◆ Des citoyens toujours coincés dans des pays non desservis par la RAM et Air Arabia. ◆ La fermeture des frontières terrestres marocaines pose toujours problème. ◆ Le gouvernement n'a toujours pas fait d'annonces concrètes sur l'ouverture totale des frontières1.
Par B. Chaou
Les Marocains et les étrangers résidant au Maroc ont, le moins que l'on puisse dire, vécu un calvaire ces derniers mois, suite à la fermeture des frontières par le Royaume afin de faire face à la propagation de la Covid-19. Après une longue période d'attente, le pays annonçait enfin l'ouverture partielle de ses frontières leur permettant ainsi de regagner leur «chez eux». En effet, un communiqué conjoint du ministère de l'Intérieur, des Affaires étrangères, et de la Santé, expliquait que «les citoyens marocains et les résidents étrangers au Maroc, ainsi que leurs familles, pourront accéder au territoire national à partir du 14 juillet 2020 à minuit». Une nouvelle très attendue, mais qui a toutefois suscité beaucoup de débats sur les conditions qu'impose cet assouplissement. Le retour au pays des ressortissants marocains est en effet une épreuve herculéenne ! Les tests en question L'une des conditions pour rejoindre le territoire national est la réalisation des tests PCR et sérologique. Royal Air Maroc (RAM), l'une des deux compagnies autorisées à effectuer les vols dits spéciaux pour assurer les retours des Marocains et des résidents au Maroc, publiait un communiqué pour avertir les passagers de l'obligation d'être munis des résultats desdits tests datant de moins de 48H. Si dans certains pays les dépistages sont possibles par simple prise de rendez-vous, ce n'est pas le cas dans d'autres, et notamment en Afrique subsaharienne où ils sont parfois irréalisables. A ce sujet, le ministère des Affaires étrangères avait indiqué que «des contacts sont en cours avec les autorités de ces pays, afin de trouver le plus rapidement possible des solutions appropriées». L'autre problématique, toujours en lien avec les tests, est leur durée de validité pour les personnes qui souhaitent rentrer en voiture, notamment ceux dont le pays de départ n'est pas celui où les embarquements sont programmés, à savoir Sète (France) et Gênes (Italie). Selon les explications du ministère des Affaires étrangères, «les personnes qui comptent revenir au Maroc en voiture, via les ports de Sète et de Gênes et dont la validité du test est inférieur au délai du trajet routier, un test PCR supplémentaire sera effectué à bord du bateau». Ce qui est préoccupant dans cette démarche, c'est qu'aucune précision n'a été donnée dans le cas où des personnes sont testées positives, et qui représentent donc un danger pour le reste des voyageurs. Car, comme l'ont expliqué les responsables marocains, lesdits tests seront réalisés sur des personnes déjà à bord du bateau. La cherté des vols spéciaux L'une des problématiques soulevées est la flambée des prix des billets des «vols spéciaux». Les tarifs ont atteint, selon certaines sources, 10.000 DH, pour le vol Paris-Rabat. Ils ont fortement augmenté dans un premier temps du fait que c'est uniquement la RAM et Air Arabia qui sont autorisées à opérer lesdits vols, avec en toile de fond la nonpossibilité de compensation entre compagnies aériennes. A ce sujet, le gouvernement expliquait qu'«en raison du caractère exceptionnel de l'opération actuelle, les compensations entre compagnies aériennes sont rendues impossibles par des considérations juridiques et pratiques». En conséquence, seuls sont valides les billets acquis auprès de la RAM et Air Arabia. D'aucuns considèrent d'ailleurs l'absence de la libre concurrence comme facteur essentiel de la hausse des prix des billets. De même, l'opérabilité des vols uniquement par la RAM et Air Arabia pose problème, particulièrement pour les Marocains qui résident dans des pays qui ne sont pas desservis par ces deux compagnies. Ils devront donc attendre l'ouverture totale des frontières du Maroc pour pouvoir revenir. Quid des étudiants et Marocains résidant à l'étranger ? Si les MRE ainsi que les étudiants marocains à l'étranger ont, tant bien que mal, la possibilité de regagner le Royaume, rien ne leur garantit que le retour dans leur pays de résidence sera chose facile. Car tout dépendra de l'évolution de la situation épidémiologique tant au Maroc que dans les pays de résidence, avec en toile de fond le spectre de restrictions ou de mesures sanitaires préventives supplémentaires. En outre, la fermeture des frontières terrestres marocaines continue de causer maintes complications, surtout pour ceux qui souhaiteraient repartir via la voie terrestre et maritime. Le retour vers l'Europe à partir du port de Tanger n'est en effet possible qu'à travers l'Italie (Gênes) et la France (Sète), chose qui oblige les voyageurs à opérer un grand détour dans le cas où leur lieu de résidence est autre que ces deux pays-là. Il en est de même pour les Marocains qui souhaitent revenir par voie terrestre, à l'image de ceux qui sont en Espagne et au Portugal, obligés de passer par Gênes ou Sète. Le flou persiste sur l'ouverture des frontières L'ouverture totale des frontières du Maroc reste très attendue, mais pour le moment le flou persiste à ce sujet, et le discours des responsables marocains est ambigu. «L'ouverture totale des frontières ne dépend pas seulement du Maroc. Elle est tributaire de ce qui se passe à l'échelle internationale. Aujourd'hui, certains pays sont en train de réfléchir à la fermeture de leurs frontières de façon momentanée en raison de l'évolution de l'épidémie au niveau des zones frontières», a expliqué le ministre de la Santé, lors d'une conférence de presse tenue récemment. «Actuellement, personne ne peut déterminer avec certitude le timing de l'ouverture totale des frontières, laquelle dépend de la stabilité de l'évolution de la pandémie, mesurée sur 14 jours», ajoute-t-il. Selon le ministre de la Santé, le gouvernement travaille sur la question. «Les autorisations de voyage exceptionnelles permettent, pour l'instant, de rendre moins contraignante cette fermeture des frontières», conclut-il.
L'opération Marhaba annulée L'opération Marhaba a été annulée pour cette année. «Il est évident aujourd'hui que l'opération Marhaba, comme nous la connaissons chaque année, n'aura pas lieu cet été, car elle n'a pas été préparée depuis avril», avait déclaré à ce propos le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Il a expliqué par ailleurs qu'il faut distinguer entre l'opération Marhaba et le retour des MRE au Maroc durant la période estivale qui est tributaire de plusieurs éléments, dont l'ouverture totale des frontières terrestres et aériennes du Maroc, des conditions de voyage dans les pays de transit vers le Royaume, ainsi que de l'évolution de la situation épidémiologique du pays.