Depuis son lancement il y a 6 ans, le programme de renouvellement des taxis est loin d'avoir atteint ses objectifs. La problématique des agréments et les retards de traitement des dossiers sont les principaux écueils pointés du doigt par les professionnels.
Par : A.W
Depuis son premier lancement en 2014, le plan national pour le renouvellement du parc des taxis n'a pas connu un franc succès. A l'époque, le gouvernement Benkirane promettait grâce à ce plan un renouvellement total, rapide et définitif, du parc automobile des petits et grands taxis. L'objectif premier du Plan était l'élimi-nation de la circulation des antiques «Mercedes 240», le modèle de voiture le plus prisé et utilisé par les propriétaires des grands taxis. Force est de constater que ledit programme est loin de ses objectifs. Noureddine Boutayeb, ministre délégué à l'Intérieur, qui répondait récemment à une question orale au Parlement sur le sujet, a affirmé que l'ambitieux plan de renouvellement du parc des taxis au Maroc n'a atteint que 54 % de ses objectifs, après son adoption il y a déjà sept ans. D'après le responsable gouvernemen-tal, seulement 41.000 véhicules ont été renouvelés dans le cadre de cette stra-tégie. Parmi eux, 25.000 grands taxis et 16.000 petits taxis. L'Exécutif a donc décidé d'étendre le programme jusqu'au 31 décembre 2021, pour une enveloppe budgétaire de 2 milliards de DH, d'autant que selon Boutayeb, 5.000 dossiers de renouvellement sont sur la table. Rappelons que la valeur de la subvention pour le renouvellement du parc de taxis est de 80.000 dirhams pour chaque grand taxi retiré définitivement de la circulation, et est de 30% du prix du véhicule neuf pour les petits taxis, à condition que la valeur totale ne dépasse pas les 35.000 dirhams.
Des blocages persistants Malgré ces incitations financières, un grand nombre de professionnels du sec-teur n'a pas encore adhéré à cette opéra-tion à cause de nombreux blocages. C'est le cas de Mohamed Harak, secrétaire général du syndicat des chauffeurs des taxis, contacté à ce sujet. Ce dernier déplore de «grands retards dans le trai-tement des demandes de subvention, les professionnels du secteur ont déjà déposé leurs dossiers depuis le lancement du plan et attendent toujours que la subvention fixée à 80.000 DH leur soit octroyée». Le responsable syndical a également pointé du doigt certains problèmes persis-tants dans le secteur. «Le plus courant est celui des contrats entre les professionnels et les propriétaires des agréments dont la plupart sont «coutumiers» et n'ont aucune valeur juridique, ce qui cause un retard ou un refus pour accorder les subventions au niveau des wilayas», affirme-t-il. Enfin, si 41.000 véhicules ont été renou-velés dont 25.000 «grands taxis» inte-rurbains et 16.000 «petits taxis» cita-dins, grâce à des mesures incitatives financières ayant mobilisé 4 milliards de dirhams du budget de l'Etat, les résul-tats n'ont touché majoritairement que les véhicules de plus de 30 ans d'âge, notam-ment les fameuses Mercedes 240, dont beaucoup sont toujours en circulation. D'après Mohamed Harak, «les accords pour les subventions doivent être accélé-rées, car certains véhicules et principale-ment la fameuse 240 sont dans un état de dégradation avancé et que les clients refusent d'utiliser». Soulignons enfin que le programme national de renouvellement des taxis vise également l'amélioration des conditions de travail et les revenus des profession-nels, la réduction de la consommation de carburant ainsi que les autres coûts d'exploitation, l'amélioration de la qualité des services, la réduction des impacts environnementaux négatifs causés par les véhicules anciens et l'amélioration de la sécurité routière. Pour atteindre ces objectifs très ambitieux, le gouver-nement a donc décidé de prolonger, une fois de plus, le programme afin, dit-il, de permettre l'achèvement du renou-vellement du parc «durant les années à venir».