«La liberté dans son sens large», chez Galerie 38, offre à voir œuvres intimes et formes troubles. Par R. K. Houdaïfa
Ines Nour Chakroun est amour. Premier effet lorsqu'on picore des yeux les 25 tableaux accrochés aux cimaises de la Galerie 38. Des tableaux au fond souvent gai, sur lequel glissent ou flottent des formes instables, incapables de s'entendre entre elles et de faire corps. Ou peut-être même l'inverse, car beaucoup plus drôles, plus flippantes, beaucoup plus sérieuses et plus sexy. On sent la sûreté du geste, la rapidité de l'exécution. Une nana qui a une image en tête et qui la plie aux dimensions de la toile, instantanément. Chez Ines, tout est dans le trouble, dans l'incantation. La visite de l'exposition a la vertu cathartique d'une pièce de théâtre tantôt comique, tantôt dramatique. Les œuvres, nettement séparées par un accrochage qui ménage entre elles de longs espaces blancs, y délivrent chacune des secrets bien gardés et des fantasmes à peine avouables. «Ines Nour Chakroun tente à travers son exposition d'exprimer, selon Tania Chorfi, organisatrice de l'exposition, son état d'esprit, ses sentiments et son monde intérieur». Quoiqu'elle ait été initiée à l'art plastique dès l'école primaire, elle n'a décidé de peindre pour la première fois qu'après le décès de sa grand-mère. Elle ressentit le besoin impérieux de s'extérioriser, d'exorciser ses tourments et son mal-être par le truchement des formes et des couleurs. Ladite disparition l'a fortement marquée et lui a ouvert le champ des possibles. Dès lors, à aucun moment Ines n'a abdiqué son rêve : celui de devenir artiste et de faire de l'art son métier. Maintenir le cap, c'est tout le mal que nous lui souhaitons.