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Croissance et emploi : Faut-il un régime de change fixe ou flottant ?
Publié dans Finances news le 28 - 09 - 2006

* Le Dirham a besoin de flexibilité pour résister aux chocs externes.
* La contre-performance des exportations marocaines est due principalement au comportement des taux de change.
La Banque mondiale dans son dernier mémorandum publié dernièrement juge que «le régime du taux de change au Maroc favorise la faiblesse de la croissance et accentue le niveau du chômage».
Ainsi, selon l'organisme financier international, «le régime de change du Maroc peut être qualifié de «fixe» : le Dirham varie à l'intérieur d'une marge de fluctuation de plus ou moins 2% par rapport à l'Euro. La monnaie marocaine est officiellement rattachée à un panier de devises dominé par l'Euro, mais qui inclut aussi le dollar américain et d'autres devises. Le poids de chaque devise reflète la structure du commerce marocain».
Une étude récente du FMI sur le régime de change du Maroc apporte des conclusions diverses pour ou contre la modification du régime des changes actuel, à partir d'une analyse théorique ou historique. «Les considérations portant sur l'intégration économique (surtout vis-à-vis de la France et de l'Espagne) ou sur la faible volatilité provenant des chocs des termes de l'échange, plaident modérément en faveur de la poursuite d'un régime de change fixe», indique l'étude. En revanche, «les considérations portant sur l'intégration financière, le besoin de flexibilité pour répondre aux chocs externes, les appréhensions non fondées à l'égard d'un régime de change flottant et le faible niveau de l'inflation, militent pour l'adoption d'un régime de change flottant». En termes de résultats, les conclusions sont aussi mitigées. Selon la BM, «ce régime a permis de réduire la volatilité du Dirham, mais il a aussi favorisé de faibles taux d'inflation, accompagnés de surplus de comptes courants, d'une progression des flux d'investissements étrangers et avec des réserves externes d'un montant confortable. Mais en même temps, la faible croissance persiste, associée à un chômage élevé. Et si la piètre performance des exportations marocaines (et de la balance commerciale) ne peut être expliquée totalement par les mouvements des taux de change réels, la légère dépréciation récente du Dirham a démontré qu'elle était insuffisante pour stimuler les exportations et réduire les importations».
Et outre, il n'existe pas de profond désalignement du Dirham, mais la compétitivité vis-à-vis de ses concurrents, dont la monnaie est rattachée au Dollar, a reculé.
L'appréciation du Dirham en termes réels depuis le début des années 80 a été en grande partie effacée depuis 2001 par une dépréciation réelle de l'ordre de 11% , sans pour autant avoir retrouvé son niveau du début des années 90.
«La dévaluation nominale de 5% du Dirham en avril 2001, consécutive à l'augmentation du poids de l'Euro dans le panier de devises, a permis de compenser partiellement les pertes de compétitivité enregistrées depuis le début des années 90. La compétitivité bénéficie aussi de l'inflation modérée au Maroc. Ainsi, la contre-performance des exportations marocaines entre 2001 et 2004 serait due principalement au comportement des taux de change», indique-t-on dans le mémorandum.
Cependant, plus récemment, «la monnaie marocaine s'est appréciée vis-à-vis des monnaies de ses concurrents de la zone Dollar : 10% en 2004 par suite de l'augmentation du salaire minimum et pas moins de 10% par suite de l'appréciation réelle de l'Euro par rapport au Dollar en 2005 », ajoute la même étude.
Des considérations sur les politiques commerciales et financières actuelles et futures plaident pour l'adoption d'un régime de change flexible. Selon le FMI, sous le régime actuel, il existe une forte probabilité de non-alignement du taux de change dans le futur : (a) la libéralisation et la diversification croissantes des échanges commerciaux peuvent se traduire par une dépréciation du taux de change réel d'équilibre, surtout dans le court terme, en raison de l'impact sur les prix intérieurs, (b) avec la libéralisation du compte de capital, les différentiels de taux d'intérêt (ainsi que la volatilité des entrées/sorties de capitaux qui s'en suivent) deviennent des déterminants essentiels du taux de change réel d'équilibre dépréciation/appréciation ; (c) les entrées toujours plus importantes des envois de fonds des travailleurs à l'étranger et les recettes touristiques sont des facteurs d'appréciation du taux de change réel ; et (d) les réformes structurelles, en provoquant une hausse relative du prix des biens non échangeables liée à l'accroissement de productivité peuvent se traduire par une appréciation du taux de change réel (effet Balassa-Samuelson).
«Ces forces contrastées en termes d'appréciation/dépréciation du taux de change réel devraient en diminuer la volatilité. C'est un point positif pour la diversification productive, car une forte volatilité peut interférer négativement sur la croissance et le rythme du processus d'auto-découverte», indique la même étude. «Il n'est donc pas évident de prédire laquelle de ces forces prédominera avec une politique passive, et il est difficile de prédire si l'adoption d'un régime de taux de change flexible permettra ou non d'aller vers une appréciation ou une dépréciation réelle du Dirham», ajoute la même source.


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