En 2005, le Maroc a mis en place une véritable politique publique (INDH) pour éradiquer toutes les formes d'exclusion sociale. Le Programme Millennium Challenge s'inscrit depuis cinq dans cette même dynamique. L'idéal est de savoir s'il a été un véritable ascenseur social pour les populations les plus modestes économiquement. La conférence de presse organisée le 24 juin à Rabat dans le cadre de la clôture du Programme Millennium Challenge Account-Maroc était une plateforme adéquate pour le Chef de gouvernement, Abdelilah Benkiran, et Daniel Yohannes, PDG de Millennium Challenge Corporation (MCC), pour dresser un bilan exhaustif de ce programme entièrement financé par les impôts des citoyens américains. Le Programme Millennium Challenge qui touche à sa fin au Maroc, a été lancé en 2008 et a coûté la bagatelle de 750 millions de dollars au gouvernement américain, après vote du Congrès américain, au Maroc. Il témoigne, selon Daniel Yohannes de l'intérêt et, surtout, de l'amitié qui lie les Etats-Unis et le Maroc, depuis 1786. Ce Programme appelé «Compact1» vise à éradiquer les poches de pauvreté dans certaines localités du Royaume. notamment en appuyant les Activités génératrices de revenus (AGR). Le niveau de vulnérabilité et de pauvreté est le principal critère de sélection pour les projets financés par le Programme Millennium. Ces financements constituent une ressource d'appoint complémentaire pour l'INDH, lancée depuis 2005 par sa SM le Roi Mohammed VI. Le Chef de gouvernement a martelé, lors de la conférence de presse, que : «ce programme, financé par les USA, est teinté d'humanisme, car il a pour principal objectif d'accroître les revenus des familles les plus vulnérables économiquement». Toujours selon Benkiran, «l'Etat a pour mission de faciliter et de mener à bien la mise en application du Programme qui sera clos en septembre 2013». L'enjeu est aussi que le Maroc puisse bénéficier du «Compact2». Il convient de préciser à ce stade que le pays est d'ores et déjà éligible pour le deuxième programme qui fixe comme critère de sélection la bonne gouvernance, la liberté économique et l'investissement humain. Véritable ascenseur social Les versements, dans le cadre du Programme Millennium Challenge, ont été effectués à hauteur de 94%. Ces financements ont ciblé les secteurs dans lesquels, subsiste un fort retour sur investissement pour le pays, selon le PDG du MCC. Ces domaines sont, entre autres, l'agriculture, la pêche, l'artisanat, l'alphabétisation, le soutien à l'entreprise et le micro-crédit. Plus de 600.000 familles marocaines ont pu bénéficier de ce premier programme. Elles ont pu augmenter leurs revenus, ce qui leur a permis d'améliorer leurs conditions sociales. A titre illustratif, 4.000 entreprises ont bénéficié du projet, onze ports de débarquement ont été réaménagés, 80.000 oliviers plantés et 15 centres de formation professionnelle ont été crées dans l'artisanat. Bien évidemment, cette liste est loin d'être exhaustive. Le programme d'alphabétisation a aussi bénéficié aux femmes, les plus touchées par l'analphabétisme. Le caractère novateur du Millennium Challenge réside dans sa capacité à susciter la démocratie participative. Les financements sont octroyés en fonction des besoins et de la demande des populations locales qui devront, à terme, s'approprier les projets pour leur garantir une certaine pérennité. A ce niveau, Daniel Yohannes a réitéré au Chef du gouvernement marocain son attachement à ce que le Maroc puisse faire des propositions au gouvernement américain dans l'optique d'appréhender les projets nécessitant plus d'aides. Pour sa part, Benkiran reste convaincu que l'agriculture reste un domaine prioritaire pour le Maroc. Cela est d'autant plus justifié que le monde rural reste une zone de précarité au Maroc, avec une prévalence du travail non rémunéré. La rencontre a aussi permis de pointer du doigt les lourdeurs administratives pour les créations de coopératives agricoles susceptibles de bénéficier des financements. Au final, à travers ce programme ambitieux et humaniste, il est clair que les USA restent aux côtés du Royaume pour le soutenir dans sa bataille contre l'exclusion sociale et la pauvreté qui touche une large frange de la population.