« Le secteur de la métallurgie est le plus touché par la baisse de la production industrielle (-61%). Cette baisse est essentiellement due à une frénésie d'importations d'acier, essentiellement en provenance d'Europe où la sidérurgie connaît une crise profonde», c'est le résultat de l'enquête publiée par Bank-Al-Maghreb en juillet dernier. L'invasion des produits importés met en colère Maghreb Steel. Rappelons que les importations de tôle galvanisée et de laminé à froid ont augmenté respectivement de 225 % et 238 % entre 2011 et 2012. Ce qui a engendré pour l'entreprise une perte sur cette période évaluée à 500 millions DH. «Combien de temps pourra encore tenir Maghreb- Steel dans ces conditions ? », s'insurge le fleuron de la sidérurgie marocaine qui estime que tarder à prendre des mesures anti-dumping nécessaires, met en péril la survie de l'entreprise. Cette requête fait suite aux résultats de l'enquête ouverte par le ministère de tutelle sur demande de Maghreb Steel en novembre 2012 et confirment le dumping sur les importations provenant des pays de l'Union européenne (UE) et de la Turquie. Dans ce sens, le communiqué précise que «si le volet investigation est bouclé, aucune décision n'a été prise à ce jour, malgré de nombreuses lettres de rappel insistant sur le caractère d'urgence des mesures à adopter». Et de poursuivre. «De plus, les ventes des mois de juillet et août ont été catastrophiques et on s'attend à ce que la reprise en septembre ne bénéficie qu'aux importations». L'entreprise rappelle que face à cette situation, la direction n'a eu d'autre choix que de licencier 350 employés en août. «Si les mesures anti-dumping venaient à tarder, ces licenciements pénibles et douloureux devraient continuer et l'usine connaîtra des périodes d'arrêt plus ou moins longues, voire un arrêt total de l'activité», prévient Maghreb Steel. Pour l'entreprise, aujourd'hui, le gouvernement a la responsabilité de préserver le plus important investissement industriel privé jamais réalisé au Maroc, vu que les actionnaires et les organismes financiers ont joué leur rôle en maintenant leur confiance et en assurant le maintien de l'activité en dépit d'une conjoncture défavorable. En effet, pour achever son énorme programme d'investissement tout en résistant aux effets destructeurs de la crise mondiale, Maghreb Steel avait procédé à une augmentation de capital, le faisant passer de 900 millions de dirhams à 2, 4 milliards de dirhams. Parallèlement, les bailleurs de fonds ont confirmé leur soutien par la signature début août d'un protocole d'accord engageant les 6 banques regroupées autour d'un consortium. Cela avait permis à l'entreprise de résister un certain temps à l'invasion des produits importés. Maintenant , elle ne peut résister pour longtemps et prévient que «tous ces efforts resteront vains si l'Etat ne décide pas de prendre des mesures immédiates pour la sauvegarde de cette industrie»