Depuis que le système bancaire marocain pâtit du tarissement de liquidités (passage de 49 Mds de DH en 2012 à 78 Mds de DH à fin 2013), une frilosité des banques prédomine quant à l'octroi de prêts aux PME. Au demeurant, les deux mesures phares prises par BAM en juin et décembre dernier devraient commencer à faire leur effet en 2014. Renforcer le tissu des PME et des toutes petites entreprises (TPE) ainsi que leurs capacités financières devient un impératif dès lors qu'un pays ambitionne de se hisser au rang des pays émergents voire avancés. En effet, ces deux segments d'entreprises représentent la majorité des sociétés constituées dans la plupart des pays, à l'instar du Maroc. Ces entités sont pourvoyeuses d'une quantité d'emplois non négligeables, tout en constituant la force de frappe exportatrice du Royaume qui a pour dessein de tripler ses exportations en dix ans et de créer 380.000 emplois additionnels. De ce point de vue, il est évident que les PME et les TPE constituent une force motrice du dynamisme économique du pays. Cela étant, elles sont confrontées à une difficulté majeure connue de tous : celle de l'accès au financement pour leur trésorerie ou leur investissement qui conditionne parfois leur survie. Depuis que le système bancaire marocain traverse la période de vaches maigres, marquée par un déficit de liquidités structurel (passage de 49 Mds de DH en 2012 à 78 Mds de DH à fin 2013), une frilosité des banques prédomine quant à l'octroi de prêts aux PME. Cela est conforté par l'augmentation des taux débiteurs et des conditions draconiennes liées au système de garantie. Du côté de l'assureur Euler Hermès, on pointe du doigt le ralentissement du crédit octroyé au secteur privé (3,7% d'augmentation en 2013 contre 8% en 2012). Le plus inquiétant est que l'assureur érige le recul de l'accroissement du crédit comme un facteur de risque proéminent pesant sur l'économie nationale. Certains entrepreneurs ne cessent de déplorer les conditions qui entourent l'accès au financement, surtout quand il s'agit de jeunes PME ou TPE. Cela dit, l'année 2014 sonnera-t-elle comme une période qui marquera un accès plus facile des entreprises au financement ? Les attentes en 2014 Certaines institutions à l'instar du HCP et du CMC exhortaient BAM à mieux prendre en compte les objectifs de croissance du pays en plus de sa principale mission, celle de contenir l'inflation. Visiblement, ces appels ont fini par être entendus puisqu'à l'issue du dernier conseil de politique monétaire (décembre 2013), Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib, avait annoncé la mise en place d'un fonds de soutien aux PME et aux entreprises en difficulté. A ce titre, BAM souhaite élargir la base des entités éligibles au financement. L'objectif étant d'en faire bénéficier les sociétés réalisant un chiffre d'affaires jusqu'à 500 MDH. Le fonds sera approvisionné à hauteur de 1 milliard de DH et devrait être concrétisé dès le mois de janvier 2014. Afin de garantir sa pérennité, les banques nationales et les institutions internationales pourraient aussi être sollicitées pour y contribuer. Ce dernier devrait totaliser entre 3 et 4 Mds de DH en trois ans. Il est clair que ce dispositif permettra d'alléger un tant soit peu les tensions qui pèsent sur le financement des PME. Cela est d'autant plus important si l'on se réfère au dernier rapport d'Euler Hermès qui dresse le tableau des perspectives économiques du pays en 2014. Celui-ci tire la sonnette d'alarme sur l'augmentation des coûts salariaux unitaires (8% par an) à laquelle les entreprises nationales devront faire face. C'est ainsi que la Caisse centrale de garantie s'est engagée dans un nouveau plan (2013-2016) qui devrait atteindre sa vitesse de croisière en 2014 et ce, dans l'optique de s'ériger en rempart contre la problématique du financement des entreprises. La Caisse projette, dans le cadre de ce nouveau plan, le lancement d'autres nouveaux produits (transmission d'entreprises et le crédit-bail). Il s'agit aussi de garantir des prêts d'honneur à un taux d'intérêt de 0% pour accompagner les TPE dans la réalisation de leurs projets. Disposition phare Du point de vue de l'inflexion de la politique monétaire, il est certain que les quatre Conseils trimestriels tenus en 2013 par BAM n'avaient rien de révolutionnaire, puisque le taux directeur est resté inchangé (3%) ainsi que celui de la réserve obligatoire (4%). En revanche, le fait marquant afférent à nos propos est le renforcement du dispositif de financement des TPE et des PME annoncé par la Banque centrale en juin 2013. Certains analystes estiment, d'ores et déjà, que leurs effets devraient commencer à se faire sentir au courant de 2014, ce qui supposerait des financements plus accessibles pour les entreprises. Et pour cause, ce dispositif mis en place par BAM est pourvu de 8 Mds de DH. Il permet ainsi aux banques de mobiliser auprès de l'autorité monétaire des crédits sur 2 ans au lieu de 3 mois auparavant. Plus avantageux encore est le plafond des crédits qui est passé de 15 à 50 MDH (renouvelable sur 1 an). Les banques pourront ainsi se refinancer auprès de Bank Al-Magrhib à hauteur de 10% de l'encours global de crédits qu'elles auront accordé aux PME et TPE. Pour garantir le succès de ce nouveau dispositif de financement qui suscite beaucoup d'espoir auprès des entreprises, l'institution dirigée par Jouahri a échafaudé un système de sanction (pénalités) pour les banques ne respectant pas les règles du jeu. Même les petites entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 10 MDH pourront bénéficier jusqu'à 2 MDH de prêt. Au final, même si les évolutions récentes (du rapport trimestriel de BAM publié en décembre 2013) font ressortir une progression de 3,1% du crédit bancaire en augmentation par rapport au 3ème trimestre 2013, la hausse de celui-ci par objet économique sera encore plus grande en 2014, compte tenu de l'armada de mesures prises pour renforcer le financement des entreprises.