Les professionnels appellent à la réduction de la TVA sur les produits alimentaires transformés, révision de la TIC (taxe intérieure sur la consommation), augmentation des revenus des salariés des classes moyennes et mise en place de chèques alimentaires pour élargir le panier d'achat moyen. Comment relancer l'industrie agroalimentaire marocaine face à la crise du Covid-19 ? C'est la question sur laquelle s'est penchée la Fédération nationale de l'agroalimentaire (FENAGRI). Une réflexion qui s'est traduite par l'élaboration d'une étude réalisée en ce sens. Une contribution menée par Valyans consulting, qui évalue les impacts actuels et futurs de la crise Covid-19 sur l'écosystème. Détails. Une baisse de CA de 30% en avril Depuis le début de la crise, l'industrie agroalimentaire est perçue comme secteur bénéficiaire de la crise. «La perception de bonne santé du secteur est principalement due à la confusion entre industrie agroalimentaire et produits de première nécessité. Ces derniers ne représentent que 27% de l'industrie», indique la Fenagri. Selon les estimations de cette étude, basée sur un déconfinement partiel à partir du 20 mai, le secteur se trouve devant une récession inédite. «L'industrie agroalimentaire représente 150.000 emplois et 115 milliards de DH de CA. Elle est touchée de plein fouet par la crise du Covid-19, avec une baisse de CA de 30% en avril». Dans le détail, à l'inverse des produits de première nécessité qui ont enregistré une stabilité de leur chiffre d'affaires, les filières relatives aux produits secondaires ont enregistré une chute drastique de leurs ventes (allant jusqu'à -65%). Ainsi, l'étude montre que la majorité des filières des IAA non essentielles est touchée mais à différents degrés. Chocolaterie, confiserie, boisson, biscotterie voient leurs ventes baisser entre 65% à 60% en avril par rapport à avril 2019. Alors que les activités comme fromages, thés et cafés baissent entre 20 et 30%. Les industrie huiles enregistrent quant à elles une stabilité des ventes. Un risque de perte de CA de 17,3 milliards de dirhams L'industrie agroalimentaire peinerait à se redresser si les mesures de relance ne sont pas renforcées. Selon la Fenagri, «dans le cas où nous n'investissons pas dans un plan de stimulation de la demande. Il y a risque de perte de CA de 17,3 milliards de dirhams», explique la Fenagri qui propose, a cet effet, plusieurs actions ambitieuses. En premier lieu, soutenir le pouvoir d'achat des ménages. «Cette action sera menée à travers le renforcement du pouvoir d'achat des classes moyennes à faibles revenus et subvenir aux besoins alimentaires de base des plus vulnérables». En deuxième lieu, la Fenagri prévoit de renforcer la compétitivité de l'industrie agroalimentaire locale en tant que secteur stratégique. «Ceci à travers l'élimination les poches d'incompétitivité identifiées et se préparer à gagner des parts de marché. locales». Des mesures pour stimuler la demande et promouvoir la production locale La Fenagri recommande de mettre en place plusieurs mesures pour stimuler le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi les professionnels appellent à la réduction de la TVA sur les produits alimentaires transformés, révision de la TIC (taxe intérieure sur la consommation), augmentation des revenus des salariés des classes moyennes et mise en place de chèques alimentaires pour élargir le panier d'achat moyen. Pour promouvoir la production locale, les acteurs de l'agroalimentaire recommandent de créer un label «Produit marocain» pour faciliter la reconnaissance et la promotion des produits fabriqués au Maroc, augmenter la compétitivité des produits fabriqués au Maroc et enfin ajuster les importations de produits transformés pour orienter la consommation vers les produits locaux. Soutien à la trésorerie, clé de sortie de crise Selon les estimations de l'étude, «la trésorerie des opérateurs, structurellement sous tension, subira une pression extrême pendant au moins 1 an». Dans ce sens, les professionnels appellent à la création d'un fonds d'affectation spéciale dédié à l'IAA pour financer le gap de trésorerie lié à la crise, mise en place d'un fonds de défaisance sectoriel, «Bad Bank», pour éviter l'effet domino des défauts de paiements et invitent au renouvellement des mesures existantes par un report des charges sociales (CNSS) et des échéances fiscales pour une durée de 24 mois. Les engagements de la Fenagri au soutien du plan de relance La Fédération nationale de l'agroalimentaire s'engage à réaliser trois engagements clés, à savoir répercuter 100% de la baisse de TVA directement sur les prix appliqués au consommateur, maintenir les emplois industriels et les investissements pour continuer à développer le secteur à moyen terme et créer un observatoire de l'agroalimentaire en partenariat avec le secteur public pour évaluer l'impact des mesures de stimulation et l'évolution du secteur.