* De nombreux efforts sont encore nécessaires pour sapprocher de lobjectif ambitieux de prospérité partagée en Méditerranée. * Meda aura montré de sérieuses limites La Chambre de commerce britannique au Maroc a organisé récemment une table ronde consacrée à laide européenne aux PME marocaines. «2006 va voir le Maroc souvrir davantage à létranger avec notamment lentrée en vigueur des accords de libre-échange», a expliqué Jean-Luc Rizzo, éditeur des publications de la Chambre britannique ; et dajouter que «lUnion européenne joue un rôle important au Maroc. Ses différents programmes daide implémentés dans le domaine industriel ont pour objectif de moderniser le système économique afin de dynamiser les échanges commerciaux et daméliorer lattractivité du pays pour les investisseurs étrangers». Bruno Dethomas, chef de la délégation européenne au Maroc, a souligné lors de cette rencontre que «le Maroc et lUE vont entrer dans une nouvelle ère de coopération. Un autre programme dassistance va se substituer à MEDA». Il a indiqué que «lUE est engagée avec le Maroc par un accord dassociation et avant tout un accord de bon voisinage», et de préciser que «lUE a toujours apporté son soutien aux différents projets de réformes, notamment sur le plan financier». «Une contribution qui, a-t-il dit, a trait à plusieurs volets comme la qualité et lefficacité du système». Pour rappel, lUE a initié plusieurs programmes de soutien comme le programme de la formation professionnelle pour les secteurs du textile, du tourisme et des NTIC, le programme dappui aux institutions privées marocaines et aussi le programme daide aux associations professionnelles. La coopération de l'UE cherche à intégrer l'ensemble des instruments financiers dans le cadre d'une politique générale de réformes structurelles, indispensables à la transition institutionnelle et économique des partenaires méditerranéens vers l'association à l'UE. Le volet dédié à la création dune zone de prospérité partagée met ainsi laccent sur le développement, laccélération du rythme de la croissance socio-économique et la réduction du gap de développement dans la région euro-méditerranéenne. Pour rappel, depuis laccord de Barcelone, il y a aujourdhui une masse critique daccords dassociation qui permet dencadrer les relations de lUnion avec la quasi-totalité des pays méditerranéens, même si le rythme de mise en uvre actuel ne rend pas réaliste lobjectif affiché de 2010 pour une zone de libre-échange régionale. La libéralisation commerciale des échanges suivie par les pays méditerranéens au cours des dix dernières années est effective. Elle a conduit à une réelle pénétration des produits de lUE sur les marchés des pays de la rive Sud. Le Maroc en est un exemple patent. Le tarif nest pas larme exclusive de protection. On assiste à une prise de conscience générale de limportance des normes et des réglementations techniques dans les échanges internationaux au niveau des pays partenaires méditerranéens (PPM) et plus récemment des pays du Sud de la Méditerranée. De nombreux efforts, européens comme méditerranéens, sont encore nécessaires pour se rapprocher de lobjectif ambitieux de prospérité partagée en Méditerranée, défi né à Barcelone. Le scénario idéal du partenariat consisterait à parvenir à enclencher une dynamique vertueuse comparable à celle observée dans les PECOs les plus avancés : louverture commerciale appelle des réformes institutionnelles daccompagnement pour renforcer le dynamisme du tissu productif local et, de facto, la compétitivité du pays; ces évolutions renforcent lattractivité de la zone pour les investissements ; cet ensemble de facteurs concourt à la compétitivité de léconomie et in fine à la croissance. Dans cette optique, un saut qualitatif de la relation dassociation est nécessaire au cours de la décennie à venir, pour en faire un véritable modèle de développement régional. Pour sa part, Latifa Echihabi, directeur général de lAgence nationale de la promotion des PME (ANPME), a prôné «un développement des métiers mondiaux du Maroc sur trois piliers essentiels, à savoir le textile, lagroalimentaire et les industries de transformation». Cest dailleurs dans ce cadre que sinscrit le programme «Emergence» qui compte mettre à profit les opportunités majeures de la délocalisation, impulser le développement de nouveaux métiers et secteurs, stimuler la croissance et repositionner les secteurs structurants tout en anticipant les évolutions futures. Tenant compte de la nécessité d'assurer la préservation d'un environnement macroéconomique stable et de poursuivre le travail à long terme sur des chantiers transversaux structurants pour l'économie, la nouvelle stratégie industrielle nationale repose sur quatre piliers fondamentaux relatifs au développement de nouveaux métiers de délocalisation de services, la création de zones de sous-traitance industrielle orientées export vers lEurope, la modernisation et la relance des piliers existants et laccélération de la modernisation compétitive. Latifa Echihabi a toutefois précisé que «tous les secteurs peuvent participer à la croissance à condition que tous les acteurs sengagent dans le processus». «Il faut aller vers les niches où le Maroc a un avantage et peut avoir plus dimpact», a-t-elle indiqué, et de souligner que «lANPME a mis un dispositif concret et cohérent pour soutenir la PME qui sarticule sur deux volets : lun financier et lautre technique». «Pour ce faire, a-t-elle précisé, il faut se baser sur le référentiel des pays qui ont réussi leur mutation». Latifa Echihabi a néanmoins reconnu «lutilité des fonds bilatéraux, notamment européens, qui ont soutenu la politique de mise à niveau du Royaume». Elle a, par ailleurs, appelé à «la refonte de larsenal existant aujourdhui qui, a-t-elle précisé, a montré ses limites». «Le Foman, a-t-elle déclaré, sest soldé par des résultats faibles», et de sinterroger sur «ladaptation des mécanismes de fonctionnement de ces fonds avec lenvironnement de la PME marocaine». Dans son intervention, Hammad Kassal, président de la Fédération des PME, a affirmé : «lappui de lUE est très important. Le nouveau programme va nous permettre une nouvelle génération de soutien». Hammad Kassal a évoqué à cette occasion «les difficultés pour laccès de la PME à laide européenne». Il a, par ailleurs, appelé au respect de la bonne gouvernance dans les projets financés par lUE et a donné à ce sujet lexemple du crédit Chamal qui a connu un échec, et pour cause, a révélé Kassal, «ce crédit destiné essentiellement pour faire face à la culture du cannabis et limmigration clandestine na pas obtenu de résultats tangibles». Il a précisé que «sur les 50 dossiers, seuls trois ont pu honorer leurs engagements et rembourser leurs crédits».