Sur la base des dernières données disponibles des échanges extérieurs à fin août 2013 et selon les calculs de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), l'évolution du dirham par rapport aux deux principales monnaies composant son panier se serait traduite par un allègement de la balance commerciale de 1,5 milliard de dirhams. L'année 2014 pourrait toutefois être plus volatile sur le marché de change. Entre espoir de reprise économique en Europe et hypothétique arrêt de la politique monétaire accommodante aux USA, le cœur du Dirham vacille. Quels enjeux pour la rentrée ? Le Dirham est indexé à un panier constitué de deux devises, avec une part importante de la monnaie unique (4/5ème) par rapport au billet vert (1/5ème). Une telle structure permet à la monnaie nationale de conserver une position relativement stable par rapport à la monnaie européenne, et c'est ce qui est recherché par les autorités monétaires. Cela dit, les pressions risquent de s'intensifier les années à venir. Selon la DEPF, «la reprise de l'économie mondiale reste fragile, cinq années après le début de la crise. La zone Euro sort de la récession et semble s'inscrire dans une trajectoire de reprise. Le dynamisme de l'économie américaine se consolide et la croissance des économies émergentes reste soutenue malgré un certain ralentissement». En somme, si le ciel s'éclaircit petit à petit chez les économies développées, il s'assombrit chez les économies émergentes, ce qui est à même de réduire le pouvoir d'achat de ces économies. La croissance de l'économie mondiale devrait ralentir à 2,9 % en 2013 après 3,2% en 2012 et 3,9% en 2011. La reprise, attendue pour 2014, portera la croissance à 3,6%, selon les prévisions du FMI. L'OMC prévoit une croissance modérée du volume du commerce mondial, à 2,5% en 2013 et pas plus de 4,5% en 2014, toujours inférieure à la moyenne de 5,4% des 20 dernières années. Parallèlement, après avoir marqué une forte volatilité sur les dernières années, les cours des matières premières se sont atténués en 2013, suite au ralentissement de la demande mondiale et à l'amélioration des conditions de l'offre des principaux produits. Incertitudes économiques et volatilité des changes font bon ménage Depuis le début de l'année 2013, les marchés de change internationaux ont été marqués par des fluctuations importantes. Les incertitudes entourant les perspectives économiques et financières de la zone Euro, les fluctuations du marché du travail aux Etats-Unis et les pronostics autour des assouplissements quantitatifs de la FED sont autant d'éléments qui expliquent ces variations permanentes. Sur les neuf premiers mois de l'année, la parité euro-dollar s'est située, en général, à des niveaux proches de ceux de 2012, avec une moyenne de 1,32 dollar contre 1,28 dollar enregistrée l'an dernier. Son évolution a été marquée par trois tendances distinctes. En effet, jusqu'au début de février, la monnaie européenne a connu une forte appréciation face au Dollar avant d'atteindre le 17 mars dernier son niveau le plus faible depuis le début de l'année, avec un taux de 1,28 dollar. Toutefois, un retour à l'appréciation de l'Euro a été observé depuis le mois d'avril, relevant même le cours de la monnaie unique à 1,35 dollar vers la fin du mois de septembre. «Ce retour à l'appréciation de l'Euro provient notamment de la sortie de récession de la zone euro avec une progression du PIB de 0,3% au deuxième trimestre, et des perspectives, selon la BCE, d'une amélioration graduelle de la situation financière de la zone Euro avant la fin de l'année», selon la DEPF. La monnaie européenne resterait, toutefois, fragilisée par la probabilité de baisse de volume d'injections de capitaux par la Fed avant la fin de l'année. Par ailleurs, l'appréciation (2% en août) du Dirham face au Dollar aurait induit un allègement de 1,5 milliard de dirhams du solde des transactions effectuées en Dollar et la dépréciation (0,46%) face à l'Euro, une dégradation de 225 millions de celui facturé en euro. Tout porte à croire que la sortie progressive de la récession en Europe devrait à nouveau peser sur le Dirham en 2013. Un effet qui, il faut le souligner, sera moins important que si le régime de change était totalement flottant.