Même s'il a su se montrer réactif face à l'impact de la crise sanitaire, le secteur de l'agro-industrie n'a tout même pas échappé à la crise. - La Chambre de Commerce britannique pour le Maroc s'est penché sur le sujet lors d'un webinar.
Cette réunion a connu la présence de professionnels du secteur, dont Abdelmounim El Eulj, président de la Fenagri, Adil Chikhi, directeur régional corporatif au sein de la Banque européenne pour la reconstruction et le Développement (BERD), ainsi que Youssef Fadil, directeur des industries agroalimentaires au ministère de l'Industrie, du Commerce, de l'Investissement et de l'Economie verte et numérique. L'ensemble des intervenants se sont accordés à dire que les difficultés du secteur se ressentent toujours, et que la demande sur le marché peine à décoller. D'après eux, cela s'explique par plusieurs raisons, dont la lenteur de la reprise qui est due, entre autres, aux différentes mesures de restrictions prises par les autorités pour combattre le virus, ainsi que la baisse du pouvoir d'achat des ménages. L'agro-industrie est également tributaire de la consommation de certains secteurs dont la demande a drastiquement baissé, notamment le secteur hôtelier ou encore de la restauration. «Cela a grandement impacté la demande et, par conséquent, le chiffre d'affaires des entreprises du secteur. Il y a donc aujourd'hui un fort besoin de mise en place de mesures de relance pour l'ensemble des filières du secteur», a expliqué Abdelmounim El Eulj. « La situation économique difficile provoquée par la pandémie de la Covid-19 et la campagne agricole mitigée ont eu un impact négatif sur le secteur agroalimentaire. Dans une récente étude bien détaillée de la CGEM, on constate que les entreprises du secteur ont perdu 30% de leur chiffre d'affaires», ajoute-t-il.
Plan de relance du secteur Il a été question lors de ce webinar de débattre également des mesures de relance prévues pour le secteur, qui avaient déjà pris place, selon les intervenants, aux prémices de la crise. «Nous avons mis en place au sein du ministère une cellule de gestion crise qui avait pour mission d'assurer la chaîne d'approvisionnement et la disponibilité des produits alimentaires, surtout de forte consommation. Nous avons procédé, avec la collaboration de la Fenagri, entre autres, au soutien des entreprises pour garantir la continuité de l'activité, anticiper les éventuelles perturbations et intervenir auprès des différentes administrations pour ne pas arrêter la production et protéger les travailleurs», a indiqué Youssef Fadil. Il a également fait savoir que «la seconde étape du Plan d'accélération industrielle offrira aussi de bonnes perspectives pour le secteur agro-industriel. Le plan de relance prévu pour le secteur vise à confirmer la place du Royaume en termes de production agroalimentaire, conquérir de nouveaux marchés et positionner le Maroc comme base de production décarbonée et d'énergies renouvelables». S'agissant toujours des moyens de relance du secteur, Abdelmounim El Eulj n'a pas manqué de rappeler que le coût de l'inaction conduirait à une perte de 17 Mds de MDH pour le secteur. Selon lui, le plan de relance, toujours en discussion, a pour objectifs la relance de la consommation, la protection de l'offre nationale de la concurrence déloyale des produits étrangers et la création d'un label Maroc pour trouver un équilibre interne au niveau de la production et la transformation, afin de proposer des produits de qualité et à bon prix. «Ce plan comprend également une baisse de TVA, un volet toujours en discussion, car ce n'est pas évident de toucher à la caisse de l'Etat. Il faut donc trouver un compromis favorable à toutes les parties prenantes», a-t-il indiqué. In fine, il ressort des déclarations des différents intervenants que la majorité des filières de l'agro-industrie a souffert de cette crise, surtout celles dédiées à l'export, et qu'un plan de relance serait nécessaire pour assurer la reprise de ce secteur qui revêt d'un grand rôle sur le plan économique. Pour rappel, l'agro-industrie emploie plus de 150.000 personnes et contribue à plus de 27% du PIB national. Elle représente 28% de l'industrie nationale, soit 2.000 entreprises.