Après leur partenariat à l'international, Schneider Electric et Cisco s'allient en matière de gestion énergétique de l'hébergement des datacenters et de leurs infrastructures. Le point avec Noureddine Aouda, vice-Président IT, Building, Partner Business Units de Schneider Electric. Finances News Hebdo : Quel est l'objectif du partenariat finalisé entre Schneider Electric et Cisco Systems ? Noureddine Aouda : L'objectif du partenariat est celui de répondre aux problématiques d'optimisation liées à la gestion globale des infrastructures Datacenter (bâtiments, gestion de l'énergie, fonctions informatiques,...) et mettre à disposition une offre commune qui accompagne la performance des organismes de façon durable. Ce partenariat stratégique s'appuie sur les expertises des deux constructeurs pour créer une offre différenciatrice sur le marché en associant l'architecture EcoStruxureTM de Schneider Electric, qui intègre son offre InfraStruxure for DataCenters, et l'offre UCS Manager de CISCO. En effet, cette association permettra de combler le gap entre l'informatique et les installations physiques. F. N. H. : Concrètement, comment votre solution combine informatique et installation physique ? N. A. : La gestion de l'énergie et de la durabilité est importante pour les clients. Il existe des dépendances étroites entre les installations, le datacenter et l'informatique. L'offre de Schneider Electric en matière de gestion de datacenter est StruxureWare for Data Centers. Elle est composée de produits de gestion des installations de datacenter (DFCM, Data Center Facility Management), de produits de gestion des infrastructures de datacenter (DCIM, Data Center InfraStruxure Management), de tableaux de bord généraux et d'interfaces avec les produits de gestion des services informatiques (ITSM, IT Service Management). Ces solutions sont les suivantes : Gestion des installations de datacenter : Ce produit gère les systèmes électriques, mécaniques et de sécurité assurant l'alimentation, le refroidissement et la surveillance du datacenter. Ce système utilise intensément l'analyse et le calcul de tendance de l'alimentation et fournit des données précises servant, par exemple, à négocier avec la compagnie d'électricité. Un autre exemple d'utilisation pourra être la surveillance de la boucle mécanique afin de permettre aux gestionnaires de l'installation de contrôler le débit et les températures des tuyauteries. Gestion de l'infrastructure du datacenter : Elle gère les opérations du datacenter, telles que la gestion des stocks (qu'est-ce qui se trouve dans mon datacenter et dans mes baies ?) la gestion de la capacité (à quel moment serai-je à court d'alimentation, de refroidissement, d'espace, etc. ?) l'aide à la décision (quand dois-je faire un nouvel investissement, ou dois-je placer le prochain serveur ?) les scénarios prédictifs (que se passerait-il si...) la gestion du changement (programmation des ordres de travail) Gestion des services informatiques : La gestion des services informatiques (ITSM ou services informatiques) est une discipline permettant de gérer les systèmes des technologies de l'information (informatique). D'un point de vue philosophique, elle est axée sur l'idée qu'a l'utilisateur de la contribution de l'informatique à l'entreprise. L'ITSM s'oppose catégoriquement aux approches technocentristes de la gestion de l'informatique et des interactions dans l'entreprise. L'ITSM s'occupe en général du «back office» ou des aspects opérationnels de la gestion des technologies de l'information (quelque fois appelée architecture opérationnelle). Elle n'est pas concernée par le développement des technologies. Gestion de l'énergie et de la durabilité : Lorsque nous parvenons à faire interagir ces domaines d'ordinaire cloisonnés, nous pouvons réaliser des économies d'énergie et optimiser celle-ci dans ces trois domaines. L'état actuel et les progrès réalisés sur ce point sont suivis sur des tableaux de bords généraux qui traduisent les programmes techniques en valeur commerciale. Dans ce contexte, les responsabilités sont claires : Schneider Electric se charge de la gestion de l'énergie au niveau du datacenter et Cisco de la gestion du service informatique. F. N. H. : Qu'en est-il de l'efficacité énergétique, notamment en ce qui concerne le refroidissement des datacenters ? N. A. : La haute densité et la virtualisation font du refroidissement un élément essentiel dans le domaine de l'informatique. Et pourtant, les solutions de