ALM : La FNPI a élaboré une charte d'éthique et de déontologie signée par ses membres depuis 2008 et a lancé depuis 2010 des campagnes nationales d'affichage intégral des prix des transactions immobilières. Quel bilan faites-vous de cette opération sachant que le «noir» est toujours pratiqué par certains promoteurs ? Youssef Iben Mansour : Nous pouvons affirmer que le plan d'action érigé par la FNPI pour lutter contre cette pratique commence d'ores et déjà à donner ses fruits puisque 80% de la production nationale faite par les promoteurs immobiliers professionnels est aujourd'hui concentrée auprès des membres de la FNPI. Il est à rappeler que nos adhérents sont tous signataires de la charte d'éthique et de déontologie de la profession et qui de ce fait s'engagent à déclarer la totalité du montant de la transaction immobilière. La FNPI continue à œuvrer pour éradiquer définitivement cette pratique à travers l'organisation de campagnes de sensibilisation et d'affichage intégral des prix. Nous avons abordé de front ce phénomène depuis 2008 et depuis ce jour, nous ne cessons d'œuvrer pour que le noir disparaisse. Nous avons commencé par la charte d'éthique, puis par la normalisation des relations avec l'administration fiscale et ensuite par le lancement de campagnes nationales et régionales d'affichage intégral du montant des transactions immobilières. L'exercice du métier de promoteur immobilier n'étant pas réglementé, il appartiendra aux acquéreurs de faire la différence par eux-mêmes en encourageant les promoteurs immobiliers professionnels au détriment des récalcitrants. «Qualité, sécurité et développement durable» est le thème de cette nouvelle édition du Simar. Sur le terrain, quelle est la place qu'accordent nos promoteurs immobiliers à ces trois éléments? Tout d'abord, il faut signaler que depuis la création de la FNPI, nous faisons de la professionnalisation du secteur et de la sécurité de la qualité dans la construction notre cheval de bataille. Les pouvoirs publics et la FNPI accordent une importance particulière à ces trois aspects, notamment dans le segment du logement social, puisque dans sa nouvelle configuration adoptée dans la loi de Finances 2010, la notion d'éco-efficacité est intégrée au niveau du cahier des charges. Pour les autres segments, nous pouvons dire que de plus en plus de promoteurs immobiliers intègrent la notion du développement durable dans leurs constructions. Les citoyens marocains sont de plus en plus demandeurs ainsi qu'une large tranche des étrangers qui achètent des biens immobiliers au Maroc. Par ailleurs, un contrat-programme sur l'efficacité énergétique dans le domaine du bâtiment a été signé le 26 mai 2011. La FNPI en est signataire. Ce contrat-programme porte sur la promotion de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans le secteur de l'habitat et de l'aménagement urbain. Concernant la qualité, la FNPI se penche actuellement sur un projet de label de qualité supérieure, lancé depuis le mois de mars 2012 avec le concours du cabinet Ernst & Young. Ce label est un outil au service de la qualité. Il devra attester de la conformité à un référentiel précis. Il constitue une stratégie de différenciation des produits et des entreprises fondée sur la notion de qualité et de sécurité. Il devra in fine orienter les usagers, leur offrir une certaine assurance leur permettant d'apprécier et de différencier les services et produits de qualité variables et constituer un critère de choix objectif. Pour le promoteur immobilier, il s'agira de valoriser ses efforts de qualité (règles, valeurs…), de renforcer ses relations avec ses partenaires et optimiser son savoir-faire en matière de qualité et d'innovation. À l'occasion du Simar nous aurons l'opportunité de nous entretenir davantage avec les acquéreurs sur ce projet lors des conférences dédiées à cet effet. À la FNPI, vous avez pensé à des mesures pour la relance de l'immobilier destiné spécialement à la classe moyenne. Il y a presque un an, vous avez soumis ces propositions au ministère de l'économie et des finances, mais aucune d'entre elles n'a été prise en considération dans l'élaboration de la loi de Finances 2012. Allez-vous les soumettre une seconde fois ? Et quelles sont vos nouvelles propositions pour la loi de Finances 2013 ? Une grande partie des jeunes et de la classe moyenne se sent aujourd'hui exclue du marché de l'immobilier. Face à ce constat, la FNPI a réfléchi à la mise en place d'un nouveau produit sur le marché dédié à cette catégorie. Le projet est toujours en examen entre la Fédération et les pouvoirs publics. La loi de Finances 2012 a apporté deux nouveautés essentielles, à savoir la mise en place d'un nouveau produit pour le logement locatif à partir de 2012 et le réaménagement du produit à faible VIT de 140.000 DH. Comment se traduisent ces mesures sur le terrain ? En effet, la nouvelle loi de Finances 2012 a instauré des mesures pour l'encouragement du locatif. Les bailleurs doivent signer une convention avec l'Etat, en s'engageant à acquérir un nombre de logements sur une durée d'exploitation de huit ans et un loyer maximal de 1.200 dirhams. Cette nouvelle disposition est applicable aux conventions signées entre le 17 mai 2012 et le 31 décembre 2020. Par ailleurs, il est encore trop tôt pour se prononcer sur le degré d'engouement des investisseurs potentiels pour ce nouveau projet. Concernant le produit de logement à faible VIT, de nouvelles mesures ont été introduites pour améliorer l'attractivité de ce produit pour les promoteurs tout en élargissant la clientèle potentiellement intéressée. Le nombre de logements à réaliser a été revu à la baisse en le limitant à 200 unités en zone urbaine et/ou 50 unités en zone rurale sur 5 ans. Par ailleurs, la limite du salaire a été revue à la hausse pour être fixée à 2 fois le SMIG. À la FNPI, vous avez aussi lancé une campagne de sensibilisation et d'information dédiée aux acquéreurs du logement social. Quel est l'objectif de cette opération ? Dans le cadre des efforts entrepris par la FNPI en vue de professionnaliser le secteur et de promouvoir la transparence dans les relations commerciales avec la clientèle, nous avons lancé une deuxième campagne de sensibilisation et d'information dédiée aux acquéreurs et notamment ceux du logement social. Cette nouvelle action a pour objet de vulgariser les conditions d'acquisition du logement social compte tenu du volume important de production de logements sociaux prévu à l'horizon 2016 et l'intérêt que portent nos citoyens à cette catégorie de logements (y compris les Marocains résidant à l'étranger).