International Paper et sa filiale CMCP (Compagnie marocaine des cartons et des papiers) inaugurent à Agadir une nouvelle onduleuse pour renforcer sa capacité de production. 55 millions de dirhams investis qui vont contribuer au dynamisme économique de la région du Souss. L'Afrique de l'Ouest est dans le viseur. La course à la certification et aux labels environnementaux se poursuit. Qui a dit que l'industrie au Maroc se portait mal ? Pour International Paper (IP), le géant américain du papier et de l'emballage, rien ne semble pouvoir arrêter sa belle aventure marocaine. Il poursuit sereinement sa stratégie de développement dans le Royaume, par le biais de sa filiale CMCP (Compagnie marocaine des cartons et des papiers). En effet, 7 ans après le rachat total de CMCP, et suite aux nombreux projets de modernisation des usines de Casablanca et de Kénitra, c'est au tour de l'unité d'Agadir de faire l'objet d'un investissement de plus de 55 millions de dirhams, portant sur l'acquisition d'une nouvelle onduleuse dernière génération. Cet investissement, selon les observateurs présents à la cérémonie d'inauguration de ce nouvel équipement, va donner un véritable coup de fouet au secteur du papier et carton. Il montre par la même occasion que le secteur secondaire au Maroc peut encore faire l'objet de beaux projets de croissance. Le moins que l'on puisse dire, c'est que International Paper ne fait pas dans la demi-mesure en matière d'investissement au Maroc. Sur les cinq dernières années, c'est un montant de près de 320 millions de dirhams qui a été mobilisé, essentiellement par un financement en fonds propres. Selon le top management du groupe, la stratégie d'investissement mise en œuvre est un choix structurel, avec une visée à long terme. L'objectif est double : d'une part, accompagner et anticiper les besoins qualitatifs des emballages, et d'autre part, renforcer la capacité de production pour répondre aux besoins de la région. Une région, celle d'Agadir en l'occurrence, qui a fait de l'export de fruits et légumes notamment, son socle de croissance et dont les exigences en conditionnement et en emballage de qualité se sont accrues. De 85.000 à 120.000 tonnes Livrer des tomates en Russie, comme le font déjà certains exportateurs de fruits et légumes, nécessite en effet des emballages de première qualité capables de supporter les aléas des longs voyages en containers. Tout comme la volonté de conquérir de nouveaux marchés pour ces mêmes exportateurs implique une plus forte capacité de production de la part de CMCP Agadir qui, grâce à cet investissement, va passer de 85.000 tonnes à 120 000 tonnes de cartons produits, renforçant ainsi sa position de leader sur le marché marocain. Le juteux marché africain est évidemment en ligne de mire, comme le confie Jean-Michel Ribieras, président d'IP Europe, Moyen-Orient, Afrique et Russie. Il estime que «le Maroc est notre plateforme pour l'Afrique de l'Ouest, un continent vers lequel nous exportons déjà directement 20 à 25% de notre production». Pour Mamoun Bouhdoud, ministre délégué auprès du ministre de l'Industrie, du Commerce, de l'investissement et de l'Economie numérique, «cet investissement d'envergure correspond aux «besoins d'un marché en pleine croissance» et contribue «au développement et à la modernisation des activités industrielles pour la région». Car le potentiel de croissance est immense si l'on se fie aux chiffres énoncés par le ministre: au Maroc, la consommation de papier et carton est de 15 Kg par an et par habitant, contre 200 en Europe, et 300 aux Etats-Unis ! Une marge de développement qui laisse rêveur. Le ministre n'a pas manqué de souligner cette opportunité, se réjouissant «de la confiance que IP place en l'industrie marocaine» et espère que cela donnera des idées à d'autres opérateurs internationaux pour venir investir au Maroc. D'autant que ce genre de déploiement industriel cadre parfaitement avec les divers plans structurants de l'économie marocaine, avec à leur tête le plan Halieutis, les plans Maroc Vert, et Emergence. Outre ces chiffres et ces perspectives florissantes, le groupe CMCP-IP, comme tout grand groupe industriel qui se respecte, cherche à communiquer sur ses vertus citoyennes, conscient peut-être d'évoluer dans un secteur ayant mauvaise presse auprès des défenseurs de l'écologie. Ainsi, CMCP-IP a comme souci majeur et constant d'apparaitre comme un acteur engagé dans le développement économique et social durable du Maroc. Un effort est fait en matière de recyclage puisque le groupe participe de manière active au recyclage du vieux papier dont il a transformé 70% de l'ensemble de la collecte sur le territoire marocain en un produit à valeur ajoutée. Une politique louable donc, qui contribue à la réduction de l'empreinte carbone au Maroc. L'engagement ferme pour le développement durable est devenu un argument de premier ordre pour les industries de transformation à l'heure où l'on parle de plus en plus de Responsabilité sociale et environnementale des entreprises. A ce sujet, IP s'est vu décerné le label CGEM pour la Responsabilité sociale de l'entreprise (RSE) en 2011. C'est la première fois que le patronat marocain accorde cette distinction à une entreprise d'emballage au Maroc. La prochaine étape, et non des moindres, est la volonté de qualifier les trois sites de production (Casablanca, Kénitra, Agadir) pour la certification FSC (Forest Stewardship Council). Il s'agit d'un label environnemental, de plus en plus demandé par les clients à l'international, et qui assure que la production de bois ou d'un produit à base de bois a respecté des procédures censées garantir la gestion durable des forêts.