refroidissement restent difficiles à appréhender. Il est essentiel de définir la solution de refroidissement la plus adaptée car cela permet de garantir la disponibilité et de contrôler les coûts énergétiques. Les stratégies de confinement des datacenters permettent de rendre les systèmes de refroidissement des datacenters considérablement plus prévisibles et plus efficaces. La plupart des datacenters sont cependant limités à certains types de stratégies de confinement. L'adoption de l'une des approches, qu'il s'agisse du confinement des allées froides ou des allées chaudes, permet de réaliser des économies d'énergie et de bénéficier d'autres avantages, tels qu'une plus grande disponibilité. Ainsi le confinement de l'air apporte, en général, de nombreux avantages à un datacenter existant. Sa fiabilité augmente avec l'éviction des points chauds. Le confinement peut empêcher le mélange de l'air chaud et de l'air froid ce qui permet d'assurer une température plus basse et uniforme de l'air en entrée, pour les équipements informatiques afin de réduire les points chauds. En outre, la densité de puissance des baies (racks) peut être améliorée grâce à l'élimination de la recirculation de l'air chaud. Après le confinement et l'étanchement des orifices pour éliminer les chemins de recirculation de l'air chaud, les densités de puissance des racks peuvent être augmentées sans avoir à craindre les risques de points chauds. La capacité de refroidissement sera alors augmentée en augmentant le «deltaT» (c'est-à-dire la différence de température entre l'alimentation en air froid et l'air de retour chaud) à travers les unités de refroidissement. La capacité de refroidissement peut être améliorée de 20% ou plus. De ce fait, les économies d'énergie au niveau du système de refroidissement sont améliorées puisqu'il est possible de fermer les unités de refroidissement devenues redondantes. Il s'agit là du résultat de la séparation efficace des flux d'air chaud et froid à l'aide d'un système de confinement de l'air. F. N. H. : Que proposez-vous pour les projets des villes dites «intelligentes» en termes d'installations et de services ? N. A. : Aujourd'hui nous voulons relever le défi de produire une énergie intelligente afin de permettre une croissance intelligente en Afrique. Les solutions de Schneider Electric visent à accroître la quantité d'électricité disponible en Afrique avec des investissements limités. Avec la solution Smart Cities (Villes intelligentes), Schneider Electric réunit les technologies nécessaires pour améliorer l'efficacité des systèmes urbains et fournir une «efficacité urbaine». En modernisant le réseau existant, en développant les énergies renouvelables, en exploitant l'immense potentiel solaire dont l'Afrique bénéficie chaque jour, et en aidant les sociétés, les industries et les autorités publiques à accroître leur efficacité énergétique, l'approche Smart Cities offre des résultats visibles et mesurables à court terme et à faibles investissements. C'est ce dont les villes ont besoin. La solution Smart Cities permet ainsi de réaliser jusqu'à 30% d'économies d'énergie, de réduire de 15% les pertes d'eau et de diminuer de 20% les temps de déplacement. Elle offre des avantages sociaux et économiques importants. F. N. H. : Compte tenu des impératifs de développement durable ne serait-il pas plus adéquat d'aller vers des solutions plutôt de virtualisation que d'infrastructures physiques ? N. A. : La virtualisation des serveurs permet de réduire sensiblement les besoins d'énergie des équipements informatiques. Elle permet presque toujours de réduire fortement le nombre de serveurs installés. L'élimination d'un serveur est une mesure structurelle de réduction de la consommation qui permet de gagner 200 à 400 W, selon la technologie. Le gain de consommation par serveur éliminé est donc considérable et l'économie globale réalisée sur 10 ans par cette mesure structurelle est nettement supérieure au coût du serveur proprement dit. L'abstraction du réseau physique, du serveur et des sources de stockage, a rendu l'outil informatique beaucoup plus facile à utiliser et à faire évoluer au rythme des besoins. La virtualisation est, en effet, devenue le moteur technologique qui sous-tend le Cloud Computing lui-même. Bien que les avantages de cette technologie et de ce modèle de prestation de service soient bien connus, compris et de plus en plus mis à profit, leurs effets sur l'infrastructure physique du datacenter (DCPI) sont moins compris.