◆ Une forte nuance existe entre les ouvrages se situant au nord d'Oum Errabiî et ceux du sud. ◆ Les prochaines pluies et la fonte des neiges devraient augmenter davantage les réserves hydriques.
Par C. Jaidani
Il y a quelques mois, le Maroc frôlait la catastrophe hydrique. Les deux années successives de sécheresse ont impacté sensiblement les réserves en eau des barrages. Certains ouvrages sont devenus quasi vides. D'autres affichaient des niveaux très inquiétants. Dans des périmètres irrigués comme Souss, il a été décrété le rationnement de l'irrigation, et Agadir a décidé la coupure d'eau potable entre 22 heures et 6 heures. Actuellement, les réserves en eau enregistrées au 13 janvier 2021 atteignent environ 7 milliards de m3 , soit un taux de remplissage de 44,2%, alors qu'elles affichaient une semaine auparavant 5,8 milliards de m3 . Ce niveau reste en deçà de celui enregistré au cours de la même période de l'année dernière et qui avait culminé à 7,68 milliards de m3 , soit un taux de remplissage de 49,3%. Mais tout laisse présager que le déficit hydrique va être absorbé, voire remonter pour dépasser à terme la barre des 60%. Une source du ministère de l'Equipement indique que «la pluviométrie ayant touché le Royaume la semaine dernière était exceptionnelle et les apports en eau affichaient un record. Elle a apporté pas moins de 1,2 million de m3 pour les barrages, soit plus de 20% des réserves en eau ou près de 8% des capacités de stockage». La même source indique que «la situation va encore s'améliorer dans les semaines à venir sous l'effet des pluies et aussi de la fonte des neiges qui ont enregistré, elles aussi, des chutes records. La demande en eau pour l'irrigation sera très faible à cause de la baisse des températures et les exploitations affichent un niveau d'humidité des sols très élevé». Dans le détail, plusieurs barrages ont vu leur stock atteindre les 100%, mais ils sont de petites tailles, se remplissant le plus souvent par les crues. Ce qui n'est pas le cas pour les grands ouvrages où la situation est nuancée selon leur emplacement. Ainsi, pour les barrages situés au Nord de Oum Errabii, la situation se présente sous de bons auspices. Pour ceux au sud, le niveau reste insuffisant. Le barrage Al Wahda, le plus grand du Royaume, sur oued Ouargha près de Rhafsay, totalise des réserves de 2,25 milliards de m3 , soit un taux de remplissage de 64%. Idriss 1er affiche des stocks de 714,2 milliards de m3 , soit un taux de 63,2%. Sidi Mohamed Ben Abdallah est à 620 millions de m3 , soit un taux de 63,6%. En revanche, celui d'Al Massira ne dépasse guère 329,5 millions de m3 , soit un taux de remplissage de 12,4% seulement. Bine Al Ouidane est à 255,2 millions de m3 , soit un taux de stockage de 21%, Mansour Eddahbi enregistre des réserves de 94,4 millions de m3 , soit un taux de 21,2%, et Youssef Ibn Tachfine cumule 80 millions de m3 , soit un taux de 24,4%. Les apports en eau des dernières pluies ont eu un effet bénéfique non seulement sur les réserves des barrages, mais également sur les nappes phréatiques qui ont frôlé le tarissement dans certaines régions. L'amélioration de la situation hydrique donne beaucoup de visibilité aux agriculteurs, qui espèrent une bonne saison agricole pour oublier rapidement les effets pervers des deux précédentes saisons.
20 nouveaux ouvrages à l'horizon 2027 Le Maroc veut renforcer le nombre de barrages. Il prévoit d'en lancer 20 nouveaux d'ici 2027. Ils auront une capacité de stockage de 5,38 milliards de m3 pour être portée à 21 milliards de m3 à la fin des travaux. L'enveloppe budgétaire allouée à cet investissement est de 115 milliards de DH. Reste à noter que le Maroc dispose actuellement de 145 barrages de grandes tailles et de 250 de petites tailles.