Le CE-BSG est le fruit d'une décennie d'expérimentation de la programmation budgétaire sensible au genre. Le centre a, entre autres prérogatives, le renforcement de la BSG à travers des formations et des séminaires sur les enjeux d'une telle démarche. Le rapport Budget genre de 2013 couvre désormais 27 départements ministériels. Mais le chemin vers une parité dans l'accès aux droits demeure très long ! Cette création couronne une décennie d'engagement du Maroc dans la dynamique de promotion de la prise en compte de l'égalité de genre dans la gestion des finances publiques. Il faut souligner que c'est le ministre de l'Economie et des Finances, Nizar Baraka, qui avait annoncé la création du centre lors de la Conférence internationale de haut niveau sur la budgétisation sensible au genre, organisée les 9 et 10 novembre 2012 à Marrakech. Aujourd'hui, c'est chose faite ! En effet, une convention de partenariat a été signée dans cette perspective entre le ministre de l'Economie et des Finances et l'ONU Femmes au titre de la période 2013-2016. Le centre d'excellence de la budgétisation sensible au genre, CE-BSG, a pour objectif d'instaurer une dynamique d'excellence par la mise en relation des différents intervenants dans le domaine de budgétisation sensible au genre, aussi bien à l'échelle nationale, que régionale et mondiale, et ce à travers trois axes stratégiques d'intervention. Le premier passe par la capitalisation du savoir cumulé résultant de l'expérimentation graduelle sur dix ans de la budgétisation sensible au genre. Notamment à travers l'instauration de systèmes et de mécanismes d'échange et de partage d'expériences, ainsi que par l'alimentation de façon continue et régulière de la connaissance globale de la BSG. L'objectif étant d'apporter une réponse aux demandes régulières émanant de plusieurs pays fortement intéressés par l'expérience marocaine. Expérience pilote Force est de reconnaître que l'expérimentation graduelle sur une décennie de la programmation BSG et axée sur les résultats, menée par le ministère de l'Economie et des Finances, a permis de générer des connaissances et des instruments au service de l'exercice d'évaluation des politiques publiques au regard du genre. Ce cumul d'expériences est reconnu, au-delà de nos frontières, comme une expérience pilote. A titre illustratif, le rapport Budget genre de 2013 couvre désormais 27 départements ministériels. L'analyse que contient ce rapport porte sur trois générations de droits, déclinés en trois pôles : l'accès aux droits civils et politiques, l'accès équitable aux droits sociaux et, enfin, la jouissance équitable des droits économiques. Cette convention prévoit également, dans le cadre de la création du CE-BSG, l'approfondissement et la rénovation conceptuelle, moyennant le développement de démarches analytiques rénovées, en privilégiant la recherche et l'innovation en matière de BSG à l'échelle nationale et mondiale. Le troisième axe stratégique, qui cadre les prérogatives du CE-BSG, est le renforcement de l'appropriation de la BSG par l'ensemble des intervenants. Ce qui passe concrètement par un renforcement des capacités des acteurs concernés à travers un dispositif de formation adapté, ainsi que par l'organisation de conférences de haut niveau et des visites portant sur des thématiques à même de sensibiliser aux enjeux et défis de la BSG. Un accès équitable aux droits ? Il vous semble qu'il y a de plus en plus de femmes dans les administrations ? Ce n'est qu'une impression car le taux de féminisation des départements ministériels s'est amélioré de 3% seulement en huit ans, passant de 34% en 2002 à 37% en 2010, selon le Rapport budget genre de 2013. Concernant l'accès des femmes fonctionnaires aux postes de responsabilité, ce taux a progressé de 5,3%, passant de 10% en 2001 à 15,3% en 2010. Sur le plan politique, en vue d'améliorer la représentativité des femmes dans les instances de décisions politiques, soulignons que l'adoption de la loi organique 27-11, du 14 octobre 2011, relative à l'accès à la Chambre des représentants fixant un quota de 60 sièges pour les femmes, soit 15% des 395 sièges, a permis de redresser la barre. A l'issue des élections parlementaires de novembre 2011, quelque 67 parlementaires ont pu accéder à l'Hémicycle, soit 17% au total, contre 10,5% aux élections de septembre 2007. Concernant l'accès aux droits sociaux, les progrès enregistrés au niveau de l'éducation sont concluants. Ainsi, l'indicateur de parité entre les sexes (IPS) a enregistré dans le primaire une augmentation notable, passant de 0,84 en 2000-2001 à 0,94 en 2011-2012, soit 94 filles scolarisées contre 100 garçons scolarisés). Dans le rural, cet indice a évolué de 18 points. En matière d'accès aux soins, le taux de mortalité maternelle a reculé de 50,7% entre 2003 et 2009, pour se situer à 112 pour 100.000 naissances vivantes, bien qu'une disparité flagrante demeure entre l'urbain et le rural. Le rapport indique également que, concernant l'accès des femmes au fonds de garantie (FOGARIM), l'analyse de la répartition par genre durant 2010 et 2011 relève un relatif équilibre de la part des hommes par rapport à celle des femmes, soient respectivement 53% et 47%. Cela dit, les données relatives au mois de juillet 2012 sont marquées par une prépondérance des femmes avec une part de 55%, contre 45% pour les hommes. Enfin, sur le volet des droits économiques et, en dépit de la multiplicité des interventions des pouvoirs publics, en partenariat avec le secteur privé et la société civile, les femmes demeurent sous représentées dans le domaine de l'emploi. Ainsi, l'évolution de la parité homme/femme atteste que les hommes (68%) sont trois fois plus nombreux que les femmes (22,9%) à occuper un emploi. C'est dire tous les efforts qui restent à faire. Vœu est fait pour que ce CE-BSG puisse contribuer à améliorer la sensibilisation aux enjeux de la parité homme/femme dans l'accès aux droits pour une société qui se veut équitable et performante économiquement.