La crise financière et le manque de visibilité de la situation politique marocaine font que la situation est de plus en plus critique pour les PME et TPE. Le taux d'intérêt excessif du découvert impacte négativement la performance de la TPE et PME. Attirer les investisseurs étrangers et mettre en place des mécanismes pour encourager le secteur informel à s'organiser et à se structurer sont des objectifs que doit viser la Loi de Finances 2014. Le point avec Hicham Zoubairi, président du Centre des jeunes dirigeants, sur les problèmes de fonds de roulement auxquels font face les TPE et PME marocaines. Finances News Hebdo : L'année 2012 n'a pas été synonyme d'euphorie auprès des chefs d'entreprises, qu'en est-il du premier semestre de 2013 ? Zoubairi Hicham : Pendant le premier semestre 2013, les chefs d'entreprises ont commencé à s'acclimater avec la crise économique. Les bons de commande se font de plus en plus rares et les stocks difficiles à écouler. Il faut beaucoup de concessions et de sacrifices au niveau des marges pour pouvoir concrétiser des ventes. En 2013, les chefs d'entreprises doivent composer avec la crise et chercher de nouveaux outils pour maintenir leurs activités. Le retard du gouvernement à entreprendre les vrais réformes économiques et à tracer le cap met tout le monde dans une situation d'attente, ce qui n'aide pas à les rassurer. F. N. H. : Outre les contraintes liées à l'accès aux financements, les PME et TPE sont souvent confrontées aux problèmes post-création notamment de trésorerie, dus au non-respect des délais de paiement. Quel en est l'impact sur la survie et sur la compétitivité des PME et TPE marocaines ? Z. H. : La PME et la TPE sont confrontées en premier lieu à un manque d'accompagnement, notamment pour le financement de leurs activités. Les banques offrent des lignes de financement adaptées à chaque type d'activité, mais les chefs d'entreprises en majorité en ignorent l'existence. Le recours au découvert (facilité de caisse) est le moyen le plus souvent utilisé. Cette ligne, qui est à des taux d'intérêt excessifs, impacte négativement la performance des TPE et PME. Les banques doivent aussi faire beaucoup d'efforts dans le conseil et offrir les solutions les plus adaptées à chaque type d'activité, au lieu de recourir aux lignes standards (découvert, escompte...). Le fléau du non respect des délais de paiement par les clients plombe aussi la trésorerie des petites et moyennes entreprises. Le flop qui a suivi la promulgation de la loi sur les délais de paiement n'a pas arrangé les choses. En fait, jusqu'à aujourd'hui, on ne sait pas si cette loi est toujours en vigueur ou pas, car personne ne l'applique, à commencer par l'Etat lui-même. F. N. H. : Comment aujourd'hui les entreprises peuvent-elles réussir à financer leur besoin en fonds de roulement (BFR) ? Les banques accordent-elles facilement des prêts pour financer le BFR ? Z. H. : Les entreprises doivent se faire accompagner dans leur activité par des organismes financiers (banques ou autres) à même de répondre à leurs besoins spécifiques. Les BFR dépendent de la nature de l'activité, de la saisonnalité des intrants ou des produits finis. Donc, ils diffèrent et les réponses adaptées, aussi. Les banques doivent être dans une optique de conseil et d'assistance alors qu'elles sont beaucoup plus dans une logique de vente de services financiers aux PME et TPE. F. N. H. : Qu'attendez-vous de la Loi de Finances 2014 en matière de soutien aux PME et TPE ? Z. H. : Avant tout, il faut souligner que le gouvernement doit activer la promulgation de la loi sur la TPE. Beaucoup de travail a été fait dans ce sens, il faut juste la mettre en exécution. Pour la LF 2014, il est indispensable qu'elle donne un souffle nouveau aux PME-TPE marocaines et étrangères. Elle doit permettre d'attirer des entreprises étrangères ayant fui l'instabilité dans les autres pays de la région et qui veulent s'installer au Maroc. Elle doit, surtout, mettre des mécanismes pour encourager le secteur informel à s'organiser et à se structurer. A mon avis, l'informel est à la fois un frein au développement de la TPE et PME à cause de la concurrence déloyale, et un gisement de recettes fiscales pour l'Etat. Toute l'innovation de la LF 2014 résidera dans sa capacité à atteindre ce double objectif.