◆ Plusieurs compagnies aériennes étrangères annoncent le lancement de vols spéciaux «de et vers» le Maroc, venant ainsi concurrencer la compagnie nationale. ◆ La limitation des vols aux MRE et aux résidents étrangers au Maroc convient à l'UE du fait de l'inquiétante situation épidémiologique dans le pays.
Par B. Chaou
Afin de permettre aux Marocains restés bloqués à l'étranger de rejoindre le pays, la compagnie nationale avait lancé les vols dits «spéciaux». Opérationnels depuis le 15 juillet dernier, ces vols censés uniquement concerner le rapatriement des Marocains, étaient réalisés en coordination avec les autorités de plusieurs pays. Toutefois, ces vols se sont par la suite élargis permettant, à titre d'exemple, aux étudiants marocains à l'étranger de rejoindre leur pays ou aux étrangers résidant au Maroc de regagner le Royaume. Cette situation a rapidement enclenché un débat avec les pays où ces vols sont réalisés. En effet, cette pratique a été jugée par les Européens comme étant anticoncurrentielle, car uniquement la RAM et Air Arabia étaient autorisées à réaliser lesdits vols. D'ailleurs, à cet effet, Xavier Tytelman, expert en aéronautique, nous avait confié que «le fait de limiter l'opération des vols spéciaux à la RAM et Air Arabia uniquement est qualifié de favoritisme et a provoqué des hausses de tarifs importantes». «Les vols sont ouverts à tous les Marocains, y compris ceux dont la résidence se trouve hors du pays; ce n'est donc pas du rapatriement. Les ventes sont ouvertes sur les sites web de ces compagnies, sans justification nécessaire et dans les deux sens. Partir en vacances, c'est très loin du concept de vol de rapatriement !», précise-t-il. La RAM de plus en plus concurrencée sur les vols spéciaux Les autorités étrangères n'ont pas manqué de réagir face à cette situation, et ont pu faire en sorte que leurs compagnies puissent également opérer les vols spéciaux. Ainsi, depuis le 4 août, Air France et Transavia avaient lancé des vols à partir du Maroc vers la France. Et tout dernièrement, les compagnies étrangères se sont encore plus imposées. Justement, Transavia vient d'annoncer la reprise des vols de et vers le Maroc au départ de l'aéroport d'Orly à partir du 26 août. Là encore, les Marocains ainsi que les citoyens étrangers ayant le statut de résidents au Maroc sont autorisés à entrer et sortir du territoire marocain. D'autres pays ont également réclamer «leur part du gâteau», à l'image de la Belgique. Dans un communiqué, la compagnie aérienne belge «TUI Fly» a annoncé avoir reçu l'autorisation du gouvernement marocain pour des liaisons entre Brussels South Charleroi et Casablanca, Al Hoceima, ainsi qu'Oujda, à partir du 27 août jusqu'au 10 septembre. Ainsi, de plus en plus de compagnies aériennes étrangères viennent concurrencer la RAM, et il est également fort possible d'en voir d'autres desservir la destination Maroc durant les prochains jours. Une situation qui arrange les pays de l'UE Ces vols spéciaux s'opèrent alors que le Maroc fait partie des pays soumis à des restrictions de voyage en Europe. «Le Maroc a voulu simplement ouvrir ses frontières à quelques ressortissants, mais le trafic n'est pas totalement libre… Et étant donné la situation sanitaire dans le pays, je ne pense pas que l'Europe accepte désormais une ouverture», explique Xavier Tytelman. Permettre aux compagnies aériennes de réaliser des vols avec le Royaume, tout en étant limités aux MRE et aux résidents étrangers au Maroc, convient parfaitement aux pays de l'Union européenne du fait de la situation épidémiologique de plus en plus inquiétante dans le pays.