◆ Très populaire en Asie, le paiement par code QR doit être généralisé au Maroc, selon les professionnels. ◆ Il faut profiter de la crise actuelle pour faire émerger une société sans cash.
Par Y. Seddik
Le cash est le mauvais cholestérol de l'économie marocaine. D'un côté, il coûte à l'Etat des milliards de dirhams (entre l'impression des billets et leur distribution). De l'autre, il constitue un canal potentiel de fraude fiscale ou même de financement du terrorisme. Il faut dire que le Maroc est en croisade contre le cash depuis quelques années. Les initiatives des pouvoirs publics et des acteurs du secteur des paiements se multiplient. Le chemin reste long pour éradiquer la circulation de l'argent liquide mais la volonté est bien présente. «Avec les restrictions sanitaires liées à la pandémie Covid-19, le cashless s'impose comme solution idéale pour contrer la propagation du virus», a expliqué Valentin Mbozo'o, Directeur général du Groupement interbancaire monétique de l'Afrique Centrale (GIMAC), lors d'un Webinar organisé récemment sur le thème «Covid-19, la nécessaire transition vers une Afrique Cashless». Le patron du GIMAC a aussi expliqué que les acteurs clés et autorités compétentes doivent redoubler d'efforts pour encourager la migration vers de nouvelles technologies de paiement et accélérer la transition vers des sociétés sans cash. Un début de révolution au Maroc ? Pour certains pays, tels que le Danemark ou la Suède, une société sans cash est un objectif politique. Au Maroc, l'industrie des paiements est arrivée à un point de transition, avec notamment diverses solutions de paiement qui permettent d'adresser une large population. Participant au webinaire, le Directeur général du centre monétique interbancaire (CMI), Mikael Naciri, a relevé un réel engouement pour les solutions de paiement mobile au Maroc depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Pour lui, «il faut encourager ces pratiques en augmentant le taux d'acceptation de ces moyens et le maillage des commerçants acceptants». Les établissements de paiement, à eux seuls, ne peuvent pas développer le Cashless, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il est primordial que tout l'écosystème, acteurs publics et privés, soit impliqué dans cette démarche et que les avantages soient visibles aux commerçants. En clair, «il faut faire en sorte que le coût des transactions Cashless soit le plus faible possible pour pousser davantage les commerçants à accepter ce genre de paiements», a-t-il plaidé. Tokenisation et paiement par Code QR Ces deux solutions doivent être généralisées dans l'industrie des paiements marocaine, selon Naciri. La première permet de substituer des données bancaires (numéro de cartes, …) par des données jetables appelées «jeton ou token». Ce qui garantit leur sécurité, quel que soit le mode de paiement. De par sa simplicité et ses avantages, ce service risque d'être incontournable dans les années à venir. Rappelons qu'aujourd'hui, il est aussi possible de tokeniser des actifs financiers (actions, obligations, part de fonds...) en les représentant sous forme de jetons sur une blockchain. Pour les consommateurs recherchant l'instantanéité et la transparence dans leurs parcours d'achat, le paiement par Code QR est la solution la plus appropriée. «La technologie du QR Code est un mode de paiement simple et facile d'accès pour les utilisateurs, qui doit être développé au Maroc», affirme le DG du CMI. Comment ça fonctionne ? Il suffit de posséder un smartphone et de lier sa carte ou son compte bancaire à une application de paiement par QR code pour pouvoir l'utiliser. Cette méthode de paiement est très populaire en Asie, notamment en Chine. On note que durant ces deux derniers mois, le spécialiste marocain de la monétique HPS a introduit le système de paiement basé sur le QR Code en Arabie Saoudite et au Ghana. En définitive, même s'il est plus lent qu'ailleurs, le basculement vers ces nouveaux moyens de paiement entièrement numériques est inévitable. Le potentiel est bien présent au Maroc quand on voit que sur près de 2 millions de commerces patentés, moins de 50.000 acceptent le e-paiement.