transfert des MRE, le tourisme, les phosphates, et les IDE. Enfin, le Conseil a décidé de réduire le taux de la réserve monétaire de 2%, le ramenant de 4% à 2%, pour soulager la trésorerie des banques. Une mesure salutaire eu égard aux besoins importants de liquidité sur le marché monétaire. Une baisse qui va dégager plus de 8 milliards de liquidité pour les banques, et à ce titre, A. Jouahri espère «que cela aura un impact sur le coût moyen des ressources des banques et que cela sera répercuté sur la clientèle».