Par 163 voix, alors que la majorité requise est de 97, le Maroc a été élu membre des 14 pays qui représenteront l'Afrique au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Sa présence dans cette instance signifie sa volonté de contrecarrer les campagnes d'hostilité de l'Algérie, élue également, sur le dossier des droits de l'Homme. Ce n'est ni une surprise, ni un fait isolé, mais le résultat d'une longue et laborieuse offensive diplomatique menée par le Maroc, au niveau des instances de l'ONU, et des délégations diplomatiques. Il s'agit de l'élection du Maroc au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies. Il convient de rappeler qu'en 2006 déjà, il y avait siégé en double qualité de membre fondateur et de vice-président de ce Conseil. Cette semaine, il s'est présenté, comme candidat du Groupe africain, et a obtenu 163 voix, la majorité requise ayant été 97, lors de ce scrutin à bulletin secret. Il s'agissait de renouveler le Conseil comprenant 14 sièges au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Les membres sont élus directement et individuellement par les représentants des 193 Etats membres de l'Assemblée générale des Nations Unies. Confronté à l'activisme de l'Algérie qui a été également élue, le Maroc ne pouvait être isolé et écarté d'une institution où l'essentiel des débats porte sur les droits de l'Homme. Un domaine où, fort justement, il ne cesse d'être mis en cause depuis quelques années par la «machine de guerre» algérienne. Il s'est imposé et affirme sa détermination à défendre ses acquis en la matière. Ce deuxième mandat du Maroc, au sein de ce Conseil, qui est basé à Genève, constitue toutefois un succès de sa diplomatie. L'Assemblée générale a procédé à l'élection de 14 nouveaux membres dont 4 pour le groupe Afrique, 4 pour les Etats d'Asie-Pacifique, 2 pour les Etats d'Europe orientale, 2 pour les Etats d'Amérique latine et des Caraïbes et 2 pour les Etats d'Europe occidentale et autres Etats. Dans le délicat équilibre que constitue ce partage, la présence du Maroc au sein d'une telle instance est significative. Elle illustre sa volonté de rétorquer aux campagnes insidieuses du gouvernement algérien qui, depuis 2008, s'acharne sur le Maroc et concentre ses tirs en particulier sur la question sensible des droits de l'Homme. Talon d'Achille du Maroc au Sahara il y a quelques années, cette question a pourtant connu un dénouement heureux, avec la volonté affichée de SM Mohammed VI de la régler dès son accession au Trône en 1999. On se rappelle qu'un ministère des droits de l'Homme avait été institué pour apurer ce contentieux, lié aux sinistres «années de plomb» et promouvoir la nouvelle conception que le Souverain avait proposée. Une instance «ad hoc», l'Instance d'équité et de réconciliation (IER) avait été créée, présidée par un ancien détenu politique, Feu Driss Benzekri, et s'était attelée à la tâche difficile de restaurer la paix des cœurs et d'organiser les réparations et les préjudices causés pendant les années précédentes, au grand dam de l'éthique humaine. Des émissions avaient été organisées à la télévision, dans les radios où l'on voyait défiler les anciennes victimes des violations des droits de l'Homme, détenus ou proches, témoigner avec une émotion poignante sur les sévices subis. Des jours qui ont duré l'éternité en fait, le Maroc vivant des instants exceptionnels de son Histoire ! La réconciliation des Marocains avec leur Histoire avait aussi cette dimension pédagogique, assumée, de part et d'autre, par l'Etat et les victimes, sous l'égide du Souverain qui avait à cœur d'enterrer définitivement ce sinistre dossier hérité des «années de plomb» et dont l'homme qui les incarnait, entre autres Driss Basri, avait été limogé dès novembre 1999. Après le ministère des droits de l'Homme et l'évolution positive que ces derniers ont connue, un Conseil national des droits de l'Homme lui a été substitué dont la mission assignée est la promotion des droits sous le nouveau règne qui est à la gouvernance ce que le pilier est à l'édifice. Dans cette affaire, SM le Roi a tenu à s'impliquer, avec, dans chacun de ses discours, la référence aux droits humains, aux droits économiques et sociaux, aux droits de la femme et de l'enfant qui sous-tendent une exigence démocratique. En la matière, en effet, le Maroc est devenu une référence au fur et à mesure que la page des violations est tournée et que le droit de mémoire est exercé. La communauté mondiale s'est félicitée des avancées sur les droits de l'Homme ! Comment, dans ces conditions, ne pas être choqué lorsque les dirigeants algériens, tout à leur hargne, se mettent à instrumentaliser le thème des droits de l'Homme et de leur prétendue violation par le Maroc au Sahara, corrompent des membres de la Minurso, fomentent des complots, financent les désordres à Lâayoune par l'intermédiaire des sympathisants du polisario au Sahara même. Avec cette flagrante contradiction : si les droits de l'Homme et les libertés n'étaient pas respectés au Sahara, comment les sympathisants auraient bénéficié, paradoxalement, de latitudes aussi évidentes pour descendre dans la rue, saccager les bâtiments publics, s'attaquer impunément aux forces de l'ordre, les agresser explicitement, les provoquer au vu et au su de tout le monde ? C'est SM le Roi qui, dans son discours du 6 novembre, a prévenu : «comment les droits de l'Homme au Maroc pourraient être exercés dans le Nord du pays et pas dans le Sud», autrement dit dans les provinces du Sud ? C'est dire qu'il n'y a pas deux poids, deux mesures ! Surtout que les campagnes menées par le gouvernement algérien contre le Maroc pèchent par mauvaise foi et une volonté rédhibitoire d'instrumentaliser les droits de l'Homme, notamment aux Nations Unies. Or, l'élection du Maroc au CDH/ONU constitue une première étape pour qu'il demeure mobilisé, déterminé à ne laisser à ses adversaires aucune chance de fourvoyer l'opinion mondiale.