• Les textes de loi concernant le secteur doivent être en adéquation avec son environnement. • Le programme de logement social arrive à terme et il n'y a pas d'alternatives.
L'Alliance des économistes istiqlaliens a organisé un webinaire sous le thème «Habitat de demain et urbanisme : réalités et enjeux» : Un logement abordable et disponible sur le territoire dans un environnement attractif pour les citoyens. L'événement a vu la participation de plusieurs intervenants de renom notamment des promoteurs, des architectes, des consultants et des professeurs universitaires. A l'ouverture de cet événement, Mohamed Maâzouz, président de l'Alliance des économistes istiqlaliens, a affirmé que «l'habitat et l'urbanisme sont un secteur très important sur le plan économique et social. Il assure l'intégration, la création de l'emploi et de la valeur ajoutée. Quand un cycle économique est en panne, cette activité est appelée à la rescousse pour jouer le rôle de levier pour assurer la reprise. Dans son intervention, Youssef Ibn Mansour, administrateur de sociétés - président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), a rapporté que «au cours des dernières années, le secteur a connu beaucoup de réalisations. L'Etat a fourni d'importants efforts mais il y a eu en revanche aussi d'énormes insuffisances. L'habitat de demain doit être différent de l'offre actuelle sur le plan qualitatif et l'aménagement du territoire. Il faut prendre en considération l'évolution de la famille marocaine qui devient de plus en plus urbanisée. L'approche quantitative, privilégiée pour résorber le déficit en logements, est dépassée. Il est temps d'opter pour une nouvelle approche plus innovante. L'urbanisme n'a pas beaucoup évolué, il est encore régi par des textes de loi et des circulaires dépassés. Il faut lancer de nouveaux Schémas de développement et d'aménagement urbain (SDAU) ou documents d'urbanisme. Le logement de demain doit être compatible avec le mode de vie des Marocains. Il est utile de remettre en cause ces documents pour permettre aux intervenants d'être plus innovants. Le duo urbanisme/habitat est intimement lié, nous ne pouvons faire un logement de qualité avec un urbanisme dépassé ou inadéquat. Nous allons assister à l'accélération du phénomène de l'urbanisation qui devrait se faire essentiellement sur la façade atlantique». Abordant la question de l'offre et de la demande dans le marché, Al-Amine Nejjar, consultant et expert en immobilier, vice-président de l'Alliance des économistes Istiqlaliens, a relevé dans son intervention qu'il existe une inadéquation et une quasi absence de produits dédiés à la classe moyenne. Le programme de soutien au logement social arrive à terme et il n'y a aucune alternative. Le marché est également impacté par la frilosité des banques et aussi d'un produit locatif intéressant. Il faut par ailleurs diversifier les produits dans les régions. Rachid Khayatey Housseini, président du groupe KLK et vice-président de la FNPI, a indiqué que «l'habitat de demain nécessite de revoir tout l'écosystème qui englobe plusieurs intervenants : promoteurs, architectes, banques, administrations, entreprises publiques… Dès lors, chacun doit assumer ses responsabilités et ne pas rejeter l'échec sur les autres. Le politique est lui aussi interpellé puisqu'il doit accompagner l'évolution du secteur à travers la promulgation de textes de loi adaptés et en diapason avec leur environnement. Par ailleurs, il faut que les formes de soutien soient destinées essentiellement à l'acquéreur et non au promoteur. Le statut de promoteur est un point nodal pour relever le niveau du secteur. Il est inconcevable que nos voisins maghrébins, l'Algérie et la Tunisie, disposent de ce statut alors qu'au Maroc n'importe qui peut devenir promoteur. Mohamed Lazim, CEO of GUI4, expert MRICS, expert OPCI, chroniqueur chez Luxe Radio, a mis en lumière l'importance du secteur qui contribue à 6,3% dans le PIB et assure l'emploi à un million de personnes. Il a souligné que la population urbaine connaît une croissance annuelle moyenne de 3,7%. Le rythme de production est insuffisant pour répondre à ces besoins. Ainsi, 150.000 logements ont été produits en 2019 dont 85% sont de type logement social. Il faut s'attendre à une baisse du volume de production en l'absence d'un nouveau programme de soutien pour ce segment. L'intervenant a relevé que la classe moyenne qui représente 58% de la population, ne trouve pas une offre adéquate. Le parc de logements englobe plus de 9 millions d'unités dont 12% sont vacantes, ce qui est paradoxal pour un secteur qui accuse un déficit. Cela est dû essentiellement au cadre juridique qui ne favorise pas la location et les investisseurs boudent ce créneau s'estimant qu'ils ne sont pas assez protégés. Contrairement aux autres pays, la part des propriétaires est de 62%. Il est donc essentiel de réformer la loi 6.79 pour rendre le locatif plus attractif. Par ailleurs, pour mettre de l'ordre dans le secteur, définir la typologie d'habitat et les standings devient nécessaire. Cela donnera plus de transparence pour les acquéreurs. Il a également prôné de réformer la loi sur la Vefa pour la rendre plus attractive Selma Zerhouni, architecte consultante, a dans son intervention souligné qu'«il est nécessaire de développer de nouveaux centres urbains dans le monde rural pour réduire la pression sur les villes et encourager l'exode vers ces nouvelles agglomérations. Cela permettra de compenser la rareté du foncier dans les villes. Elle prône de lancer les infrastructures et les équipements nécessaires pour que ces centres soient un cadre de vie attractif». Montacir Bensaid, architecte privé - past directeur de l'Ecole nationale d'architecture de Rabat, a affirmé que «les documents d'urbanisme prennent beaucoup de retard pour entrer en vigueur. Au final, ils sont dépassés avec l'essor urbanistique et démographique. Il a également soulevé que les intrus dans le secteur de la promotion immobilière ont perturbé l'activité et donné une mauvaise image du secteur.