Les Industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (IMME) constituent un pan important du tissu industriel national (16%). Toutefois, le niveau des exportations reste timoré. A cela s'ajoutent des incertitudes liées à la récente mesure anti-dumping appliquée à la tôle laminée venue d'Europe. Les IMME constituent un secteur structurant voire primordial pour le développement du tissu industriel local. Cela peut facilement être conforté par le fait qu'elles se situent en amont de toute industrie, mais aussi par l'éventail de domaines qu'elles englobent. A ce niveau, il convient de citer la sidérurgie, la fonderie et les éléments métalliques indispensables pour la fabrication des avions, des biens frigorifiques et de manutention. Leur contribution à l'économie nationale est aussi non négligeable. Pour rappel, elles avaient réalisé un chiffre d'affaires de 54 Mds de DH en 2012. Le secteur représente près de 16% de l'industrie nationale. Tout en générant 88.000 emplois (plus de 10% des emplois industriels), les IMME ont engendré 7 Mds de DH en exportation. Faible présence sur les marchés internationaux Du reste, ce chiffre à l'export reste particulièrement timoré, et le secteur risque d'être rudement secoué par la récente décision d'appliquer des droits anti-dumping sur la tôle laminée importée d'Europe. Il est sans conteste qu'une plus large part de marché au niveau international serait un relais de croissance important pour les IMME. Et pourtant, il ressort des chiffres disponibles que la part des exportations du secteur en Europe brille par sa faiblesse. En 2011, elle n'était que de 0,06%. De l'avis de certains professionnels, ces contre-performances sont la résultante de certaines défaillances qu'ils jugent structurelles. Il s'agirait entre autres, du faible nombre d'entreprises exportatrices (moins de 200 sur 1.620). Face à la forte concurrence turque, chinoise, ou encore tunisienne, il est clair que les investissements sont peu consistants. Les chiffres du ministère de tutelle font état de 3 Mds de DH, ce qui est faible par rapport à ceux des concurrents directs du pays. Le facteur «investissement» se révèle primordial dans cette filière puisqu'il conditionne d'une certaine manière l'innovation. D'ailleurs, en se penchant sur la structure des exportations sidérurgiques, on s'aperçoit qu'elle est dominée par les produits bruts au détriment de ceux transformés. L'autre élément qui interpelle aussi est la mise à l'écart de la filière dans le Pacte national d'émergence industriel. Et pourtant, l'ambition du secteur est de porter son chiffre d'affaires à 70 Mds de DH en 2015 avec des exportations plus importantes en valeur. Afin d'y arriver, il est clair que la mise en place du Contrat-programme, réclamé par la Fédération représentant ce secteur, est une condition sine qua none. Cela dit, les exportations de la filière concernent principalement le marché européen (Espagne, France, Hongrie, etc.) et l'Afrique. Toutefois, des débouchés à fort potentiel pour les exportations subsistent. Il s'agit notamment des pays comme la Suisse, les Emirats Arabes Unis et l'Allemagne. Cela a sans doute justifié la participation des professionnels du secteur au Salon Intersolar de Munich (Allemagne) en juin 2013, sous l'égide de Maroc-Export. De l'avis de certains experts, le marché de la sous-traitance internationale recèle aussi un gisement de croissance important pour le tissu métallurgique marocain et pourrait avoir un fort effet de levier sur les investissements. A ce stade, il ne serait pas inopportun de rappeler l'opération de promotion menée par Maroc-Export avec les professionnels lors du Salon Midest qui s'est tenu en novembre 2013 à Paris. Ce rendez-vous est le plus grand salon de sous-traitance industrielle au monde. La présence d'opérateurs nationaux à ce rendez-vous a été une véritable fenêtre d'opportunités pour présenter l'offre marocaine aux acheteurs et donneurs d'ordre potentiels. Outre les contraintes structurelles évoquées plus haut, l'irruption d'une nouvelle donne fait peser d'autres contingences sur les IMME. L'incertitude prédomine L'enquête menée par le département du commerce extérieur sur requête de Maghreb Steel aurait révélé que le géant mondial de l'industrie sidérurgique, ArcelorMittal, pratiquerait du dumping sur les tôles laminées à chaud exportées au Maroc. Une telle pratique a conduit à appliquer provisoirement une surtaxe de 29,12% sur ces produits (droits anti-dumping). Pour sa part, ArcelorMittal récuse catégoriquement les mobiles ayant conduit à l'application de ces pénalités. Le groupe évoque une erreur manifeste concernant cette décision et entend apporter des preuves justifiant sa politique de prix loyale sur le marché marocain. Pour mémoire, le géant sidérurgique détient plus de 32% du capital de Sonasid qui produit de l'acier au Maroc. Dans ces conditions, il est clair que le groupe profite quelque part de l'instauration de cette protection tarifaire décrétée par le département de tutelle. Mais de l'autre côté, ArcelorMittal exporte aussi vers le pays et ce, par le biais de ses filiales européennes. Ainsi, ces pénalités provoquent une situation inconfortable pour son activité dans le Royaume. Pour l'heure, le secteur métallurgique national est foncièrement marqué par ces récentes mesures anti-dumping visant à protéger Maghreb Steel qui, au passage est le seul producteur local de tôle laminée à chaud. Cette décision en faveur de Maghreb Steel continue de faire des remous au sein des professionnels. Et pour cause, certains tablent, d'ores et déjà, sur une hausse des prix. A cela s'ajoute le caractère complexe de la filière qui obéit parfois à de longs processus de transformation. Pour beaucoup, il serait plus opportun de remédier aux défaillances chroniques, en l'occurrence la faible production de ferraille (nécessaire à la production d'acier) et surtout le coût prohibitif de l'électricité. Car ce qui intéresse les industries de produits finis (automobile, aéronautique, etc.), c'est d'avoir accès à des produits dont le prix est compétitif. A ce niveau, seule la variable prix fait la différence et peu importe l'origine du produit (importé ou national). A vrai dire, les mesures de sauvegarde ne peuvent que ponctuellement protéger le secteur de la concurrence internationale. De plus, le risque est la survenance d'un appel d'air poussant d'autres industriels du secteur à réclamer les mêmes protections, ce qui ouvre la porte à des velléités protectionnistes.