La question taraude les esprits, interpelle les opinions publiques du Maroc et de l'Algérie et ne laisse pas indifférentes les chancelleries occidentales : Y a-t-il un risque de confrontation entre le Maroc et l'Algérie, suite à la semaine de tension qui a caractérisé leurs relations ? Il est annoncé, ici et là dans la presse algérienne, que le rappel en consultation de l'ambassadeur du Maroc en Algérie est une manœuvre ! Certains titres, comme «Al Watan», relayant les commentaires fielleux d'autres titres, et l'APS (Agence Presse Algérie), s'en sont donné à cœur joie à leur rituelle et hargneuse littérature propagandiste. Le fait qu'un Marocain se soit permis d'arracher le drapeau algérien, lors d'une manifestation devant le consulat algérien à Casablanca, pour protester contre les propos belliqueux de Abdelaziz Bouteflika à l'égard du Maroc semble relancer l'antienne d'une presse algérienne, entièrement embrigadée : l'APS ne croit pas à un fait isolé, ce serait donc un acte de provocation fomenté, ni plus ni moins, par les autorités marocaines. A telle enseigne qu'à son retour à Alger, l'ambassadeur marocain a reçu la «protestation officielle» des autorités algériennes qui ne croient pas à un «incident isolé» ! Le Maroc, par la voix de l'un des ses hauts responsables, s'est efforcé d'expliquer le rappel de son ambassadeur qui obéit à une traditionnelle procédure : «Rappeler, a affirmé ce dernier, (et non retirer) son ambassadeur, pour avoir des explications, est une pratique connue qui ne dure qu'une période donnée. C'est ce que nous avons fait». Et d'ajouter que le Maroc «prendrait toujours des mesures contre ceux qui essayent de toucher à son intégrité territoriale» ! Ce que les dirigeants algériens et leur presse semblent occulter, c'est que le citoyen marocain qui a arraché le drapeau l'a fait, certainement, sous le coup de la rage et de l'expression d'un patriotisme qu'il ne mesure pas. Le fait qu'on en arrive, d'ailleurs, à ce niveau de tension – entre les deux Etats pour commencer- semble à coup sûr leur échapper. Ils feignent ignorer qu'à la longue, la duplicité et le double langage de l'Algérie à propos de l'affaire du Sahara ont fini par épuiser la patience du peuple marocain qui assiste, depuis trente-huit ans maintenant, aux manœuvres dilatoires du gouvernement algérien. Le peuple marocain, dans toutes ses composantes, reste fortement attaché à l'intégrité territoriale de son pays, et le Sahara constitue pour lui à la fois un symbole et sa raison d'être. Jusqu'ici, les provocations algériennes – c'est bel et bien de cela qu'il s'git -, se sont cantonnées à la presse, aux lobbies pro-algériens, à certaines associations, mais jamais elles n'ont été à ce point proférées aussi ouvertement par un membre du gouvernement, encore moins par le chef de l'Etat algérien. En adressant un message aux participants de la conférence d'Ajuba (Nigéria), dont l'objectif, outre la réaffirmation du soutien au polisario, est de discréditer le Maroc et de demander l'élargissement de la mission de la Minurso à la question des droits de l'Homme, autrement dit, entraver la souveraineté marocaine en la matière. Il a ainsi déplacé les termes du conflit sur un terrain qu'il a cru mettre à profit : les agissements violents à Lâayoune de jeunes «sympathisants» du polisario, dont personne ne doute désormais qu'ils reçoivent des financements et un soutien logistique de l'Algérie, pour se livrer à des actes de barbarie et provoquer les forces de l'ordre ! Des actes de violences sont programmés à chaque visite de Christopher Ross, émissaire spécial de l'ONU au Sahara. Ils tendent au même objectif : provoquer les forces de l'ordre, les inciter à réagir et à déployer leur force, souvent d'ailleurs pour se prémunir et se protéger, offrir de la sorte la possibilité à la presse étrangère de prendre et publier des photos sélectives et partiales, enfin accréditer l'idée que le Maroc, ses forces de sécurité, sa police pratiquent la répression à l'encontre des sympathisants du polisario et, donc, violente les droits de l'Homme ! D'aucuns n'ont hésité à exploiter politiquement cette dimension des droits de l'Homme, notamment les ONG espagnoles qui reçoivent des subsides de l'Algérie et qui sont devenues la principale source d'information des journaux. N'est-ce pas d'ailleurs dans ce contexte que s'inscrit la tentative de la présidente de la Fondation Kennedy de mener campagne, depuis un an maintenant, contre le Maroc aux Nations unies. N'est-ce pas le sens de la tentative orchestrée, en avril dernier, avec l'appui de Susan Rice, ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, et de l'Algérie d'introduire un texte sur de prétendues «violations des droits de l'Homme au Sahara» avec, à la clé, le vote d'une Résolution du Conseil de sécurité condamnant le Maroc ? C'est l'intervention personnelle de SM Mohammed VI auprès du président Obama et le déploiement d'une campagne diplomatique d'explication qui ont mis fin à cette campagne insidieuse et mensongère. Le Maroc s'oppose à la tentative, téléguidée par l'Algérie, d'élargir la vocation de la Minurso en y intégrant la pseudo «surveillance du respect des droits de l'Homme au Sahara» ! Il argue, à juste titre, d'un faux problème, dès lors que la problématique des droits de l'Homme au Maroc est réglée depuis des années, notamment à travers un apurement mené à l'échelle nationale, à travers l'IER, un ministère des Droits de l'Homme même, il y a quelques années, et du CNDH (Conseil national des droits de l'Homme). Après l'intervention de SM Mohammed VI, le Conseil de sécurité de l'ONU n'a, évidemment, pas retenu le projet de résolution en question, et le Maroc s'est senti conforté dans sa position. Cependant, il a pris conscience de la détermination de ses adversaires, notamment de l'Algérie, prompts à faire feu de tout bois pour entraver le processus de règlement politique du dossier du Sahara. Les derniers propos du président algérien, dévoilant une hostilité désormais affichée du pouvoir algérien, s'inscrivent dans cette campagne anti-marocaine. Le Maroc semble vouloir jouer la carte d'apaisement, sans toutefois transiger sur les principes, notamment le respect de son intégrité territoriale. C'est la diplomatie des petits pas, mais la veillée d'armes...