Plus de 50% des abus bancaires concernent la fermeture de comptes bancaires. Le point avec Abdelghafour El Rhiat, président de l'Association marocaine contre les abus bancaires (AMACAB), sur la problématique des clôtures de comptes au Maroc. Finances News Hebdo : Quels sont les abus bancaires les plus récurrents que vous recevez au sein de l'AMACAB? Abdelghafour El Rhiat : L'AMACAB a été créée en 2008 dans un objectif de soutenir les personnes, physiques ou morales, qui sont victimes d'abus bancaires. Nous apportons le conseil et le soutien dans le cadre de la loi 31-08 qui est censée protéger le consommateur. Depuis sa création, l'Association reçoit un nombre important de dossiers relatifs à tout type d'abus. Mais les plus récurrents sont les abus relatifs à la clôture de comptes bancaires. Plus de 50% des dossiers concernent les litiges de fermeture de comptes. Cette procédure marque l'étape ultime d'une relation bancaire entre un client et sa banque. Malheureusement, nos banquiers ne cherchent pas à comprendre les raisons des demandes de résiliation. Or, selon notre expérience, il y a deux raisons principales à cela. La première est imputable à la négligence des clients. Les Marocains, en général, font confiance à leur banquier et procèdent parfois, oralement, à la fermeture de leur compte. Sur le plan juridique, le client ne fait pas de formulation officielle avec accusé de réception, seule justification, et partant, il est dans son tort. La deuxième est imputable aux banques. Nous avons reçu plusieurs cas où les clients ont formulé leurs demandes mais leurs banquiers n'ont pas exécuté leur requête. Cela arrive dans deux cas de figure. On évoque, d'une part un problème technique qui revient à un manque de coordination entre les agences et leurs sites centraux. Parfois, on trouve que le compte est effectivement clôturé au niveau de l'agence mais continue d'être actif au niveau du siège. Cette ouverture génère, bien sûr, les frais de tenue de compte qui sont accumulés au fil des années. C'est après deux, trois, voire même plus de dix ans, que la banque envoie une lettre au client pour réclamer ses créances. Actuellement, les banques travaillent pour perfectionner leur système. Quant à l'autre raison, elle est purement commerciale. C'est le cas de certaines banques qui laissent volontairement les comptes ouverts. La clôture de comptes engendre forcément des pertes dans le chiffre d'affaires. F. N. H. : Où en est l'application de la circulaire de Bank Al Maghrib régissant le traitement des clôtures de comptes en stipulant la fermeture systématique des comptes inactifs après une année ? A. E. R. : Actuellement, il y a toute une campagne d'assainissement dans le secteur bancaire marocain. Nous ne disposons pas de statistiques, mais d'après nos informations, les banques procèdent à la fermeture des comptes gelés. F. N. H. : Que pensez-vous de la médiation bancaire ? A. E. R. : Le projet de la médiation bancaire a été mis en place suivant l'initiative du secteur bancaire. Je pense que le projet n'a pas tout à fait réussi puisqu'on ne peut pas être juge et partie. L'absence de représentant du consommateur, à savoir les associations du consommateur ou des personnes indépendantes dans la médiation, est en partie responsable de l'échec du projet. Quand un projet n'est pas complet, il ne réussit pas forcément. En l'occurrence, je pense que le problème des clôtures de comptes est un problème passager qui va se résoudre avec l'adoption du projet de loi 134-12. D'ailleurs, c'est dans l'intérêt de tout le monde d'apporter un service de qualité.