Du 25 août au 15 novembre 2013, le navire militaire néerlandais HNLMS Rotterdam effectue le déploiement «Africa Winds» avec des unités embarquées des Pays-Bas et des nations partenaires. Le navire mouille au port de Casablanca depuis le 1er septembre. Le point avec Jean-Hubert Hulsker, Capitaine de vaisseau, commandant du navire. Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous présenter les capacités du navire Rotterdam et ses fonctions ? Jean-Hubert Hulsker : Le navire mesure 166,2 m de longueur avec une capacité de 14.250 tonnes. Il a une autonomie d'un mois. L'équipage propre au navire est composé de 150 personnes, mais pour ce déploiement nous serons 600 personnes à bord, parce que nous avons aussi des marines hollandais, des USA, du Royaume-Uni et d'Espagne. La première fonction de ce navire est le débarquement, c'est-à-dire débarquer les fusilliers marins (marines) sur les plages partout dans le monde, soit avec les bateaux de débarquement, soit avec les hélicoptères. F. N. H. : Quelles seront vos prochaines destinations après Casablanca ? J. H. H. : Au cours de ce déploiement de trois mois, nous naviguerons principalement le long des côtes de l'Afrique de l'Ouest. La prochaine étape est le Sénégal, puis nous irons au Ghana, Bénin, Nigeria pour terminer avec le Cameroun. F. N. H. : Quel est l'objet de votre visite au Maroc ? J. H. H. : Au cours de ce déploiement, nous avons trois objectifs principaux. Le premier est d'entrainer nos propres forces, composées de 350 fusilliers marins et l'équipage, essentiellement sur la protection du débarquement et aussi s'entrainer à pouvoir rester dans les pays où nous avons débarqué. Dans ce cadre, il y aura ce qu'on appelle «Jungle Entertainment». Le deuxième but est de partager notre expertise avec les pays que nous allons visiter, visant à améliorer leurs capacités maritimes. Cela se fait dans le cadre d'un programme américain intitulé APS (Africa partnership station). Le troisième but est de travailler nos relations diplomatiques et économiques avec les pays visités. Nous allons promouvoir les industries des pays embarqués, principalement la Hollande. Ainsi l'escale du navire hollandais Rotterdam entre dans le cadre de ce qu'on appelle maintenant «les 3D depuis la mer» : défense, développement et diplomatie. Du point de vue défense, nous sommes un navire militaire, donc nous sommes là pour échanger notre savoir-faire militaire. Du point de vue développement, nous sommes présents pour faciliter le contact pour l'industrie, surtout en servant de plateforme. Et enfin, les militaires sont un peu diplomates. Ainsi, le commandement du navire entretient des contacts avec les autorités locales et les autorités civiles, en bénéficiant de l'aide de l'ambassadeur hollandais. F. N. H. : Concrètement en quoi consiste le programme de votre APS ? J. H. H. : Notre déploiement AW13 (Africa winds 2013) est un déploiement international en support de l'initiative américaine APS pour apporter l'expertise à certains pays, en matière de défense maritime. Mais, en pratique ce sont surtout des navires européens qui exercent cette mission. Les Français et les Espagnols sont très actifs à ce niveau et parrainent les pays africains pour construire des forces marines efficaces. Je précise que le déploiement AW13 n'est pas une mission de lutte contre les pirates, comme Ocean Shield ou Atalanta. AW13 est dirigé vers la construction d'une capacité maritime régionale, et l'amélioration de la sécurité maritime en Afrique de l'Ouest et au Golfe de Guinée. F. N. H. : Le Maroc n'appartient pas à l'Afrique de l'Ouest pourtant vous l'avez choisi pour votre première escale. Cela reflète-t-il les relations spéciales qui réunissent le Maroc et la Hollande ? J. H. H. : Les relations entre nos deux pays datent depuis plus de 400 ans et nous connaissons beaucoup de choses sur la culture marocaine. Par ailleurs, un nouvel accord à caractère militaire vient d'être conclu. Il nous permettra de faire plus d'exercices communs. Le meilleur exemple, très récent, de la coopération entre les deux pays est la construction en Hollande des nouvelles frégates de type «sigma». Nous voyons deux exemples derrière nous. Les équipages marocains de ces deux frégates ont été formés aux Pays-Bas et maintenant ces navires de guerre naviguent fièrement sous le pavillon marocain. F. N. H. : Avez-vous prévu des exercices avec la Marine Royale marocaine ? J. H. H. : Nous aurons plusieurs exercices avec la marine royale marocaine. Nous accueillons des élèves officiers marocains à bord. Aussi, au moment du départ, nous effectuerons un exercice avec les corvettes sigma. Nous avons aussi programmé une visite à terre à l'école de la Marine Royale, où nous aurons, par la même occasion, la possibilité de nous entraîner sur les simulateurs.