◆ Pour certains observateurs, les délais pour les conventions relatives aux programmes de logements sociaux doivent être étendus à plus d'un an. Par C. Jaidani
Figurant parmi les secteurs les plus dynamiques de l'économie nationale, l'immobilier a été fortement touché par la crise de la Covid-19. C'est pourquoi le projet de Loi de Finances rectificative (PLFR) 2020 a prévu une batterie de mesures en vue de lui insuffler un nouveau souffle. L'objectif est de redonner confiance aux acquéreurs et d'inciter les investisseurs à maintenir leur programme en leur donnant plus de visibilité. Les mesures fiscales déclinées comportent la prorogation du délai des conventions relatives aux programmes de construction de logements sociaux, qui arrivent à expiration pour l'année en cours, de six mois. Le PLFR 2020 prévoit également la réduction de 50% des droits d'enregistrement applicables aux acquisitions de biens immobiliers à usage d'habitation. Il y a aussi le report des échéances de mesures dérogatoires relatives à la régularisation spontanée de la situation des contribuables (entreprises) au 15 décembre 2020 au lieu d'octobre 2020. Les réactions à ces dispositions sont mitigées. Mais la plupart des opérateurs du secteur interrogés estiment qu'elles sont insuffisantes pour déclencher une véritable reprise. «La prorogation de six mois pour les délais des conventions relatives aux programmes de construction de logements sociaux est courte, il faut l'étendre à un, voire deux ans», souligne Mohamed Lahlou, président-fondateur de l'Association marocaine des agents immobiliers (AMAI). Concernant la baisse de 50% des droits d'enregistrement, il recommande que «cette baisse soit proposée par tranche, chacune avec un taux spécifique. Plus le prix d'acquisition est élevé plus le taux baisse, en prévoyant un taux de 0% pour les biens d'une valeur de 4 millions de DH et plus». Outre les dispositions à caractère fiscal, d'autres mesures sont en cours pour booster l'immobilier, comme la dématérialisation des autorisations notamment celles délivrées par les agences urbaines. L'objectif est de faciliter les procédures et l'activation des déblocages au profit des acteurs publics. «Le plus important est de réussir le démarrage du secteur. Les chantiers ont été à l'arrêt pendant quatre mois. Ils n'arrivent pas encore à retrouver leur rythme habituel. Il faut augmenter les délais pour pouvoir achever les programmes conclus avec l'Etat dans de bonnes conditions», souligne-t-on auprès de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). C'est peu dire que le secteur immobilier traverse la pire crise de son histoire. Une enquête de la CGEM a révélé que l'activité a enregistré une baisse de 65% de son chiffre d'affaires et 70% des emplois lors de la période du confinement. Force est de reconnaître que le secteur était déjà sous l'effet d'un véritable marasme depuis quelques années et cette crise a compliqué davantage la situation. «Les mesures proposées par le PLFR 2020 n'auront pas d'effets notoires pour stimuler l'immobilier. Elles agissent plutôt sur la production et très peu sur le coût des produits (principal obstacle à la relance du secteur). Les campagnes publicitaires des projets immobiliers maintiennent quasiment la même tarification d'avant crise. Pour écouler un stock important et séduire les acquéreurs touchés par la faiblesse du pouvoir d'achat, on s'attendait à une forte baisse d'au moins 20% des prix, surtout pour les biens d'un certain standing», explique Chafik Alami, expert en immobilier. Et d'ajouter : «La demande existe, mais elle ne peut suivre l'offre. Pour y remédier, les promoteurs et les banques doivent jouer le jeu; autrement, le marché restera toujours biaisé. La plupart des acquéreurs potentiels sont incapables de répondre aux exigences des promoteurs».